Tout a commencé sur Facebook... Une majorité de citoyens a dénoncé ce racisme et exprimé son soutien aux réfugiés subsahariens. Un nombre important de comptes, récemment ouverts sur le réseau social Facebook, traitent la question des migrants subsahariens en Algérie, avec un accent ouvertement raciste. Tout a commencé par une vidéo diffusée par une page Facebook très populaire qui montrait les conditions de vie déplorables des migrants dans un camp de fortune à l'est d'Alger. Le commentaire du vidéaste amateur était outrageusement négatif à l'endroit des Subsahariens. Il n'en fallait pas plus pour que les images fassent le tour de la Toile algérienne et susciter de fait un débat virulent sur le rapport de la société algérienne à ces migrants. Des propos «racistes» étaient proférés, mais également des expressions de solidarité envers ces populations jetées sur les routes pour de multiples raisons, souvent justifiées. Les choses auraient pu s'arrêter là, sauf qu'au contraire, les comptes Facebook ouvertement racistes ont infesté la Toile algérienne de sorte que le débat se transforme en grosse polémique, avec l'intention avérée de donner de la société algérienne, l'image d'un peuple xénophobe et intolérant. La réaction d'une majorité d'internautes dénonçant ces pages «indignes» a rétabli les choses, de sorte que l'accusation qu'on a voulu vraisemblablement coller aux Algériens n'a pas pris. Mais la campagne continue, au point d'attirer l'attention des services de sécurité qui ont ouvert une enquête sur ce phénomène, certainement pas hasardeux. Il faut dire que le lexique utilisé dans ces pages Facebook relève d'une volonté de provoquer des troubles contre les migrants. Une réaction violente d'ailleurs a été enregistrée dans la ville de Aïn Beida où des locaux servant de logements à des migrants ont été incendiés par des individus qui ont cédé à la pression des «fake news», annonçant, qui un viol commis par des subsahariens, qui des agressions perpétrées à l'encontre de jeunes Algériens. Le «Hachtag»«Non aux Africains!», affiché sur le mur de certaines pages facebook a relayé de fausses informations, dans le cadre d'une campagne raciste sans précédent. Des termes des plus ignobles et insupportables sont utilisés pour qualifier les migrants. Sans vouloir exagérer, ce qui se produit sur la Toile algérienne, ces derniers jours, est un fait grave et unique en ce genre qui intervient en plein mois de Ramadhan dans un pays où il y a 23 siècles, le roi berbère Massinissa affirmait: «L'Afrique aux Africains.» Un pays qui a toujours été une terre d'accueil pour tous les habitants du continent noir, en formant dans ses universités des générations de cadres et d'ingénieurs. Un pays qui a comme tradition l'accueil de réfugiés, comme le peuple sahraoui qui depuis 1976 y a trouvé refuge et sécurité. Et surtout un pays qui a été la Mecque des révolutionnaires africains durant les années 1970, en contribuant à la décolonisation de ces pays. Cette campagne haineuse suscite une interrogation: qui veut donner l'impression au monde que les Algériens sont racistes? l'enquête le déterminera. Mais l'on peut d'ores et déjà affirmer que l'on est dans une tentative de manipulation à grande échelle. Le timing est des plus intrigants. Les premières images ont apparues sur le Net le 20 juillet dernier, date consacrant la Journée mondiale des réfugiés. Combien d'Algériens connaissent l'existence de cette Journée mondiale pour faire coïncider cette campagne avec cette date? Plus troublant encore, cette offensive est intervenue au moment où l'Algérie avait annoncé son attention d'accueillir les 41 réfugiés syriens bloqués à la frontière marocaine. On se souvient que l'attitude d'Alger avait surpris le Makhzen qui avait refusé de libérer les réfugiés. Et pour empêcher tout débat sur le sujet, le scandale des migrants en Algérie est subitement apparu, prenant des proportions telles qu'il en est devenu un sujet viral sur Facebook. Y a-t-il un rapport entre ces deux affaires? Beaucoup d'observateurs pensent que oui, arguant du fait que Rabat n'est pas à sa première manipulation. Les tristes évènements de Ghardaïa et la manipulation marocaine sont encore vivaces dans toutes les mémoires. Plus récemment, il y a eu l'épisode du faux site de l'Office national des examens et concours (Onec) crée par un Marocain pour saboter le bon déroulement du baccalauréat. Le royaume ne rate aucune occasion pour faire croire que les Algériens sont racistes. Ce serait un bon argument pour discréditer l'Algérie dans son soutien au Sahara Occidental. Eh bien, au risque de décevoir les «meneurs» de cette campagne: les Algériens ne sont pas racistes! C'est une minorité qui a relayé cette vile expression: «Non aux Africains en Algérie.» La majorité de nos concitoyens ont au contraire vite réagi pour dénoncer ce racisme et exprimer leur soutien aux réfugiés subsahariens. Certains sont même allés dans les camps de ces réfugiés pour leur faire des dons, mais surtout montrer que ces «brebis galeuses» ne représentent en rien l'Algérien...