Conjurer la malédiction du containeur.. Amen! «Si vos projets portent à un an, plantez du riz. A dix ans, plantez un arbre. A cent ans, éduquez un enfant» Lao Tseu, philosophe 500 av. J.-C. Le monde va mal!La Terre se réchauffe et les évènements climatiques sont de plus en plus violents et récurrents. Les premiers à en souffrir sont les pays vulnérables au premier rang desquels les Etats insulaires qui n'arrêtent pas d'appeler à l'aide. Parmi les centaines de causes toutes dues à la culture de l'éphémère, l'obsolescence programmée, la boulimie. En tout, deux paramètres à titre d'exemple sont à signaler. Le gaspillage de nourriture: ainsi selon la Commission européenne, l'origine du gaspillage dans les pays de l'Union européenne proviendrait pour 42% des ménages, pour 39% de l'industrie agroalimentaire. Les Français jettent 20 kilos d'aliments par an, dont 7 kilos encore emballés. Dans ce cadre, la viande bovine est un scandale en termes d'aggravation de l'effet de serre: «La production de viande de boeuf induit un coût environnemental bien plus élevé que celle de volaille, de porc ou de toute autre source de protéines animales, révèle une étude aux Etats-Unis. Pour élever un boeuf, il faut une surface 28 fois plus étendue que pour produire des oeufs ou de la viande de volaille, rapporte cette étude parue dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). De même, il faut 11 fois plus d'eau pour irriguer les champs (...) Les boeufs émettent aussi cinq fois plus de gaz à effet de serre que les autres animaux. Au total, l'élevage de bétail contribue à hauteur de 20% aux émissions de GES Les auteurs proposent de «réduire la consommation de viande de boeuf.» (1) Paris 2015, dernière chance pour la planète? «L'humanité écrit Jeffrey David Sachs est un éminent économiste américain. Directeur de l'Earth Institute, professeur de développement durable, et de gestion de la santé à l'université de Columbia, a peut-être trop tardé à réagir au changement climatique. Les chercheurs scientifiques ont bien indiqué qu'une augmentation des températures de 2o Celsius par rapport aux niveaux préindustriels placerait la Terre dans une dangereuse posture. Cette chance repose sur Paris où les chefs de gouvernements de la planète se réuniront en décembre 2015 pour le 21ème Sommet de l'ONU sur le changement climatique. (...)»(2) «Cette question du changement climatique est aujourd'hui la plus grande question morale de notre époque. L'usage global de combustibles fossiles menace gravement les pauvres, qui sont les plus vulnérables au changement climatique (dont les riches sont la principale cause,) et les générations futures qui hériteront d'une planète qui sera devenue invivable dans de nombreux endroits et dont l'approvisionnement alimentaire connaîtra de nombreux chocs. (...) Le pape François a récemment parlé de la notion de «préservation de la Création,» à ce propos, «parce que si nous détruisons la Création, la Création nous détruira! N'oubliez jamais cela! (...) Le contrôle du changement climatique est un impératif moral et une nécessité pratique - bien trop grave pour être laissé aux seules mains des politiques, des géants pétroliers, et de leurs soutiens médiatiques propagandistes.»(2) Ce qui se fait dans le monde pour préparer l'avenir Nous allons citer quelques stratégies de l'Union européenne et de quelques pays développés en formulant l'espoir que l'Algérie s'en inspire avant qu'il ne soit trop tard. L'exemple de l'Europe des 28 S'il y a bien un espace à prendre en exemple c'est l'Europe qui arrive à formuler des consensus avec 28 pays partenaires ayant chacun une stratégie nationale mais qui ont une utopie: construire une Europe respectueuse de l'environnement. Ainsi, la Commission européenne a complété ce mercredi 30 juillet 2014 le plan d'action de l'UE contre le réchauffement climatique