Le souverain chérifien et le chef de l'Etat mauritanien ont confirmé leur participation au Sommet maghrébin des 25 et 26 mai prochains. Tripoli et le guide libyen, Mouâmmar El Kadhafi, se sont totalement investis ces dernières semaines à réunir les conditions devant permettre la tenue du Sommet de l'Union du Maghreb qui n'a pu se tenir ces dernières années pour diverses raisons. En fait, jusqu'à ces dernières heures, un doute subsistait encore quant à la présence à Tripoli du souverain chérifien et du président mauritanien. Ces doutes ont été levés hier et vendredi après la confirmation, par le Palais royal marocain et la Présidence mauritanienne, de la participation du roi Mohammed VI et du président Maaouiya Ould Sid Ahmed Taya, aux travaux du Sommet maghrébin prévu les 25 et 26 mai dans la capitale libyenne. C'est de Rabat, où il a été reçu vendredi en audience par le roi Mohammed VI, que l'envoyé spécial du leader libyen, Saïd Hefyana, a annoncé la participation du souverain chérifien, participation confirmée quelque temps plus tard par le Palais royal marocain. M.Hefyana arrivait de Nouakchott où il a été également reçu en audience par le président Ould Taya qui lui a confirmé sa venue à Tripoli. Un sommet maghrébin est en attente d'organisation depuis 1994, dernier sommet à Tunis ; des tentatives de tenir le sommet à Alger en 2002 et en 2003 ayant toutes deux avorté faute de la présence du souverain et de dirigeants maghrébins. Aussi, ces retrouvailles entre les leaders maghrébins indiquent, à tout le moins, un réchauffement certain des relations bilatérales, et/ou multilatérales, quelque peu en défaut ces dernières années. Il fallait en fait apurer les contentieux, faux ou vrais, ayant surgi entre les partenaires maghrébins, différends qui ont mis les dirigeants maghrébins dans des positions plus ou moins fausses les uns par rapport aux autres. Mais il était patent que la situation ne pouvait durer ainsi et qu'il fallait que les dirigeants maghrébins assument leurs responsabilités, tant envers l'Union du Maghreb qu'envers leurs propres peuples, l'une et les autres pâtissant de bouderies hors de raison. Aussi, il fallait franchir le Rubicon, ce que semblent avoir fait les dirigeants du Maghreb. Ainsi, la situation s'est d'abord décantée entre Alger et Rabat, à l'occasion du Sommet arabe des 22 et 23 mars dernier, lors duquel une rencontre a eu lieu entre le président Bouteflika et le souverain marocain, qui s'expliquèrent sur les raisons qui bloquent les deux pays et finirent par constater que rien de fondamental n'opposait Algériens et Marocains. La question du Sahara occidental, que d'aucuns estimaient être la pierre d'achoppement dans les relations entre les deux pays, n'a jamais constitué, du point de vue algérien, un problème algéro-marocain, car Alger a toujours soutenu, et continue de soutenir, que la question sahraouie est une question de décolonisation qui relève des seules compétences des Nations unies, lesquelles sont en charge de ce dossier depuis maintenant trois décennies. La suppression du visa entre l'Algérie et la Maroc, la prochaine réouverture de la frontière entre les deux pays devraient en revanche participer à l'assainissement des relations qui doivent retrouver leur bon sens. L'autre malentendu qui a pesé sur les relations intermaghrébines concerne les rapports entre la Libye et la Mauritanie, dont les relations ont connu beaucoup de bas depuis que Nouakchott avait accusé la Libye d'avoir aidé des insurgés mauritaniens à fomenter un coup d'Etat, en 2003, lequel avait d'ailleurs échoué. Les frictions entre Tripoli et Nouakchott n'ont pas contribué, c'est un euphémisme de le dire, à clarifier la donne maghrébine plus que jamais embrouillée dans des faux problèmes. Les Libyens ont pu s'expliquer et ainsi se disculper, ce qui eut pour effet d'apaiser le ressentiment des uns et des autres et rétablir des relations plus sereines entre Nouakchott et Tripoli. Dès lors, le Sommet de Tripoli peut être l'amorce d'un nouveau départ pour l'Union du Maghreb arabe dans un contexte mondial marqué par les regroupements des pays qui ont créé entre eux de grands ensembles géopolitiques et économiques, qui servirent d'exemple positif. Aussi, le Maghreb ne peut plus laisser son devenir faire les frais des humeurs des uns et des autres. De fait, la construction du Grand-Maghreb reste le projet qui fait le consensus des peuples maghrébins plus ouverts à l'union et sans doute plus conscients du fait que la mondialisation, le nouvel environnement international, marquée par l'hégémonisme des grands ensembles politiques et économiques, ne laissent plus d'autre choix pour les pays du Maghreb que celui de s'unir.