Abdelmalek bouchafa (ffs) , Mohcen belabbas (rcd) Désormais, «la première force politique» dans la wilaya de Tizi Ouzou, ce n'est ni le FFS ni le RCD, ce sont plutôt les 82, 60% de citoyens inscrits qui ne se sont pas exprimés en ce jeudi 4 mai. Cette fois-ci, les 15 sièges de l'APN impartis à la wilaya de Tizi Ouzou ont été répartis sur pas moins de cinq partis politiques et deux indépendants. Ce qui signe, une fois pour toutes la fin de la bipolairité FFS-RCD qui a pendant longtemps dominé dans la wilaya. En effet, depuis que des élections plurielles sont organisées en Algérie, la part du lion est toujours revenue au FFS et au RCD avec des miettes pour le FLN et le RND quand ces deux partis parvenaient à arracher quelques sièges. Mais cette fois-ci, aucun parti n'a pu s'imposer à lui seul dans la wilaya. Aucune formation politique ne peut, non plus, se prévaloir d'être la première force politique en Kabylie, comme cela fut le cas dans le passé. A tour de rôle, le FFS et le RCD se sont toujours présentés comme étant les premières forces politiques en Kabylie, se permettant ainsi de s'exprimer au nom de la population de toute la région. Désormais, «la première force politique» dans la wilaya de Tizi Ouzou, ce sont les 82, 60% de citoyens inscrits qui ne se sont pas exprimés en ce jeudi 4 mai. Le taux d'abstention dans la wilaya de Tizi Ouzou est tout simplement effarant. Il est encore plus fort que lors des élections législatives de 2012, malgré que le RCD n' y avait pas particpé et que cette fois-ci, il y a pris part. Mais, il fallait s'y attendre un peu compte-tenu de la morosité inédite ayant caractérisé la campagne électorale du début jusqu'à la fin. Même la venue des chefs des partis politiques en lice n'a pas permis de donner un coup de fouet à la campagne. Jusqu'à un passé très récent, le FFS et le RCD ayant été les partis majoritaires dans la wilaya, on peut donc tirer la conclusion que cette forte masse d'abstentionnistes est constituée, en majorité, de déçus de ces deux formations politiques. Ces dernières sont aux antipodes de ce qu'elles étaient au lendemain de l'ouverture démocratique de 1988, à tous points de vue. Les centaines de milliers de militants et de sympathisants que comptaient ces deux partis ont fini tous par se retirer progressivement. Depuis la première grande saignée ayant eu lieu après les élections législatives de 1997 jusqu'à celle enregistrée à la veille de la conception des listes pour les récentes législatives, le FFS et le RCD se sont vidés aussi bien de leur consistance militante et sympathisante que de leurs cadres et dirigeants. Il suffit, par exemple, de rappeler que tous les membres fondateurs du RCD ont soit claqué la porte du parti, soit ils ont été exclus de ce dernier. Le constat est le même s'agissant du FFS dont la quasi-totalité des premiers secrétaires ont quitté le parti ou ont pris le recul pour diverses raisons. Ne pouvant plus faire confiance à leurs partis respectifs le réservoir électoral du FFS-RCD s'est retrouvé devant une impasse. Surtout quand on sait que les autres listes présentées à Tizi Ouzou ne peuvent pas non plus séduire cet électorat sincère. Deux listes sont celles des partis au pouvoir, le FLN et le RND et deux autres sont conduites par deux candidats indépendants, dissidents du RCD et du FFS. Aucun parti politique n'a réussi à conquérir et à récupérer ainsi le capital électoral du FFS et du RCD qui constitue désormais ce qui est généralement appelé, en Algérie, la majorité silencieuse.