L'Afrique subsaharienne, à elle seule, devrait voir sa demande en énergie croître de 80% d'ici 2040 «Il n'est pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va.» Sénèque Cette semaine nous avons eu les élections législatives qui se sont déroulées avec un taux de participation inférieur à 40%. Ce qui dénote qu'on le veuille ou non une désaffection des citoyens pour ces élections en termes d'importance et d'impact sur la vie de tous les jours et plus encore sur l'avenir de nos enfants qui eux seront là pour vivre 2030, voire 2050 dans les pires conditions si nous ne faisons rien pour leur assurer un viatique qui ne peut être consistant que si nous prenons les décisions qui s'imposent concernant la nécessité d'aller vers le Développement humain durable qui est de mon point de vue pas pris en charge dans ce que nous faisons actuellement. Quelles énergies dans le monde pour 2030-2050? «Le monde de 2030 et plus encore de 2050 sera un monde de moins en moins carboné pour deux raisons, les énergies fossiles - exception faite du charbon-sont sur le déclin. Il y a de moins en moins de découvertes et les coûts d'exploitation seront de plus en plus importants. La deuxième raison autrement plus dangereuse est que les changements climatiques vont imposer leur tempo en termes de conséquences néfastes surtout pour les pays vulnérables qui n'ont pas la parade. L'Algérie est du nombre, elle perd chaque année des dizaines de millions de dollars suite aux inondations, à l'avancée du désert, au stress hydrique qui nous fait entretenir des usines de dessalement à 100 DA le m3 offerts aux citoyens dix fois moins cher, mais aussi les rendements de céréales qui font que deux tiers du blé consommé provient de l'étranger.» (1) «Une étude de la Société de conseil spécialisée dans la transition énergétique nous apprend: «En 2050, les économies émergentes et en développement, Brics en tête, seront les pays moteurs de la transition énergétique. D'après l'Agence internationale de l'énergie, la croissance de la demande mondiale en énergie sera, dans les prochaines décennies, portée aux deux tiers par les pays hors Ocde, aux dynamiques économique et démographique nécessairement demandeuses d'énergie. L'Afrique subsaharienne, à elle seule, devrait voir sa demande en énergie croître de 80% d'ici 2040, tirée par un doublement de la population. Les besoins sont déjà immenses: 1,3 milliard d'êtres humains sans accès à l'électricité et 2,6 milliards sans accès à des technologies modernes de cuisson et de chauffage en 2015. Et ils ne feront qu'augmenter, mettant l'accès à l'énergie au coeur des défis du XXIe siècle. Tandis que les pays développés déjà fortement consommateurs d'énergie engagent à des rythmes différents une réflexion ou une action de réorientation de leurs systèmes énergétiques.» (1) «(..) Les leaders mondiaux de nouveaux systèmes énergétiques sont fondés sur les énergies renouvelables et sur des modèles de production et de consommation beaucoup plus décentralisés.. Tandis que la Chine est déjà le pays champion du solaire L'accès à l'énergie est une des clés du développement, du progrès économique, social et humain, ce qui justifie déjà les efforts qui y sont consacrés. C'est aussi et surtout une opportunité unique d'innover et de créer les technologies et les modèles d'affaires du futur monde de l'énergie.» (1) Pour Jean-Louis Schilansky président du Centre des hydrocarbures non conventionnels: «Le début du XXIe siècle connaît une période inédite d'abondance et de diversité énergétique, marquée par d'importantes avancées technologiques dans la production d'énergie. Les développements les plus notables concernent l'essor des énergies renouvelables et des ressources d'hydrocarbures non conventionnels, en particulier de pétrole et de gaz de schiste en Amérique du Nord. La demande d'énergie de l'Inde pourrait avoisiner celle des Etats-Unis alors qu'elle est actuellement trois fois plus faible. Dans ce nouveau paradigme, l'amélioration de l'efficacité énergétique et la transition vers des énergies moins carbonées seront des enjeux majeurs. (..)Pour répondre aux défis climatiques, nombre de pays devraient faire évoluer significativement leurs mix énergétiques, avec des