Une première : les employés communaux, tous grades confondus, au nombre de 125, observent depuis mercredi, une grève théoriquement illimitée, devant le siège de la commune. Dans un P-V, daté du 5/12/2001, du bureau de la section syndicale de l'APC de Ténès, relatif à la plate-forme des revendications, il n'est demandé pas moins que le départ du receveur communal et ce pour, lit-on, «abus de pouvoir, adjudication pour location du marché hebdomadaire non conforme à la réglementation en plus du fait que ce dernier est, déjà débiteur, envers la commune, d'une somme de 99 millions de centimes». L'origine de cette «crise» locale a surgi suite aux retards enregistrés dans le paiement des salaires des employés, lesquels traitements sont, depuis le mois de septembre, de plus en plus aléatoires. En effet, le budget préliminaire de la commune n'a été arrêté que pour les huit premiers mois, faute de pouvoir l'équilibrer au-delà du mois d'août. En septembre et octobre, la recette «fait un geste», tout en malmenant les règles des finances publiques, et paye les deux mois de traitements à découvert, en attendant que le BS de la commune soit établi dans les délais. Ce document, pour être équilibré, achoppe du côté de l'APC, sur l'insignifiance des recettes par rapport aux charges (la masse salariale est d'environ 200 millions de centimes), quoique la commune dispose, naturellement, de gisements fiscaux et autres qui demeurent insuffisamment inexploités. Le BS étant enfin «équilibré» par les services de la commune, il est signé en date du 23 novembre. Les employés croient que c'est, enfin, la délivrance. Ce ne fut pas le cas. Le receveur, refuse de payer les salaires, pour cause de «trésorerie déficitaire» et ce n'est que au premier jour de cette grève, mercredi 5 décembre, que le chèque de paiement est transmis aux P et T. Seulement, celle-ci (la grève) était déjà lancée. Pour mieux étayer sa position, le receveur nous montre les fiches mensuelles de trésorerie, durant l'exercice 2001, dont les soldes mensuels étaient, en moyenne, de près de 140 millions de centimes (MC) alors que la masse salariale est de plus de 200 MC. Aussi, il évoque «la faiblesse des transferts qu'effectuait la recette des impôts de Ténès, pour les versements forfaitaires et autres, qui sont de plus en plus faibles, passant de plus de 500 MC à moins de 150 MC,» rétrécissant davantage les recettes. Côté grévistes, on lui reproche toutefois, le non-recouvrement des 99 millions des créances aussi bien pour le marché hebdomadaire (99 MC), les deux plages (32 et 33 MC), ainsi que celles relatives aux loyers des biens communaux, dont le reste à recouvrir, au 6/10/2001, selon le comptable de l'APC, est de 100 MC. L'eau, les taxes de séjour... accusent, elles aussi, des taux de non-recouvrement, importants, A notre question comment une APC qui a, a priori, tout pour être prospère, est-elle à ce point au bord du gouffre? C'est la faiblesse des recouvrements, disent les grévistes. Côté receveur, ce sont les dettes que traîne l'APC qui sont un boulet, notamment celles portant sur des affaires en justice durant lesquelles la commune a perdu ses procès. Ces dettes, appelées les «débits d'office» représentent plus de 1 milliard 800 millions de centimes, dont plus de 740 MC ont été payés en 2001. Ces dettes sont apparues, toujours selon le receveur, depuis 1996. Il revient donc, aux personnes habilités d'examiner comment cette somme faramineuse peut être «soutirée» à la ville de Ténès en si peu de temps. Ces mêmes débits d'office, effectués par le Trésor, sur décision de justice, ont même privé l'APC, selon son comptable, de sa première tranche de la subvention d'équilibre de 600 MC. Revenons aux salaires, le mois de décembre serait selon le receveur, toujours hypothétique. Côté APC, «il pourrait, facilement nous payer s'il assurait un recouvrement correct. En plus, la subvention portant assainissement des dettes a pris en charge des sommes que la recette a déjà payée, sur avances. Ces sommes peuvent être versées en salaires... C'est, comptablement, une dépense obligatoire». Cependant, au-delà des «analyses» des uns et des autres, le pourrissement peut être aisément évité. Certains employés menacent même de prendre la population locale en otage, en s'abstenant d'effectuer le ramassage des ordures ainsi que l'alimentation en eau potablede la ville. En revanche, ce qui peut être aisément tiré, comme conclusion, est que l'APC de Ténès connaît des jours sombres et la situation est appelée à s'aggraver si des mesures urgentes de redressement ne sont pas prises.