Le Rif toujours en effervescence, fait bouger la communauté rifaine en Belgique La plateforme associative des différentes expressions rifaines de Belgique a dénoncé hier la «politique de répression bien orchestrée par le Maroc» à l'encontre de sa propre population qui «ne fait qu'user de son droit constitutionnel», à savoir manifester pour des revendications socio-économiques. Dans une publication intitulée «le Maroc à l'heure de l'autoritarisme? Une politique répressive dans le Rif» résumée en 5 points, la plateforme dénonce la sur-présence policière et militaire à Al Hoceïma, la convocation et l'intimidation des militants du mouvement de contestation Hirak ainsi que des citoyens ayant participé aux manifestations, la violence policière lors de manifestations pacifiques, l'arrestation et la condamnation des militants, ainsi que la criminalisation et la torture, notamment des leaders du mouvement Hirak. Selon la plateforme rifaine belge, l'une des premières réponses apportées par le pouvoir marocain au mouvement de contestation dès le début des manifestations à Al Hoceïma fut l'envoi et le maintien sur place d'une présence policière et sécuritaire en surnombre. «Des dizaines de véhicules, des blindés et des milliers de policiers, gendarmes et militaires sont arrivés dans la région. Des campements pour abriter ces renforts sécuritaires ont été déployés autour de la ville», a affirmé la plateforme, soulignant que l'objectif affiché fut de «dissuader les tentatives de protestation en mettant en avant la capacité du pouvoir à mobiliser ses effectifs sécuritaires». La plateforme en veut pour preuve les nombreuses vidéos et photos publiées sur les réseaux sociaux qui illustrent l'arrivée d'un important dispositif militaire à Al-Hoceïma, soutenant que cette sur-présence n'a pas eu l'effet escompté car les revendications socio-économiques ont continué à être soutenues dans cette ville au coeur du Rif. La plateforme rifaine belge s'indigne, en outre, des manoeuvres des autorités marocaines visant à étouffer la contestation populaire à travers les «convocations arbitraires» envoyées à de nombreux citoyens et de «l'emploi de l'intimidation» lors des auditions aux fins notamment d'obtenir de ces personnes «des renseignements ou des aveux».Elle dénonce également la violence des forces de l'ordre mobilisées à Al Hoceïma pour «réprimer des manifestants pacifiques qui continuent à occuper la rue», assurant que de nombreux citoyens «ont fait les frais de cette gestion violente de l'expression citoyenne» et que «les réseaux sociaux foisonnent de photos ou de vidéos de manifestants brutalisés parfois même en direct». Citant Human Rights Watch et Amnesty Internationale, la plateforme rifaine de Belgique affirme que Nasser Zefzafi, le leader de la contestation populaire dans le nord du Maroc, a été battu et insulté par les policiers qui l'ont arrêté. «Zefzafi a été maltraité et torturé dans la prison de Oukacha, à Casablanca, selon son récit à son avocat», a-t-elle indiqué, soulignant que nombre de détenus déclarent avoir été violentés physiquement mais aussi moralement. Relevant qu'une centaine de personnes ont été incarcérées depuis fin mai dont 40 au moins avec des chefs d'accusations extrêmement lourds, la plateforme dénonce aussi la signature «sous contrainte» par ces personnes des procès-verbaux qui constituent la seule preuve contre elles, et les prélèvements ADN effectués à leur insu. Les conditions de détention des personnes arrêtées et les difficultés que rencontrent leurs familles lorsqu'elles leur rendent visite inquiètent la plateforme rifaine de Belgique qui évoque la disparition et l'enlèvement de certains citoyens. Selon cette plateforme, ce sont les leaders du mouvement de contestation qui ont payé le plus lourd tribut. Ces derniers, a-t-elle poursuivi, «font face à de lourdes accusations insensées», dont «atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat, en menant une attaque ayant pour but la dévastation, le massacre et le pillage dans plusieurs régions», «préparation d'un complot visant à porter atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat», et «atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat à travers la perception de sommes d'argent, de dons et d'autres avantages pour mener et financer une activité et une propagande visant à porter atteinte à l'intégrité du Royaume et sa souveraineté». Prenant acte de cette «réalité répressive» et de son «caractère répétitif», la plateforme rifaine de Belgique exhorte la société civile, les personnalités politiques, les associations, les citoyens à faire pression sur le Maroc afin que son régime soit poussé à «respecter urgemment les principes universels des droits de l'Homme». «Nous appelons au respect strict des droits humains comme indivisibles, interdépendants et universels. Et cela, dans un cadre global de défense des libertés collectives et individuelles», a indiqué la plateforme, soulignant que «le Maroc doit urgemment libérer ces détenus dont la véritable accusation est d'avoir revendiqué une vie digne». «Si le Maroc affirme la nécessité de s'ériger en société libre et moderne, il est impératif qu'il cesse cette politique répressive et cette spirale de la violence», a-t-elle soutenu.