substitutions entre sources d'énergies. La demande de gaz naturel devrait en effet connaître une croissance soutenue du fait de sa flexibilité et de sa «performance» en termes d'émissions de CO2. Le gaz non conventionnel, notamment gaz de schiste, devrait représenter un tiers de la production mondiale de gaz naturel en 2040. (...) Le pétrole restera également une source d'énergie essentielle, notamment pour le transport et la pétrochimie. Au global, il apparaît qu'à l'horizon 2050, le mix énergétique aura été redéfini par les conditions économiques de production, les innovations technologiques et les politiques publiques visant à réduire les émissions de CO2 Le chemin reste difficile à décrire, mais le développement des hydrocarbures non conventionnels et des énergies renouvelables est déjà en train de redéfinir la donne énergétique mondiale. L'avenir de l'énergie est électrique et «durable» La vision de Jean-Bernard Lévy président-directeur général d'EDF fait appel surtout à l'électricité: «L'électricité accompagne l'ère digitale. Elle est l'une des principales solutions permettant de lutter contre les émissions de gaz à effet de serre et donc contre le réchauffement climatique. L'électricité constitue l'un des leviers majeurs du développement économique et social. C'est ce qui permet d'affirmer que notre avenir est électrique.» (3) Même approche de Olivier Appert président du Conseil français de l'énergie: «Le secteur énergétique présente une très grande inertie: les divers scénarios à long terme mettent en évidence un certain nombre de fondamentaux de la transition en cours: la consommation d'énergie par habitant devrait atteindre un pic durant la décennie 2030. La part de l'électricité dans la consommation finale d'énergie va croître. Le Conseil mondial de l'énergie prévoit que la consommation d'électricité double d'ici 2060; la production d'électricité solaire et éolienne devrait croître de façon importante dans tous les pays du monde. L'avenir de la consommation d'énergie du secteur du transport constitue un défi majeur. La solution passera par la poursuite des progrès technologiques, mais aussi par le développement de sources d'énergies alternatives: biocarburants, gaz, électricité, etc.; la limitation de l'augmentation de température en dessous de 2°C reste un défi majeur.» (4) Jacques Percebois professeur émérite à l'université Montpellier I insiste sur l'avenir électrique de la planète: «Le recours au vecteur électrique, écrit-il, est partout très développé et la part des renouvelables dans le bilan électrique mondial dépasse 33% (hydraulique, solaire, éolien et biomasse), un chiffre sensiblement supérieur au poids du gaz naturel (25%). La part du nucléaire s'est stabilisée à 20% grâce aux SMR (Small Modular Reactors); le reste de l'électricité est produit avec du charbon, en partie du «clean coal» (22%). L'électricité est indispensable pour faire fonctionner tous les objets «connectés», ce qui explique que sa part dans le bilan énergétique final ait augmenté (40% contre 26% en 2016). (5) Il insiste aussi sur la locomotion électrique: «La part des véhicules électriques a bondi depuis que des progrès spectaculaires ont été faits dans les batteries. On trouve maintenant des véhicules totalement autonomes, mais la réglementation en vigueur les a limités à des déplacements en ville. Certes, il existe des véhicules fonctionnant au gaz naturel, mais leur place reste modeste et ce sont principalement des véhicules utilitaires. Les véhicules fonctionnant aux produits pétroliers sont de moins en moins nombreux, bien que de gros progrès aient été faits au niveau des émissions de gaz à effet de serre. Mais c'est dans l'habitat que le rôle de l'électricité s'est affirmé: la domotique permet de gérer à distance toutes les fonctions des appareils utilisateurs (chauffage, sécurité, programmation optimale des équipements en fonction du prix observé sur le marché de l'électricité etc.). Le transport est devenu largement durable: interdiction des véhicules à essence en ville, développement des tramways, mobylettes et vélos électriques et bien évidemment véhicules électriques en libre-service. Pour le transport des marchandises, on utilise de plus en plus