Quand il se déplace, c'est pour parler de paix là où les armes crépitent. Le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes effectuera à Bruxelles, les 22 et 23 mai 2017, une visite de travail aux institutions européennes. Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, cette visite intervient à l'invitation de Mme Federica Mogherini, Haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, vice-présidente de la Commission européenne. Au menu de cette visite, ajoute le communiqué des AE, la situation régionale, notamment au Sahel, au Sahara occidental et en Libye, ainsi que la lutte contre la radicalisation, le terrorisme et l'extrémisme violent. Il rencontrera à Bruxelles le commissaire européen en charge de l'Union de la sécurité, Julian King, ainsi que le Représentant spécial de l'Union européenne pour le Sahel, Angela Losada. Son sujet de prédilection, à savoir la déradicalisation, sera également exposé devant les membres du Comité politique et de sécurité de l'UE. En expert cette fois-ci, Messahel va développer l'approche promue par l'Algérie en matière de déradicalisation et de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent et la place de la démocratie dans cette lutte ainsi que ses efforts pour le règlement pacifique des conflits dans son environnement régional. Quand Abdelkader Messahel se déplace, c'est pour parler de paix là où les armes crépitent. Son profil sonne comme une note d'apaisement sur l'orgue des guerres. C'est parce qu'il véhicule le sacro-saint principe de la diplomatie algérienne qui donne la primauté de la solution politique dans les conflits et à la non-innervation dans les affaires internes des pays. Les zones de conflits étant essentiellement en Afrique et au Moyen-Orient, il en fait alors sa niche diplomatique. Pour s'asseoir durablement dans cette niche il faut une bonne dose d'audace et un goût du risque. Ce n'est pas ce qui fait défaut chez Messahel. En avril de l'année 2016, il prend à contre-pied le monde entier en se rendant à Damas alors sous les bombes et les batailles entre l' armée régulière du régime de Bachar Al Assad et les factions islamistes. Lors de cette visite qui a braqué les caméras du monde, il a conduit la délégation ministérielle à la réunion du Comité de suivi algéro-syrien, outre l'examen de la situation dans la région et les développements régionaux et internationaux d'intérêt commun. La visite sera marquée par la tenue de la 2e session du Comité de suivi qui sera coprésidée par Abdelkader Messahel et le ministre syrien de l'Economie et du Commerce extérieur, Hammam El-Jazairi, pour examiner les différents aspects de la coopération bilatérale et les moyens de la promouvoir. Après Damas, il brave encore une fois le risque et se rend dans l'une des plus dangereuses zones de conflits dans le monde quand depuis mai dernier il effectue des séjours dans toutes les localités libyenne, en vue de rapprocher les factions en conflit. Dans un contexte de violences entre factions rivales, la Libye sombre encore une fois dans le chaos avec la dernière attaque contre les soldats du maréchal Haftar. Nous revoilà replongés dans la haine et la vengeance. Qu'on ne s'y trompe pas. Cette attaque contre les soldats de Haftar est une relance de la guerre en Libye qui risque de donner l'alibi au promoteur de l'intervention militaire dans ce pays. Mais en dépit de l'adversité, «l'Algérie poursuivra sa mission qui consiste à accompagner les forces vives libyennes ayant marqué leur disponibilité à oeuvrer pour une solution politique», dira Messahel. 30 ans de carrière dans le dossier africain. Nommé en 1987, directeur Afrique au ministère des Affaires étrangères, si l'on a surnommé aujourd'hui Abdelkader Messahel «Monsieur Afrique» c'est parce qu'il est incontestablement le diplomate le plus imprégné de ce dossier. A cette expérience acquise au fil des ans, l'homme a le savoir-faire qu'il a forgé sur le terrain même au prix de sa santé.