Le premier ministre Un nouveau gouvernement devant une nouvelle assemblée avec un nouveau règlement intérieur et une nouvelle Constitution. Au boulot! Sitôt installé, le gouvernement Tebboune retrousse les manches et se met au travail pour faire face à des urgences en escadrille. Hier, le Premier ministre a réuni son staff pour tenir ainsi son premier Conseil du gouvernement. Un Conseil qui a la particularité d'être amputé du ministre du Tourisme après le départ de Messaoud Benagoun, démis de ses fonctions, dimanche dernier, par le président de la République. Cette rencontre ne se contente pas des habituelles présentations des membres du gouvernement d'une équipe renouvelée, de fond en comble après une prise officielle de fonctions, mais d'un coup de starter à une course effrénée. Selon l'article 99 de la Constitution, «le Premier ministre est chargé de coordonner l'action du gouvernement. Il doit élaborer son Plan d'action afin de le présenter en Conseil des ministres. Une fois cette formalité accomplie, il doit soumettre son projet à l'APN pour adoption». Certes, cette disposition a toujours existé dans la Loi fondamentale, mais cette fois-ci la nouvelle mouture met l'accent sur cette disposition. Ainsi, ce chantier sera le premier dossier sur lequel vont se pencher les 462 nouveaux élus à l'APN. Tebboune présentera l'esquisse de sa feuille de route pour l'affiner, avant de la détailler devant le président de la République. Un Conseil des ministres est prévu dans les tout prochains jours. Onze nouveaux ministres assisteront pour la première fois à ce rituel républicain. En effet, la Constitution stipule clairement, dans son article 93, que le Premier ministre est tenu de préparer et de présenter son plan d'action en Conseil des ministres. jusqu'à hier les départements ministériels n'ont pas reçu de convocation pour la date de ce conseil, mais la certitude est qu'il est attendu dans les prochains jours en vue de l'urgence des chantiers. Après le Conseil des ministres, viendra le tour de l'Assemblée populaire nationale. C'est une autre course contre la montre que livrera le gouvernement Tebboune qui doit présenter son plan d'action devant les députés. Le gouvernement devra présenter son Plan de travail au Parlement 45 jours après sa nomination. Mais il livre à présent une course contre la montre pour que ce plan soit finalisé et examiné durant ce mois sacré du Ramadhan pour libérer le gouvernement. Une autre certitude est que le congé des nouveaux ministres sera amputé. Ils doivent entamer leurs fonctions sur les chapeaux de roue pour exposer le Plan d'action devant les parlementaires avant le 2 juillet prochain. Y arriveront-ils? Ce sera le premier défi interne que se fixera Abdelmadjid Tebboune pour qui, il n'est pas question de retarder les échéances jusqu'au mois de septembre prochain. L'ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal a eu à présenter le Plan d'action deux fois, en 2012 après les élections législatives, et en 2014 après l'élection présidentielle. Mais Tebboune n'a plus cette largesse, il ne se permet plus ce luxe. C'est parce que de nombreux projets de loi, au moins une vingtaine, seront au menu de la prochaine session. Il s'agit entre autres, du projet de loi de finances 2018 qui sera un événement majeur, aussi bien pour la législature, que pour le gouvernement. Il faut s'attendre à des remises en cause de plusieurs lois et démarches prises par le gouvernement Sellal. L'actuel Exécutif sera celui «des défis et du rattrapage des erreurs commises». Tout est dit, tout est annoncé quant à la démarche de Abdelmadjid Tebboune. Elle sera totalement différente de celle adoptée par son prédécesseur. A comprendre donc que le nouveau modèle économique sera abandonné. Soit, mais la ligne directrice n'est pas abandonnée, à savoir la reconversion économique, jugée «nécessaire» et «urgente» pour réduire la dépendance de l'Algérie vis-à-vis des hydrocarbures, qui est un impératif indiscutable. Balancé entre l'austérité et le maintien de la paix sociale, Abdelmadjid Tebboune doit convaincre par la force des arguments et s'en armer pour répondre aux interpellations des députés et calmer les inquiétudes des citoyens. Dure, très dure sera votre tâche, Monsieur le Premier ministre.