L'attentat n'a pas encore été revendiqué. La méthode est néanmoins coutumière des actions de Daesh Le Royaume-Uni a donc été frappé une troisième fois en trois mois, après l'attaque sur le pont de Westminster (5 morts) le 22 mars et l'attentat de Manchester (22 morts) le 22 mai. Dans la nuit de samedi à dimanche, la capitale britannique a sombré dans une atmosphère de terreur. A London Bridge, une camionnette conduite par trois terroristes a fauché plusieurs passants tandis qu'à Borough Market, ces mêmes assaillants ont attaqué au couteau les nombreuses personnes de passage. L'attentat n'a pas encore été revendiqué. La méthode est néanmoins coutumière des actions de Daesh, depuis la tragédie de Nice, réitérée en Allemagne. Elle est simple, ne nécessitant pas de grands moyens et surtout difficile à déjouer. Les spécialistes sont catégoriques: l'attaque de Londres semble relayée à toutes celles qui, en Occident, ont été inspirées par le groupe Etat islamique. Celui-ci appelle depuis plus de deux ans ses sympathisants à commettre des attaques, là où ils se trouvent et avec les moyens dont ils disposent. D'où la multiplication des attentats commis à la voiture bélier et, chose inconcevable jusqu'à ces derniers jours, aux agressions à l'arme blanche. Difficile, dans un tel contexte, de pratiquer l'antiterrorisme. Celui-ci est tributaire du renseignement, depuis la surveillance des suspects jusqu'à la synthèse de tous les éléments qui confirment une radicalisation effective. Mais que faire face à des anonymes qui louent une camionnette dont on ignore l'usage réel? Le Royaume-Uni a donc été frappé une troisième fois en trois mois, après l'attaque sur le pont de Westminster (cinq morts) le 22 mars et l'attentat de Manchester (22 morts) le 22 mai. Cette fois, il y a eu sept morts et une cinquantaine de blessés dont quelques-uns dans un état grave. Une attaque à cinq jours des élections législatives anticipées, conduisant le Parti conservateur et le Parti travailliste à suspendre leur campagne pour 24 heures. Hier, la police a annoncé dans un communiqué l'arrestation de 12 personnes à Barking, quartier de l'est de Londres. Et plusieurs perquisitions sont en cours. Les enquêteurs ont encore beaucoup de travail avant d'y voir clair et la menace est toujours là, sournoise. La Première ministre, Theresa May, est montée au créneau pour promettre que la lutte contre le terrorisme sera poursuivie, le pays étant de nouveau frappé après une douzaine d'années. Le message est martial, il faut faire face à «une nouvelle forme de menace», avec des méthodes beaucoup plus répressives. Elle qui a été ministre de l'Intérieur de 2010 à 2016 estime qu'il y a «trop de tolérance à l'extrémisme» dans le pays. Un constat qui aurait eu bien plus de signifiance dans les années 1990 lorsque Londres était un sanctuaire pour bon nombre d'extrémistes se réclamant de la mouvance Al Qaïda. Mais les choses ont changé. Daesh n'est pas «logé» en Grande-Bretagne, ni en Allemagne. Frapper les pays européens quels qu'ils soient et surtout ceux qui sont dans la coalition internationale qui bombarde en Irak et en Syrie demeure son objectif majeur. Au-delà, le but de l'EI qui parie sur un «choc des civilisations» entre le monde musulman et les pays occidentaux semble bien provoquer une onde antimusulmane qui pousserait les communautés immigrées dans leurs ultimes retranchements. En ce sens, Theresa May voit juste quand elle plaide pour une réponse appropriée: le pays, a-t-elle dit en présidant le comité gouvernemental d'urgence Cobra, «doit faire davantage pour contrer l'extrémisme islamiste qui sera vaincu seulement lorsque nous aurons détourné l'esprit des gens de cette violence et leur aurons fait comprendre nos valeurs britanniques pluralistes qui sont supérieures à tout ce que proposent les prêcheurs de haine et ceux qui les soutiennent». D'où un appel fortement martelé à la préservation de ce qu'elle estime être le «véritable Royaume-Uni». Encore une fois, l'idéologie violente de l'extrémisme islamiste a donné à voir une image déplorable de l'islam qui est une religion de la tolérance et du vivre ensemble. Que les réseaux utilisés par ces mouvances extrémistes en Grande-Bretagne, dans d'autres pays européens et en Syrie et en Irak soient en étroite connexion ou pas, le fait est que l'impact de leur perversion et de la brutalité avec laquelle ils violentent l'humain constitue une idéologie qui doit être combattue de toute urgence partout où elle doit l'être. Car les prêcheurs de haine vont continuer leur travail de sape, inlassablement.