Je suis artiste, musicien et manager L'Algérie est finalement là! Tout comme Rachid Briki commissaire du festival Diwane venu faire son «réseautage» en prévision de la prochaine édition, Abdou El Ksouri, guitariste et leader du groupe Djmawi Africa est aussi présent au Salon de la musique à la quatrième édition des Journées musicales de Carthage. Après s'être produit l'année dernière aux JMC en tant qu'invité d'honneur, le groupe Djmawi Africa est représenté cette année avec sa structure «Le Sous-sol» fraîchement inauguré cet été. L'Algérie aussi a son stand, tout comme le Maroc en face, ou encore l'Egypte, juste à côté. Qu'est-ce que «Le Sous-sol»? Abdou nous en parle. Les musiciens algériens mais pas que, devraient prendre note! L'Expression: Abdou El Ksouri vous êtes là en tant que représentant du groupe Djmawi Africa à la 4ème édition des JMC mais pas que... Abdou El Ksouri: Je ne représente pas vraiment le groupe mais je viens avec la structure que le groupe, a créée depuis le mois d'août dernier. On a mis en place une structure qui s'appelle «Le sous-sol». À la base c'est un studio de répétition qui se trouve à Baba Hassen. Après 12, voire 13 ans de galère, on a décidé de créer un endroit où on allait répéter. Cette structure c'est aussi une façon, entre guillemets, de nous régulariser car nous avons maintenant un registre du commerce, avant on étaient classé dans le statut d'artiste inderground. Au départ, Le Sous-sol était un studio de répétition et ensuite le projet a évolué et c'est devenu une agence artistique. L'idée est d'encadrer des jeunes formations et les faire profiter de l'expérience qu'on a eue avec les Djmawi Africa. Moi en tant que manager des Djmawi, j'ai beaucoup appris dans les métiers intermédiaires. en 12 ans, on a dû intégrer tous les métiers. Je suis artiste, musicien et manager mais on fait aussi de l'autoproduction, du booking. En fait, on a décidé de mettre à contribution nos compétences à tous les niveaux aux artistes qui veulent se développer. Quels sont les services qu'offre votre agence artistique «Le Sous-sol»? Mis à part le lieu de répétition, sur les projets qu'on sélectionne ou qu'on décide de prendre en charge et de développer, on offre déjà une direction artistique du projet, mais aussi on va les accompagner dans leur développement afin de se repositionner à l'international. C'est bien de faire la tournée des salles en Algérie, mais un projet artistique en Algérie a une durée de vie très limitée parce que le marché n'est pas assez gros pour ça. Si on n'était pas sorti avec Djmawi on aurait arrêté depuis longtemps. Il s'agit donc d'encadrer les artistes et les amener sur les marchés internationaux ou sur des festivals internationaux comme nous l'avons fait ces dernières années. Vous comptez être les agents artistiques de ces groupes? On leur met à contribution les métiers qu'on a acquis avec le temps. Nous, à l'époque, on n'avait trouvé personne pour le faire. On s'est dit qu'il y a une génération qui arrive. On a l'obligation de faire ça. L'histoire retient qu'à notre passage au Cameroun en fin 2015, on a rencontré un groupe camerounais dont je suis tombé littéralement sous le charme. On s'est rendu compte que le marché est comme le nôtre, mais cela se passe au Cameroun. Les formations africaines ou maghrébines, une fois qu'elles commencent à se positionner à l'international eh bien, le manager ne s'arrête pas. C'est neuf sur 10 un Européen. On s'est dit pourquoi ne pas se positionner en tant que manager d'un groupe qui vient d'Afrique. Dans notre catalogue, on a un groupe qui vient du Cameroun qu'on a fait tourner dernièrement au Maroc et là il va repartir là-bas et on va l'avoir bientôt en Algérie. Il s'appelle Love N Live. On fait du booking pour ce groupe-là. Pour l'instant sur le catalogue il y a nous, cette formation camerounaise est une jeune formation qui vient de Béjaïa et qui s'appelle «La Note». Je trouve qu'elle n'est pas assez connue alors qu'elle a un disque très intéressant musicalement. Pour moi, c'est l'une des meilleures sorties de ces deux dernières années. «Le Sous-sol» c'est donc une agence, à 360 degrés je dirais, car c'est un lieu où les groupes peuvent venir travailler leur musique. Nous, on peut les voir. On peut les orienter que ce soit sur le plan du management ou sur le plan du booking. Je ne suis pas le seul qui s'occupe de ça, c'est tout le groupe Djmawi. Il s'agit de professionnaliser les jeunes formations qui veulent faire ça. Quel regard portez-vous sur cet événement musical les JMC? Et par rapport à l'Algérie comment le percevez-vous? C'est très bien qu'il existe car c'est le seul festival musical qui fonctionne comme un festival de cinéma. Les groupes s'inscrivent, il y a une compétition, un jury, ensuite les groupes vont recevoir des prix. Une somme d'argent qui va leur permettre de se développer artistiquement. Le groupe Djmawi Africa a participé l'an dernier aux JMC en tant qu'invité d'honneur. On n'était pas en compétition. On a joué aussi à Sidi Bouzid, la ville d'où est partie la révolution. Ce type d'événement est très important. Le souci chez nous, est que, artistiquement, il y a beaucoup de choses qui se font, mais c'est l'encadrement qui manque. On a décidé d'être présent ici «Le Sous-sol», c'est pour être présent dans ce réseau. Car il y a un réseau qui est en train de se créer entre l'Algérie, le Maroc et la Tunisie, notamment. Encore une fois, la musique chez nous doit sortir des frontières. C'est la seule manière de progresser. Et d'évoluer artistiquement. Je reste persuadé de ça et ce sera beaucoup plus facile aux groupes de se confronter, d'être présents sur les scènes africaines ou du Maghreb que sur les scènes européennes. On a commencé à se faire connaître parmi les autres agences, notamment du Maroc, de France avec Tartine Prod, etc. On est sur le catalogue de El-Mouharek qui gère le Moyen-Orient. C'est un petit réseau qui se forme et qui va crescendo. On essaye de s'entraider tant bien que mal. Donc c'est très important d'être là. On a voulu avoir un stand pour avoir une visibilité. Je ne vois pas pourquoi l'Algérie manquerait un rendez-vous qui se passe en Tunisie en matière de musique. Il n'y en a tellement pas, qu'il faut y aller.