Yasseur Ameur amorce son retour en force en exposant à la galerie de Dély Ibrahim jusqu'au 27 mai. Après s'être illustré dans de nombreuses expositions à l'étranger, Yasseur Ameur qui, désormais, joue dans la cour des grands et parvient donc à exposer plus facilement son art outre-mer, est de retour chez lui, en Algérie pour une exposition des plus originales! L'artiste qui, au départ, allait à la rencontre de son public dans la rue, s'est en quelque sorte émancipé en choisissant aujourd'hui un nouveau public ou une nouvelle direction dans sa carrière. D'ailleurs plus audacieux dans ses créations, Yasseur Ameur n'a plus peur aujourd'hui d'oser ou de choquer, même en jouant sur la singularité des sujets traités. D'aucuns, frileux se contentaient d'affirmer que certaines de ses oeuvres n'avaient pas leurs places en Algérie au regard de leur non-conformisme patent et le caractère assez brut de ces visuels. Bien évidemment que c'est faux! Qu'à cela ne tienne. Nous verrons dans cette exposition ce qu'il en retourne. D'ailleurs sans trop vous dévoiler ses nouvelles créations, l'on peut vous dire d'ores et déjà que Yasseur Ameur reste fidèle à ses principes et ses engagements, puisque à la base, l'homme jaune est celui qui habille toute son imagination et ses délires désormais fertiles. L'artiste qui expose à la galerie de Dély Ibrahim jusqu'au 27 mai est aujourd'hui reconnu comme «une icône d'une jeunesse hyperconnectée et en recherche d'idéal» peut-on lire sur le communiqué de presse qui nous a été adressé. Ce qui est totalement vrai. En atteste ses créations qui jouent avec les portraits d'individus et notamment le vécu et le quotidien de ces derniers rompus notamment au réseau social comme facebook. Chez Yasseur Ameur, il y a le trait affûté et les couleurs qui font toute la différence. Pour rappel, «L'homme jaune» vient de l'expression algérienne «dahka safra» ou «rire jaune». Il exprime le regard critique de l'artiste, mais aussi la maladie de la société telle qu'il la perçoit. Il est un véritable alterego pour son créateur Yasseur Ameur, que l'on surnomme désormais du même patronyme. «Dans une société algérienne qui n'épargne pas ses artistes, son travail et son courage sont tous deux célébrés» peut-on lire encore. Aussi que ce soit le système politique, médiatique, mais aussi aux moeurs actuelles et à l'individualisme ambiant, rien n'est laissé au hasard chez Yasseur Ameur dont le nom se confond aujourd'hui avec celui de l'homme jaune. Fondu dans ses oeuvres, ce dernier est le pendant de l'autre face de notre société, voire d'un monde bouleversé, ballotté par les migrations, les guerres, les nouvelles technologies, les manoeuvres et la censure politicienne. Yasser Ameur se pose avant tout en observateur: «Les véritables artistes sont ces gens que je croise dans ces cafés populaires, moi je ne fais qu'interpréter et imager leurs expressions. Chaque tasse devient une rencontre inattendue, un personnage à découvrir et une histoire singulière à raconter. On a parfois tendance à croire qu'on est meilleur que ces petites gens que l'on croise sur nos chemins, alors que ces non-initiés à l'art sont capables d'influer intensément notre oeuvre.» avait déclaré un jour l'artiste dont le regard s'est profondément aiguisé depuis. Pour rappel, Yasseur Ameur est né en juillet 1989 à Blida, il prépare à l'université de Mostaganem, une licence en arts, obtenue en 2009 et un master en design environnement, obtenu en 2011. Il entame par ailleurs des études à l'Ecole nationale des beaux-arts de Mostaganem. L'artiste qui fait des cafés populaires son atelier par excellence, crée le personnage de «l'homme jaune» en référence au «rire jaune», rire hypocrite ou «dahka safra»; ce personnage deviendra sa signature. En 2012, il travaille comme assistant dans les ateliers de grands artistes algériens comme Denis Martinez et Ali Silem. En 2013, il obtient le 3e prix «Ali Maâchi» en peinture. Il participe régulièrement à des ateliers en plein air dans les régions reculées, au contact direct de la jeunesse et de la population, comme pour le Festival Raconte-arts en Kabylie et à Tamanrasset. En 2014, Il participe à la 3e Biennale méditerranéenne d'art contemporain d'Oran et à une résidence artistique de photographie avec Hocine Zaourar. C'est à partir de 2015, qu'il commence une carrière à l'étranger, où il ira exposer dans différents salons et foires internationales d'art contemporain en Europe. «l'homme jaune» devient une icône, ses toiles voyagent entre Amsterdam, Londres, Paris, Bruxelles et Madrid. Ses oeuvres intègrent l'exposition inaugurale du Musée d'art contemporain d'Oran Ahmed-Zabana (MoMa), en 2017. Choisir «l'homme jaune» est donc un choix de galeriste bien judicieux. Pour ceux qui ne connaissent pas encore cette galerie, il est à noter que «Seen Art Gallery» est une galerie d'art qui se veut «spécialisée dans les objets d'art». Inaugurée en mai 2016, la galerie oeuvre à la promotion de jeunes talents émergents. «La galerie propose un espace d'excellence rencontre feutré, favorisant les discussions, les échanges et un public initié venu prendre le pouls du meilleur de la création artistique. La galerie «Seen Art», a pour concept fondamental d'apporter une singularité, fraîcheur de découverte, entraînant une réflexion sur les pratiques de l'art qui l'entourent.» peut-on lire sur le communiqué de cet espace. Notons que l'affiche de cette exposition des plus décalées (rappelant la Une du magasine Paris Match) est une raison supplémentaire pour aller voir et découvrir sans plus tarder cette exposition.