L'auteure et comédienne algérienne Rayhana, née à Bab El-Oued et installée en France depuis quelques années, a été agressée mardi soir à Paris alors qu'elle se rendait à la Maison des Metallos (11e arrondissement) où elle joue chaque soir dans la première pièce qu'elle a écrite en français et qui s'intitule A mon âge je me cache encore pour fumer. La jeune femme a été aspergée d'essence et insultée par ses agresseurs, qui, selon ses proches, «lui ont ensuite jeté une cigarette au visage, fort heureusement sans l'enflammer». «Cela laisse peu de doutes sur le lien existant entre cette tentative d'homicide et les représentations en cours», ont-ils ajouté. A mon âge je me cache encore pour fumer met en scène 9 femmes dans un hammam d'Alger qui évoquent sans pudeur leur rapport à la société algérienne. La préfecture de police a confirmé l'agression, mais n'a pas voulu donner de détails, une enquête ayant été ouverte. C'est la section antiterroriste de la police française qui a été chargée de l'enquête sur l'agression. Les enquêteurs ont «de fortes suspicions» sur un lien entre cette agression et la pièce jouée par la comédienne. Rayhana, 45 ans, a été placée sous protection policière. Toujours de source policière, Rayhana avait déjà été menacée verbalement le 5 janvier dernier par un homme s'exprimant en algérien. Bertrand Delanoë, maire de Paris, a exprimé sa «profonde sympathie et son amical soutien» à Rayhana. Il s'est dit «indigné par ce terrible événement, qui semble trouver son origine dans le sujet même de ce spectacle». «Je condamne avec la plus grande fermeté ces agissements d'une extrême gravité», a-t-il annoncé dans un communiqué. Le ministère des Affaires étrangères a condamné vendredi «avec la plus grande fermeté» un acte «indigne et d'une extrême gravité», et estimé que la pièce de Rayhana illustrait «la nécessité de mener un combat pour que cessent les violences faites aux femmes».