en fixant un objectif de 30% pour les économies d'énergie à réaliser d'ici à 2030. «C'est une très bonne nouvelle pour le climat. Le paquet climat proposé à l'UE pour 2030 est désormais complet avec trois objectifs: réduction de 40% des gaz à effets de serre, part des énergies renouvelables portée à 27% de la consommation et 30% d'économies d'énergie. (...) L'objectif de 30% était défendu par Mme Hedegaard. Elle a reçu le soutien du prochain président de la Commission, Jean-Claude Juncker, qui a réclamé «un objectif de 30% en efficacité énergétique à l'horizon 2030», lors de son discours au Parlement européen la semaine dernière. L'UE s'est fixé trois objectifs pour 2020: réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20% par rapport aux niveaux de 1990, porter à 20% la part des renouvelables dans la consommation d'énergie et réaliser 20% d'économies. Tous trois sont pratiquement réalisés. Les nouveaux objectifs pour 2030 représentent la contribution de l'UE en vue du sommet mondial sur le climat qui sera organisé en décembre 2015 à Paris. Ils sont jugés insuffisants par les organisations écologistes. (3) La stratégie énergétique de la Chine Pays de la démesure, mais aussi de la pondération millénaire, la Chine est le premier consommateur d'énergie, bien que le Chinois consomme en moyenne cinq fois qu'un Américain qui est à près de 8 tep/hab/an. Pour la Chine, l'augmentation de la concentration de CO2 est due aux pays occidentaux. Les émissions de CO2 par habitant sont beaucoup plus faibles en Chine que dans l'Union européenne ou aux Etats-Unis. En novembre 2009, la Chine s'est officiellement engagée à réduire ses émissions de CO2 par rapport au PIB de 40-45% par rapport au niveau de 2005 et à amener la part des énergies non fossiles dans la consommation d'énergie primaire de 15% en 2020. Le 11e Plan quinquennal (2006-2010) comportait plusieurs programmes pour économiser l'énergie et diminuer les émissions de gaz à effet de serre Les objectifs étaient d'économiser 1700 millions de tonnes de charbon et d'éviter l'émission de 4300 millions de tonnes de CO2 pendant la durée du Plan. La Chine est l'un des principaux bénéficiaires du programme «mécanisme de développement propre» issu du Protocole de Kyoto. Il lui a permis de moderniser plus rapidement sa production d'énergie et de réduire les émissions de près de 1.5 milliard de tonnes de CO2.» (4) Les trois objectifs du 12e plan quinquennal sont contraignants:? Réduire l'intensité énergétique de 16% en 2015 par rapport à 2010.? Réduire les émissions de CO2 par unité de PIB de 17% en 2015 par rapport à 2010.? Augmenter la part des énergies non fossiles dans la consommation d'énergie primaire de 8,6% en 2010 à 11,4% en 2015 et 30% de la capacité électrique installée (soit 450 GW) en 2015. Le plan prévoit un plafonnement de la capacité de production de charbon à 4,1 Gt et une production limitée à 3,9 Gt en 2015. Le plan prévoit une croissance de la production de gaz à 156,5 Gm3 en 2015. Compte non tenu des importations à partir de la Russie 450 milliards de m3 sur 30 ans.»(4) Dans le domaine de l'électricité, les capacités électriques installées devraient s'accroître de 9% par an en moyenne et atteindre 1 490 GW en 2015, contre 970 GW en 2010. La part des énergies non fossiles atteindrait 30%, soit une capacité de 450 GW. Un effort particulier est porté au développement du nucléaire. La capacité installée doit atteindre 40 GW en 2015, contre 11 GW en 2010. L'accroissement le plus significatif, en termes relatifs, est celui des énergies renouvelables: éolien et solaire. Il est prévu que les capacités de production d'électricité à partir du vent augmentent en moyenne de 26,4% par an à 100 GW en 2015 (31 GW en 2010). Pour rappel, elles viennent d'atteindre les 60 GW fin 2012.»