Le baril fait tanguer les stocks américains Le rééquilibrage du marché passe par la réduction des stocks et de la production du pétrole de schiste US qui plombent les cours de l'or noir. La guerre sera sans merci. Tant que le marché pétrolier continuera à être inondé par les Etats-Unis, en particulier, l'Opep pourrait fermer davantage ses vannes qu'à l'heure actuelle. Les experts n'en doutent pas. «Vu que les réserves de l'Ocde sont toujours au-dessus de leur moyenne des cinq dernières années (objectif officiel de l'Opep), le cartel va bien devoir choisir entre des baisses de production plus profondes ou un prolongement de l'accord, non seulement au deuxième semestre, mais au-delà...», ont estimé les analystes de PVM. La production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et celle de 11 de ses alliés a été réduite de près de 1,8 million de barils par jour depuis le 1er janvier 2017 pour permettre aux cours de l'or noir en nette perte de vitesse depuis la mi-juin 2014 de rebondir. Une décision qui avait été prise le 10 décembre 2016. Elle a fait écho à l'accord historique conclu à Alger le 28 septembre de la même année dans le cadre d'un sommet de l'Opep qui s'est tenu en marge du 15ème Forum international de l'Energie. L'Opep ciblait les réserves américaines. Le rééquilibrage du marché passe par la réduction des stocks et de la production du pétrole de schiste US qui plombent les cours de l'or noir. L'organisation a mis la machine en marche. Une option qui a apparemment donné ses fruits. Les réserves de brut US ont baissé pendant cinq semaines sans interruption. Pour la toute récente qui s'est achevée le 5 mai, les stocks ont reculé de 5,2 millions de barils. Celles de l'essence de 200.000 barils et celles des produits distillés de 1,6 million de barils. «C'est la plus forte baisse des réserves de brut depuis le début de l'année. Malgré les craintes des marchés, qui pensent que l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) ne parviendra pas à écluser les réserves mondiales en baissant sa production, il est clair qu'à de rares exceptions, les réserves sont en baisse depuis leur plus haut atteint début février», a fait remarquer Joshua Mahony, analyste chez IG. La contre-attaque du Cartel donne malgré tout des signes d'essoufflement, parasitée par la reprise de la production du pétrole de schiste aux Etats-Unis. Et cela se répercute inévitablement sur les prix. Les cours de l'or noir qui évoluaient autour de 27 dollars à la mi-janvier 2016 ont bondi à plus de 58 dollars à Londres et au-dessus des 54 dollars à New York, le 3 janvier 2017, avant de clôturer la semaine dernière sous la barre des 50 dollars. C'est à nouveau l'alerte rouge. «La poursuite du rééquilibrage du marché pétrolier d'ici à la fin de l'année nécessitera un effort collectif de tous les producteurs de pétrole pour accroître la stabilité du marché», a indiqué l'Opep dans son rapport mensuel publié jeudi dernier. Et ce, «pas uniquement au profit de chacun des pays, mais aussi pour la prospérité générale de l'économie mondiale», a-t-elle ajouté. Les «14» tablent sur une production encore plus élevée que prévu en 2017, essentiellement aux Etats-Unis. Alors qu'un repli des stocks et l'amélioration de l'économie mondiale devraient soutenir la demande de pétrole, soulignent-ils. L'offensive sera lancée le 25 mai. L'Opep et ses alliés annonceront certainement la prolongation de leur baisse de 1,8 million de barils par jour pour six mois. L'Algérie est déjà dans les starting-blocks. Sa position a été réaffirmée le 10 mai à Baghdad lors de la rencontre du ministre de l'Energie, Noureddine Boutarfa, avec son homologue irakien, Jabbar al-Aluaibi. Des informations que le marché semble avoir bien intégrées. Les cours de l'or noir ont repris des couleurs. «Le pétrole a également été soutenu par l'enchaînement d'annonces de ministres du pétrole de certains pays de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de Pétrole) qui soutiennent un renouvellement des baisses de production», a ajouté Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com. Vers 11h00 à Alger, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet se négociait à 50,72 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres. Une baisse de 5 cents par rapport à la clôture de jeudi dernier avant d'atteindre les 51,08 dollars à 13h45 pour retomber à 50,50 dollars à 16h00. Une bonne moisson, somme toute, pour le baril qui a effacé une partie de ses pertes.