Rachid Boudjedra Qu'un écrivain qui affiche ouvertement son athéisme suscite un tel élan de solidarité est un coup fatal pour l'édifice islamo-conservateur où les partis islamistes, dont le MSP, n'ont de cesse d'essayer d'enfermer le peuple algérien. Suite à l'immense élan de solidarité qui s'est exprimée après le lynchage médiatique dont Rachid Boudjedra, écrivain de renommée mondiale connu pour son attachement indéfectible aux valeurs laïques et républicaines, a fait l'objet, les islamistes sont sortis de leur tanière pour crier, encore une fois, au complot ourdi par «Hizb França». Et c'est, cette fois-ci, le président du MSP qui mène le bal. Dans une tribune publiée sur Facebok sous l'intitulé «La mouvance de gauche laïque et sa solidarité avec Boudjedra: la pieuvre qui gouverne le pays par le capitalisme», Abderrezak Makri s'est violemment attaqué à l'auteur de Printemps et à ses soutiens en soupçonnant une solidarité contre nature entre des éléments disparates de la mouvance laïco-républicaine dont les objectifs inavoués seraient de casser tout ce qui est «arabe» et «islamique» dans le pays. Mais pas seulement, car, selon lui, cette mouvance se fait aussi le bras du capitalisme impérialiste mondial qui veut effacer l'Algérie de la carte du monde et sucer ses richesses. «La grande solidarité avec Rachid Boudjedra a montré l'efficacité et la vivacité de la mouvance laïque qui, malgré sa défaite écrasante et permanente sur le plan politique et la désaffection populaire dont elle souffre en Algérie et dans le monde, continue à avoir une influence dans le pays et coordonner ses actions selon des stratégies nouvelles, en phase avec les nouveaux enjeux», a-t-il écrit en pointant du doigt la présence au rassemblement d'hier de nombreuses personnalités ayant un poids dans les cercles décisionnels et dans les milieux de l'opposition, notamment le frère du président de la République, Saïd Bouteflika, Soufiane Djilali, Lakhdar Amokrane, Saïd Djabellkhir, Hamid Farhi, Yacine Teguia, Bachir Derrais, Djilali Hadjadj, Hmida Layachi, Hadda Hazem, etc. «Ceux qui se sont solidarisés avec Boudjedra font partie d'un réseau dont les membres se concertent et coordonnent leurs actions, mais non pas pour la gauche ou le communisme et encore moins pour le socialisme. Ces gens sont les représentants de la classe bourgeoise algérienne qui écrase la classe ouvrière et représentent le bras du capitalisme mondial, voire les seigneurs de la corruption et de la prédation, des usines de pauvreté et de misère», ajoute-t-il avec vigueur en endossant le costume d'un implacable militant de gauche. Toutefois, le président du MSP ne s'arrête pas à ce niveau. Il va plus loin et accuse la mouvance laïque de toutes les tares de l'Algérie et la présente comme étant le «mal absolu».«La seule chose qui reste aux éléments de la gauche laïque de la période de Boumediene où ils ont pratiqué l'entrisme à outrance, c'est leur hostilité à la langue arabe, à l'islam et aux valeurs les plus authentiques du peuple algérien», charge-t-il en soulignant que la position de certaines personnalités ne vise pas à condamner la chaîne de télévision Ennahar, mais à soutenir Rachid Boudjedra qui représente l'une des figures les plus emblématiques de la mouvance laïque en Algérie. Pour conclure sa diatribe, Abderrezak Makri a tenté de relativiser en essayant de distinguer plusieurs catégories de laïques et de montrer la disponibilité de son parti à travailler avec eux. Mais, manifestement, il n'a pas réussi à dissimuler sa haine des valeurs laïques et républicaines dont tous les représentants sont pour lui des dangers potentiels. La mésaventure de Rachid Boudjedra avec la chaîne TV Ennahar a ceci de particulier qu'elle a réussi à remobiliser ce qui reste des partisans de la République de valeurs de la laïcité et à ébranler les certitudes des islamistes qui, jusque-là, pensaient dur comme fer qu'ils ont réussi à asseoir leur empire sur la société. En somme, qu'un écrivain qui affiche ouvertement son athéisme suscite un tel élan de solidarité est un coup fatal pour l'édifice islamo-conservateur où les partis islamistes, dont le MSP, n'ont de cesse d'essayer d'enfermer le peuple algérien.