(4) La stratégie énergétique américaine Le secteur de l'énergie est marqué par la prépondérance des combustibles fossiles (78,7% de la production d'énergie primaire et 81,9% de la consommation d'énergie primaire en 2013): pétrole (19,3% de la production, 36,1% de la consommation), de charbon (24,7% et 18,5%) et de gaz naturel (34,6% et 27,4%). Le nucléaire assure 10,1% de la production, couvrant 8,5% de la consommation; les énergies renouvelables fournissent 11,2% de la production, couvrant 9,4% de la consommation. Du fait d'un boom ou d'une bulle? Les Etats-Unis pensent qu'entre 2017 et 2020, ils deviendront le premier producteur de pétrole du monde. Dès 2015, ils produiront davantage de gaz que la Russie.» (5) «Il résulte principalement de l'exploitation nouvelle des pétroles de schiste dans le Dakota du Nord, la Californie et la Pennsylvanie. L'autosuffisance des Etats-Unis atteint déjà 85% et connaît une hausse accélérée ces dernières années. Dès 2030, ils devraient satisfaire leur consommation interne en carburants et même devenir un exportateur net de pétrole. L'Agence américaine pour la protection de l'environnement (EPA) a proposé un plan de réduction des émissions de CO2 des installations de production d'électricité, appelé le plan ́ ́électricité propre ́ ́. Ainsi, ce plan, proposé dans le cadre du Plan climat présenté par Barack Obama le 25 juin 2013, fixe un objectif de réduction de 30% d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005.»(5) S'agissant des gaz de schiste, les réserves prouvées de gaz de schiste constituaient 13,4% des réserves totales du pays (...) Les estimations des réserves de gaz de schiste connaissent des fluctuations de grande ampleur: dans ses prévisions 2011, l'EIA a plus que doublé ces réserves, de 10.000 milliards de m3 à 23.400 milliards de m3, puis en 2012 les a ramenées à 13.600 milliards de m3. Les techniques de fracturation sont notamment exploitées dans les régions du Barnett Shale au Texas et de l'Antrim Shale au Michigan. Début 2011, 493.000 puits de gaz de schiste sont en exploitation aux Etats-Unis dont 93.000 puits au Texas ceux-ci représentant en 2012 environ 25% de la consommation de gaz dans le pays Cette augmentation de la production a fait plonger les prix sur le marché spot, sous les 2 dollars américain le Mmbtu (million British thermal unit) en 2012, soit un record depuis 2002, contre presque 14 dollars en 2005. Mais la contestation monte: un sondage effectué par l'institut américain Pew Research Center en septembre 2013 révèle que 49% des américains sont opposés désormais à l'extraction par fracturation, contre 38% en mars 2013.» (5) En 2013, la production de gaz de schiste a plafonné; les grandes compagnies pétrolières (ExxonMobil, BP, Total, Shell, ENI...), qui avaient succombé trop vite à l'appât du gain, y ont englouti des sommes considérables avant de réduire la voilure et de réorienter investissements et appareils de forage vers les régions où l'on a découvert des condensats (gaz liquides) et du pétrole de schiste - bien mieux valorisés sur le marché; au 1er semestre 2013, les investissements en Amérique du Nord dans le pétrole et le gaz non conventionnel sont tombés à 26 Mds $ contre 54 Mds $ au 1ersemestre 2012. De plus, les prix du gaz de schiste ont connu une forte remontée en 2013: en décembre 2013, les prix des contrats à terme pour le mois suivant étaient à 4,28 $/MBtu contre 3,44 $/MBtu en décembre 2012, soit +24%» (5) Ce qui veut dire que le feuilleton du gaz de schiste n'est pas terminé. La transition énergétique en France La France avait déjà élaboré le Grenelle de l'environnement. Dans ce nouveau plan, elle va plus loin: «Diversification et efficacité: le projet de loi sur la transition énergétique, en France, a pour ambition de faire de la France un pays plus économe en énergie et moins dépendant des énergies fossiles et du nucléaire. Les grandes