A partir de ce soir 22h 30 et jusqu'au 21 juin, la célèbre pièce de théâtre qui avait marqué la scène algérienne dans les années 1980-1990, revient sur les planches. Mise en scène par Slimane Benaïssa, Babor ghraq, une tragi-comédie de 100 mn écrite en 1983, raconte l'histoire de trois rescapés d'un naufrage, l'intellectuel, l'affairiste et l'ouvrier, campés par Mustapha Ayad, Omar Guendouz et Slimane Benaïssa, respectivement. Accrochés à une épave, les trois survivants, perdus au milieu de nulle part, en pleine mer, vont devoir négocier, chacun d'eux cherchant son salut. La pièce sera jouée dans son intégralité sans une once de retouche ou d'éventuelle actualisation. Aussi, après son retour en 2011 avec El mouja welat, qui avait accès sur le printemps arabe à l'époque non sans ignorer l'actualité algérienne, Slimane Benaissa est de retour pour fêter ses 50 ans de carrière en remontant sur les planches avec sa célèbre pièce Babor ghrak dont tout le monde se souvient. En effet, personne n'a pu oublier ses fameuses tirades et expressions populaires qui émaillent Babor ghrak dont «Anaâl bouh limayhbnache! entre autres. Une pièce de théâtre qui, faut- il le rappeler a 34 ans aujourd'hui! Lors d'un point de presse animé au TNA la semaine dernière, Slimane Benaïssa a estimé que le public se veut «un partenaire intelligent» qui apporte sa «touche finale» à la réussite de chaque pièce d'où le besoin juste d'un décor minimaliste et rien d'autre. Le metteur en scène a souligné le professionnalisme de Mustapha Ayad et Omar Guendouz qui, à trois (avec lui-même, Ndlr), maintiendront le texte dans son originalité. «Ce 24 juin, je célèbre mes cinquante années de carrière, et je pense que c'est une sorte de rappel de ma carrière qui a débuté en 1967», a fait savoir le metteur en scène expliquant entre autres les raisons de son retour sur scène avec cette pièce. Le dramaturge qui a toujours su défendre sa langue maternelle dans ses créations avouera que le théâtre algérien jouit d'un «potentiel humain et infrastructure considérable», tout en appelant à la levée de «l'asphyxie de la parole» pour une meilleure écriture de texte dramaturgique. Et même s'il n'habite plus en Algérie Slimane Benaïssa se défendra artistiquement en affirmant serein «Je porte le pays dans mon écriture. Quoi que je fasse, je suis toujours en Algérie.» Il est à noter q'une tournée nationale avec cette pièce est prévue pour le mois de juillet. Quant au prix du billet durant le mois de Ramadhan, il a été fixé à 500 DA. Lors de ce point de presse, Slimane Benaïssa évoquera également la situation «assez difficile» de l'artiste algérien, mais aussi que ses projets dont sa nouvelle pièce 3 jours avant l'heure, mise en scène en Belgique, et la proposition au ministère de la Culture d'organiser un cycle de formations d'écriture de trois semaines dans les différents théâtres régionaux du pays. Romancier, essayiste et auteur d'une vingtaine de pièces de théâtre, Slimane Benaïssa compte à son actif, pour rappel, entre autres spectacles, Boualem zid el Goddam (1974), El Mahgour (1978), Enta khouya wana ch'koun (1992) et Conseil de discipline (1994). La nouvelle génération gagnerait à aller découvrir Babor ghrak qui ne saura, assurément laisser personne indifférent. Slimane Benaïssa, outre le fait qu'il parle dans une langue commune proche du peuple, sait y mettre le ton et le verbe intelligent pour faire passer n'importe quel message avec philosophie et une perspicacité avérée. Ses pièces suscitent toujours la réflexion et incitent au débat. A voir donc!