le train et les cours d'eau ainsi que les véhicules fonctionnant au gaz naturel. De gros efforts ont été faits dans le transport aérien pour réduire les émissions de CO2.» (5) La vision des écologistes et climatologues Pour Bruno Rebelle directeur de l'agence de conseil en développement durable Transitions 2050, si loin, si proche! Pour lui la COP21, en décembre 2015, a incontestablement marqué un tournant dans la mobilisation internationale pour le climat (..) Les exportateurs commencent eux à comprendre la fragilité de leur économie trop dépendante du pétrole. La baisse des prix les éreinte dans l'immédiat et l'épuisement de la ressource, qui ne sera que très partiellement compensée par une nouvelle flambée des prix, met en péril la pérennité de leur modèle économique. (...). Bruno Rebelle cite l'exemple de la Chine qui a décidé d'investir à marche soutenue dans les énergies renouvelables: «Ainsi en Chine, ce ne sont pas moins de 344 milliards d'euros qui vont être consacrés aux énergies renouvelables d'ici 2020. Il s'agit de disposer de 210 gigawatts de capacités électriques éoliennes et de 110 GW de capacités solaires à cet horizon. Pour la seule année 2016, le pays a doublé ses capacités de production dans le solaire pour atteindre une puissance de 77 gigawatts (dépassant l'Allemagne qui était le champion de cette technologie avec 39,7 GW installés en 2015.)» (6) Dans tous ces scénarii, l'aspect climat a été évoqué à la marge. Pour Hervé Le Treut, climatologue, directeur de l'Institut Pierre-Simon Laplace: «Le premier mot qui vient à l'esprit est celui d'urgence. Cette urgence est d'autant plus grave qu'elle se présente de manière cachée. Il y a 30 ans, 6 milliards de tonnes de carbone étaient émises annuellement dans l'atmosphère sous forme de CO2 résultant de la combustion du charbon, du pétrole et du gaz naturel. Le rythme annuel d'émissions à l'heure actuelle est désormais de 10 milliards de tonnes. Or, si une moitié de ces émissions est captée de manière rapide par la végétation et les océans (en produisant une acidité des océans qui contribue à fragiliser les massifs coralliens et la biodiversité exceptionnelle qu'ils abritent), l'autre moitié crée dans l'atmosphère une augmentation de la teneur en CO2 qui met très longtemps à s'effacer: pour toutes les personnes qui ne sont pas encore centenaires, l'impact des émissions de leur année de naissance sur la teneur atmosphérique en CO2 est encore présent pour plus d'une moitié. (..) Ce que disent maintenant les modèles, c'est qu'à ce rythme, et compte tenu des autres gaz à effet de serre, à peine plus de 20 ans d'émissions seront suffisantes pour qu'il devienne très peu probable de rester sous la barre des 2°C de réchauffement Pour cela, il faudrait au contraire enclencher une réduction massive des émissions de CO2 de 40 à 70% en 2050, jusqu'à les supprimer complètement avant la fin du siècle. Un deuxième mot important sur lequel j'insisterai est celui de complexité. Le changement climatique entrera en résonance avec une très grande variété d'enjeux et il faudra faire face à des risques multiples, liés les uns aux autres: problèmes climatiques, nous venons de le voir, mais aussi problèmes de biodiversité, problèmes de pollutions irréversibles, auxquels s'ajoutera constamment une interrogation essentielle: comment faire vivre ensemble plus de 7 milliards d'humains sans conflits majeurs. Le rôle de l'éducation sera fondamental, comme le sera aussi la définition de lieux de débats et de réflexion qui n'existent pas aujourd'hui au niveau nécessaire.» (7) Le moins que l'on puisse dire est que nous avons plusieurs contraintes! A l'instar des pays développés, il nous faut sans tarder mettre en place une stratégie audacieuse. Un mix énergétique à 50% renouvelable. Le modèle énergétique part du principe du Développement durable qui est de laisser un viatique aux générations de 2030. Pour cela il faut freiner drastiquement la consommation d'énergie fossile par une rationalisation de l'énergie, mais aussi de l'eau, mettre en place les 3R (récupération, recyclage et réutilisation des déchets), le traitement des eaux usées, l'exploitation des forêts et surtout sortir des carburants thermiques. Et en