Le chef de la diplomatie turque a annoncé hier que les députés allemands n'étaient toujours pas autorisés à se rendre sur la base militaire d'Incirlik (sud de la Turquie) où sont déployés des militaires allemands. «A l'heure actuelle, il est possible (aux Allemands) de visiter la base de l'Otan à Konya (centre), mais pas Incirlik», a déclaré Mevlüt Cavusoglu lors d'une conférence de presse commune avec son homologue allemand Sigmar Gabriel à Ankara. Ce dernier a dit «regretter» cette décision, réitérant que l'Allemagne pourrait, si besoin, «transférer ses soldats» ailleurs. Cependant, «il n'y a pas à ce jour de décision ou de plan concret» en ce sens, a ajouté M.Gabriel. Ce dossier a provoqué un regain de tension entre Ankara et Berlin, deux partenaires au sein de l'Otan dont les relations se sont dégradées au cours des derniers mois, notamment depuis le putsch manqué du 15 juillet. Ankara a interdit, à la mi-mai, à des parlementaires allemands de se rendre à Incirlik pour rencontrer des soldats allemands qui y sont déployés. La Turquie a justifié son interdiction en accusant Berlin d'avoir accordé l'asile politique à des ressortissants turcs, dont des militaires, accusés par le président Recep Tayyip Erdogan d'être liés à la tentative de putsch de juillet. La base d'Incirlik, située dans le sud de la Turquie, sert notamment aux opérations de la coalition internationale contre le groupe Etat islamique (EI). La chancelière allemande Angela Merkel avait évoqué le mois dernier de possibles «solutions alternatives à Incirlik», comme la Jordanie. Autre sujet de tension entre Ankara et Berlin, le cas de Deniz Yücel, un journaliste binational incarcéré depuis février en Turquie où il est accusé d'«espionnage» et d'activités «terroristes». «L'accusation n'est pas en lien avec des activités de journalisme, mais avec des activités de terrorisme», a déclaré hier M.Cavusoglu, ajoutant, devant M.Gabriel, que «des agences de renseignement européennes utilisent des journalistes comme espions».