Beaucoup ont abandonné les locaux proposés dans les enceintes comme le marché couvert de Draâ El Bordj pour cause de loyer trop élevé selon eux. La décision d'octroyer en moyenne 100 locaux à chaque commune est, au regard de ce qui se passe, une décision à l'effet inverse. Des bâtisses ont été réalisées sans aucune étude préalable, sans une réflexion sur l'impact économique... On a construit pour faire plaisir aux décideurs. Aujourd'hui, l'ensemble, pour ne pas dire tout cet argent, est parti en fumée et les bâtisses vouées à un avenir incertain. Les locaux de Tiliouine à l'entrée de la daïra de Kadiria, ceux de la commune d'El Esnam, ceux d'Ath Mansour, de Bouira... pour ne citer que ces cas sont tous à l'abandon, des lieux infestés par des dealers, des toxicomanes et des lieux pour des beuveries. Malgré les mesures de facilitations accordées par l'Etat, les professionnels refusent toujours de s'installer dans ces locaux réalisés depuis plusieurs années et qui sont actuellement à l'abandon. A chaque Ramadhan, beaucoup de locaux commerciaux sont loués. L'activité qui s'y pratique est circonstancielle. Les restaurateurs, les gargotiers se lancent dans les gâteaux traditionnels: «la zlabia, le kalbellouz»... et autres produits fortement prisés en ce mois de jeûne mais aussi de grande bouffe. L'activité, qui souvent est informelle, se pratique au vu et au su de tout le monde. Chose qui n'est pas admise pour les autres activités commerciales. Parce que les pouvoirs publics exercent une pression sur les marchands illicites en milieu urbain et dans les lieux les plus fréquentés, ces derniers ont fini par trouver la parade, les abords des principales villes. Ainsi la sortie sud du chef-lieu de la wilaya sur la RN5 en direction d'El Esnam a fini par devenir un lieu de vente au grand dam des automobilistes et des usagers de ce tronçon routier qui longe l'autoroute. Même scène à l'Ouest sur la RN en direction de Aïn Bessem. Même si un espace a été réservé à l'activité, les accotements sont occupés. Sur le même trajet et au niveau du village Saïd Abid, les abords sont occupés de la même manière. La décision d'éradiquer ces marchés illicites prise en début d'année dernière avait causé des émeutes et c'est peut-être la raison qui pousse les pouvoirs publics à laisser faire. Sur les bas-côtés des Routes nationales, dans les quartiers à forte densité d'habitants, dans des véhicules et sillonnant les quartiers des villes, le nombre de marchands informels va crescendo en l'absence, pour l'heure, de mesures pour l'éradication de ces activités illicites qui portent un préjudice tant à l'économie nationale qu'aux usagers de ces axes routiers. Qui sont ces marchands? Majoritairement ces jeunes trouvent dans cette activité une occupation lucrative puisqu'ils n'ont aucun impôt ou charge à payer. Beaucoup ont abandonné les locaux proposés dans les enceintes comme le marché couvert de Draâ El Bordj pour cause de loyer trop élevé selon eux. D'autres refusent de rejoindre les locaux réalisés dans le cadre du programme présidentiel parce que ces magasins sont situés dans des quartiers à faible présence de clients. Comme une traînée de poudre, le surnombre augmente et l'espace se rétrécit. Le phénomène ne cesse de prendre de l'ampleur. Il demeure un véritable danger pour les usagers des Routes nationales 5, 8 et 26. Les clients désireux de s'approvisionner au niveau de ces sites prennent des risques et mettent aussi en danger la vie d'autrui. Renvoyés de l'école dès leur jeune âge, ces commerçants justifient le recours à cette activité en évoquant le manque d'opportunités. L'obligation de gagner de quoi vivre est explicitement donnée par cette réponse d'un commerçant exerçant sur la RN 5. «Je suis chômeur, sans aucun diplôme et je travaille pour une famille entière. J'exerce cette activité pour survivre mes proches et moi».L'activité jusque-là réservée aux grandes agglomérations tend à s'étendre et à gagner même les petits villages. L'exemple le plus en vue reste le village d'Ighrem où les abords par terre sont occupés par des jeunes qui proposent des légumes frais cueillis dans les jardins familiaux. «Nous vivons de ça. Je produis et je vends mon produit sur le bord de la route parce qu'il n'y a pas d'autre solution», confie un sexagénaire assis sur une pierre et qui en plus des légumes propose de l'huile d'olive également. L'activité n'est donc pas l'exclusivité des jeunes mais touche toutes les catégories d'âge. Sur le même axe routier qui traverse les communes de Bechloul, Adjiba, Thaourirth vers Bordj Bou Arréridj et Ahnif, Chorfa vers Béjaïa, l'image est la même. Les routes sont rétrécies par des étals posés sur les accotements. Les jeunes proposent, sur le bas-côté, des fruits et des légumes à des prix pourtant relativement très élevés, bravant même les fermes interdits des pouvoirs publics locaux.