Visiblement interdit en Algérie, le film A mon âge je me cache encore pour fumer de la cinéaste algérienne Rayhana sort aujourd'hui 17 mai 2017 dans les salles de cinéma de Tunis. Produit par Michelle Gavras, la femme du réalisateur grec, le film raconte l'histoire de huit femmes dans un hamam en Algérie pendant la décennie noire avec une pléiade de grandes comédiennes: la Palestinienne Hiam Abbass, les Algériennes Nadia Kaci, Biyouna, la Franco-Algérienne Fadila Belkebla, qui joua notamment dans la série de France 3 Plus belle la vie ainsi que Sarah Layssac, Nassima Benchicou, Lina Soualem, Faroudja Amazit... L'auteure, dramaturge, comédienne et cinéaste, Rayhana, est une artiste féministe et engagée qui ne mâche pas ses mots dans sa lutte permanente contre le machisme et l'intégrisme religieux, une prise de position qui lui a valu de nombreuses agressions de la part des islamistes... Après le succès de sa pièce de théâtre A mon âge je me cache encore pour fumer en 2009, Rayhana décide d'adapter l'oeuvre au grand écran, et le succès est toujours au rendez-vous. Le film qui évoque le monde intérieur des femmes dans un hammam, dénonce de manière directe les questions taboues de la société algérienne: sexe, virginité et surtout l'émancipation de la femme algérienne. Il est présenté d'une manière assez crue, ce qui a poussé la réalisatrice à ne pas le présenter en Algérie de peur des représailles. Tourner le film en Grèce, loin de l'Algérie et même loin de la France, témoigne de la peur de la réalisatrice à mettre en images cette pièce très critiquée par les islamistes et les conservateurs en Algérie. Il faut rappeler seulement que l'auteure et comédienne féministe algérienne, Rayhana, a été agressée, aspergée d'essence et insultée le 12 janvier 2010, alors qu'elle se rendait à la Maison des métallos (à Paris dans le XIe arrondissement). Selon son entourage, Rayhana a été aspergée d'essence et ses «agresseurs lui ont ensuite jeté une cigarette au visage, fort heureusement sans enflammer la jeune femme». Rayhana a essayé de présenter le film lors des Journées du film engagé à Alger, mais il n'a pas été accepté. Depuis, elle a renoncé à le présenter en Algérie, en tout cas pas dans ce contexte. Et pourtant, le film a eu beaucoup de succès en raison de son engagement politique et féministe. Sélectionné à la compétition officielle des Premières oeuvres lors des dernières Journées cinématographiques de Carthage (JCC 2016), ce film avait fait sensation auprès du public tunisien pour l'audace de ses images et des thèmes qu'il aborde. [email protected]