lignes du texte ont été dévoilées le 18 juin par la ministre de l'Ecologie et de l'Energie, Ségolène Royal, à l'issue d'un an et demi de travaux préparatoires (débat national, consultation du Conseil national sur la transition écologique, expertise juridique, arbitrages entre ministères, etc.). Plusieurs grands objectifs y figurent: réduire la consommation finale de 50% en 2050 par rapport à 2012, la consommation des énergies fossiles de 30% en 2030, parvenir à 32% d'énergie renouvelable en 2030 (contre 13,7% en 2012) et diminuer de 40% les gaz à effet de serre à l'horizon 2030 (référence 1990). La baisse du recours aux énergies fossiles doit aussi permettre de continuer à réduire les gaz à effet de serre et lutter contre la pollution atmosphérique.» (6) «Cette ambition nécessite une diversification des sources de production et de gros progrès en matière d'efficacité énergétique, dans le bâtiment (44% de la consommation nationale) comme dans les transports (32%). Le texte cite la rénovation thermique des bâtiments? les transports électriques (prime à la conversion, multiplication des points de charge, conversion des flottes de l'Etat), le développement des énergies renouvelables (bois, biomasse, méthanisation, éolien off-shore).» (6) Que fait l'Algérie? Plus que jamais? nous devons nous déterminer, s'il est important de rentrer dans la compétition pour garder ses parts de marché concernant les énergies fossiles, par des investissements réfléchis, cela ne nous exonère pas d'aller vers une transition énergétique beaucoup plus audacieuse que les mesurettes prises çà et là d'une façon asynchrone en l'absence d'une stratégie d'un cap qui en a plusieurs. J'ai la conviction que le plus grand gisement d'énergie c'est celui des économies d'énergie et plus largement de la sobriété en tout. Nous ne pouvons continuer à gaspiller d'une façon débridée le pain, l'électricité, les carburants, le gaz, l'eau. Cela ne va pas durer! Dans ce cadre, il aurait été plus rationnel qu'en premier lieu, que le ministère par qui le gaspillage arrive, s'attelle dans la durée à rationaliser les importations. C'est de loin plus important pour le pays que de faire miroiter le canular de l'OMC! A des degrés divers tous les départements ministériels sont concernés (énergie, eau, environnement, système éducatif...) S'agissant de l'utopie des gaz de schiste, il est fort probable qu'en plus de tous les dangers liés à son exploitation avec les techniques actuelles, le gaz de schiste soit une bulle qui éclatera. Il ne faut de ce fait pas se lancer tête baissée dans cette aventure sans lendemain, sinon celui de compromettre définitivement l'aventure des générations futures. Attendons et veillons. C'est donc encore et toujours un appel à ne pas attendre pour mettre en place cette transition énergétique qui est de loin pérenne car elle redonnera de la fierté, qui va renouer avec la création de richesse par un travail aussi modeste soit-il mais qui permet à l'Algérie de conjurer la malédiction du containeur... Amen! 1. http://www.goodplanet.info/actualite/2014 /07/22/le-boeuf-source-de-proteines-qui-coute-cher-lenvironnement/#sthash. KN7xecYN.dpuf 2.http://www.goodplanet.info/debat/2014/06/05/le-sommet-sur-le-climat-de-paris-en-2015-sera-notre-derniere-chance-pour-planete-sure/#sthash.wkptqi1x.dpuf 3. http://www.goodplanet.info/actualite/2014/07/24/climat-bruxelles-appelle-lue-realiser-30-deconomies-denergie-dici-2030/#sthash.8DFj9vKP.dpuf 4. http://www.ihest.fr/IMG/article_PDF/article_a904.pdf 5. Bilan énergétique des Etats Unis: Encyclopédie Libre Wikipédia 6. http://www.goodplanet.info/actualite/2014 /07/30/loi-pour-alleger-la-facture-energetique-fran-caise-le-poids-du nucleaire/?utm_source =feedburner&utm_medium=email&utm_ campaign =Feed%3A+Goodplanetinfo+%28 Les+D%C3%A9p%C3%AAches+GoodPlanet.info+%29#sthash.C2LHDvg1.dpuf