Cette année aucun long-métrage marocain n'est sélectionné à Cannes et pourtant le Centre cinématographique marocain entretient de très bonnes relations avec la direction artistique du festival de Cannes. L'actuel directeur du CCM, Sarim Fassi-Fihri, est pourtant un ami du cinéma français puisqu'il a permis grâce à sa société Moroccan Productions & Services (MPS) de produire et coproduire de grandes productions françaises dont «Astérix» et Obélix. Contrairement à l'Algérie et à la Tunisie, le Maroc a su développer un partenariat avec des productions étrangères, grâce notamment à son savoir-faire et à sa main-d'oeuvre pas chère mais aussi grâce ses studios et ses espaces de tournage. Le Maroc a toujours facilité les tournages de films étrangers et même locaux. En 2016, 24 tournages pour des longs-métrages étrangers ont eu lieu au Maroc. Quatre de plus qu'en 2015. Même si le budget investi au Maroc par les productions a subi un net recul, passant de 13, 4 millions d'euros à 12,9 millions d'euros, le Maroc reste une valeur sûre du cinéma arabe. Cette proximité avec les partenaires étrangers et surtout français, n'a pas favorisé une présence du cinéma marocain au festival de Cannes. Pis encore, le cinéma marocain n'a pas de chance dans les grands festivals. Malgré la présence de plus de 60 festivals nationaux et internationaux dans le pays, le Maroc reste un pays qui n'est pas sélectionnable dans les grands festivals. Contrairement à l'Algérie et plus récemment la Tunisie, qui sont sélectionnés chaque année dans les grands festivals, notamment à Cannes et à Venise. Déjà en 2013, le critique de cinéma marocain et ancien responsable du Centre cinématographique marocain (CCM), Mohamed Bakrim, a tiré le signal d'alarme: «C'est un signe révélateur de l'état de santé du secteur», indiquant que cela ne remet pas en cause la qualité de la production nationale, bien au contraire, mais il pointe du doigt son manque de «visibilité» sur la scène cinématographique internationale. Et pourtant le cinéma marocain est l'un des cinémas les plus prolifiques du Maghreb, avec 24 films marocains produits chaque année en moyenne, contre cinq pour l'Algérie et trois à cinq pour la Tunisie. La bonne santé de la production locale a néanmoins freiné la coproduction internationale, qui est de mise pour la participation aux festivals. Seul Nabil Ayouch, avec ses relations avec les aides cinématographiques françaises arrive à se frayer un chemin au festival de Cannes. C'est d'ailleurs avec lui que le Maroc s'est retrouvé en sélection à Cannes en 2012 dans la catégorie Un certain regard. Depuis, il n'y a eu que «Divines» de Houda Benyamina mais là encore, ce n'est pas un film marocain mais français, puisque le CCM n'a pas participé à sa production. [email protected]