Algérie? Un mix énergétique à 50% économiserait 88 milliards de dollars d'ici à 2030 Au total, sur les 12 ans à venir, le gain serait entre 109 et 246 milliards de m3, soit 39 à 88 milliards de dollars, ajoutera-t-il. De plus, 6,3 milliards de litres d'essence peuvent être économisés avec l'introduction du gaz de pétrole lubrifié (GPL) et un million de voitures électriques. Quant à l'exploitation des produits de la forêt, elle permet d'économiser 400 000 Tep (Tonne équivalent pétrole) par an ou encore 3 millions de barils de pétrole par an, «tout devrait être récupéré, recyclé C'est une transition vers le développement humain durable qui repose sur une stratégie énergétique qui devra être flexible et constamment adaptable. Cette nouvelle vision, devrait être bien expliquée au citoyen, pour qu'il adhère au développement des énergies nouvelles et renouvelables (EnR). Le Sahara est une véritable pile électrique et la mobilité électrique remplacera graduellement la mobilité thermique. De plus, l'application graduelle des prix réels de l'énergie est une nécessité absolue. Développement durable et mobilité électrique sauveront l'avenir énergétique du pays. Le diesel est devenu un véritable ennemi énergétique, car en même temps que le règne du diesel touche à sa fin, un autre marché émerge avec la montée en puissance des véhicules hybrides et électriques. la disparition progressive du parc automobile diesel et l'avènement des véhicules électriques va bien finir par se produire. Les experts comptent environ 15 ans pour le renouvellement du parc automobile La consommation annuelle des carburants pourrait enregistrer une baisse de 25% dans les 15 ans à venir. Une perspective qui pourrait complètement changer la donne sur le marché mondial des carburants. Il y aura 25% de demande de carburants en moins ce qui indique que des dizaines de raffineries vont fermer de par le monde. Pour cela il faut aller vers la mobilité électrique...: «On peut imaginer des villes nouvelles au Sahara avec de l'eau et de l'énergie permettant les activités agricoles, une transsaharienne du rail et des camions électriques.» C'est à se demander en définitive, si l'Algérie a intégré toutes ces données. Nous qui envisageons de construire quatre raffineries, qui auront un double problème. Il n'est pas sûr que les quantités de pétrole extraites suffiront à la fois pour la consommation interne et pour l'exportation (nous importons déjà 20% des carburants). De plus, la mobilité électrique fait que d'ici une quinzaine d'années le diesel va disparaître au profit principalement du tout-électrique et même les véhicules à essence connaîtront un déclin. Qu'avons-nous comme stratégie dans ce domaine? Que faisons-nous du GPL sirghaz que nous n'arrivons pas à commercialiser du fait d'une mauvaise prise en charge au niveau du financement du kit GPL et d'une publicité inexistante. Pourquoi ne réservons-nous pas le pétrole uniquement aux usages nobles que sont la pétrochimie? C'est tout cela qu'il faut revoir si nous voulons avoir une visibilité pour les 15 prochaines années. Il paraît urgent de changer le fusil d'épaule. Nous devons prendre le train du progrès en formant, à l'école l'écocitoyen de demain puis en mettant en place un bac du développement durable et en invitant les nouveaux métiers du Développement humain durable dans la formation professionnelle et à l'université», «nous avons une fenêtre de quelques années pour pouvoir mettre en oeuvre une politique volontariste basée sur une sobriété énergétique». 1.http://www.connaissancedesenergies.org/perspectives-energies-2050/enea-consulting 2.http://www.connaissancedesenergies.org/perspectives-energies-2050/jean-louis-schilansky 3.http://www.connaissancedesenergies.org/perspectives-energies-2050/jean-bernard-levy 4.http://www.connaissancedesenergies.org/perspectives-energies-2050/olivier-appert 5.http://www.connaissancedesenergies.org/perspectives-energies-2050/jacques-percebois 6.http://www.connaissancedesenergies.org/perspectives-energies-2050/bruno-rebelle 7.http://www.connaissancedesenergies.org/perspectives-energies-2050/herve-le-treut?utm_source=newsletter&utm_medium=fil-info-energies&utm_campaign=newsletter/le-fil-info-energies-05-mai-2017