Le Saint Coran avertit contre le gaspillage Les poubelles sont en effet gavées de... nourriture. Les campagnes de sensibilisation ne semblent plus efficaces contre ce phénomène qui prend de plus en plus d'ampleur. Une culture de consommation s'impose... «... Et ne gaspille pas indûment, car les gaspilleurs sont les frères des diables; et le Diable est très ingrat envers son Seigneur.» (Sourate 17, Verset 26 et 27). Le Saint Coran avertit contre le gaspillage. Néanmoins, ce «péché» est devenu une caractéristique du mois sacré du Ramadhan. Pourtant, c'est en principe un mois où les musulmans réduisent leur consommation habituelle en sautant le repas de midi. Ce qui devrait se traduire par une réduction du panier de la ménagère. Mais le jeûne fait que les consommateurs ont les yeux plus «gros» que le ventre. Ils font donc dans la surconsommation et achètent tout, ce qui a comme résultat logique le gaspillage! Les poubelles sont en effet gavées de... nourriture. Vous avez dû le remarquer, les ordures ménagères deviennent pendant le Ramadhan des couffins à provisions! Aucun aliment n'échappe à la poubelle. Les Algériens gaspillent en moyenne, près de 500 millions de centimes en denrées alimentaires chaque année durant le mois de Ramadhan. Les chiffres enregistrés par l'ONS sont plus qu'éloquents, il s'agit de près de 200 000 quintaux de fruits et légumes, de 5 à 10 millions de produits alimentaires, 12 millions de litres de lait. Le pain reste toutefois, l'aliment le plus gaspillé pendant le Ramadhan, avec une moyenne de 13 millions de baguettes de pain qui vont directement aux ordures. Les foyers achètent toutes sortes de pain, en quantité, qui pourraient nourrir des bataillons, mais malheureusement, la majeure partie de ce pain est finalement jetée à la poubelle. Vous ne pouvez pas échapper à cette image! Des dizaines de sachets de pain sont empilés devant les bacs à ordures. Une situation des plus désolantes, un produit aussi précieux que le pain qui, en plus, est subventionné par l'Etat. Ce sont donc des millions de dinars qui partent à la poubelle, surtout que cet aliment «sensible» qu'est le pain est fortement subventionné par l'Etat. C'est ce qui pousse certains spécialistes à appeler à la suppression de la subvention de la baguette...Surtout en ces temps de disette où le moindre centime est important pour le bon fonctionnement de l'Etat. Les autorités ont relancé leurs fameuses campagnes, qui ont montré leurs limites, pour appeler les Algériens à n'acheter que ce qu'ils consomment. Médias et société civile ont aussi pris leurs responsabilités pour avertir contre cette incivilité qui ruine le pays. En vain! Dans les rues d'Alger, ils sont plusieurs, comme Omar, à avouer qu'ils jettent tous les jours de la nourriture après le repas de rupture du jeûne: «On est une famille de quatre personnes. On achète quatre à cinq baguettes. Alors que notre consommation ne dépasse pas deux baguettes...», avoue ce jeune cadre dans une entreprise privée. Omar indique également que la maîtresse de maison, qui est sa maman, prépare presque autant de plats que les baguettes achetées. «Au mieux, on mange un seul de ces plats, sinon on goutte quelques petites bouchées de tout avant d'expédier le reste aux ordures», constate-t-il amèrement. Mais Omar, comme beaucoup d'autres Algériens assurent que l'effet du jeûne leur fait perdre la tête et comme on dit si bien chez nous: ils «mangent avec leurs yeux»... «L'envie d'acheter est accentuée par le contexte festif, l'idée de célébrer en famille, on achète sans compter. D'ailleurs, chaque membre de la famille rentre à la maison les mains pleines de provisions...», tente aussi d'expliquer Fella qui souligne l'absence d'une culture de consommation. Pourtant, l'éthique du repas existe en islam. Celle-ci préconise qu'on mange avec modération en temps normal. L'enseignement prophétique dit: «L'homme ne remplit pire récipient que son ventre et pourtant quelques bouchées lui suffisent. Si vous devez beaucoup manger faites, qu'un tiers de l'estomac soit pour le repas, un tiers pour l'eau et réservez le dernier tiers pour respirer.»