L'Imam appelle, enfin, les terroristes à déposer les armes. Après avoir publiquement exprimé son soutien au projet d'amnistie générale et, dans une large mesure, à la politique de réconciliation nationale, et suite aussi à son appel aux terroristes récalcitrants les sommant de déposer les armes, l'imam égyptien Youssef El Karadaoui a été reçu jeudi par le président de la République. Les deux hommes, selon la déclaration faite par le cheikh à la presse à l'issue de l'entrevue, ont passé en revue les questions ayant trait au monde arabo-musulman «au moment où celui-ci vit de grandes préoccupations» a-t-il souligné. Se trouvant à Alger depuis la semaine dernière dans le cadre du colloque international sur l'ancien président des Oulémas Mohamed Bachir El Ibrahimi, à Alger, le cheikh avait, rappelle-t-on, surpris tout le monde en annonçant son soutien à la politique de Bouteflika et plus précisément le projet d'amnistie générale. La surprise est d'autant plus grande d'abord que, durant les années noires où le terrorisme était à son paroxysme, l'imam égyptien n'avait jamais condamné les massacres perpétrés à tour de bras contre les civils. C'était au moment aussi où l'Algérie avait besoin de l'apport des religieux en vue d'ôter à la horde terroriste le leitmotiv religieux sur la base duquel elle justifiait ses crimes. Mais rien n'en fut. La seule fois où le cheikh avait fait montre d'un peu de souplesse, c'était pour prononcer une «fetwa», autorisant l'avortement des femmes violées dans les maquis. Actuellement les donnes ont radicalement changé et le discours politique national a fait, depuis l'élection de Bouteflika, une volte-face spectaculaire passant de l'éradication implacable à la réconciliation générale. El Karadaoui dont le modernisme et l'ouverture ne sont pas ses premières vocations, s'implique de nouveau dans le débat politique. Dimanche dernier, du haut de sa tribune, il a appelé au nom «du Coran, de la Sunna» mais au nom aussi «des martyrs et des grands hommes qui se sont sacrifiés pour l'unité et l'indépendance de l'Algérie», les terroristes récalcitrants à déposer les armes et à «aller rejoindre leurs frères en renonçant à la voie qu'ils ont empruntée». Ainsi, la sortie d'El Karadoui en faveur de l'amnistie générale prend l'air d'un début de campagne qui ne dit pas son nom. L'on assiste depuis quelque temps à une effervescence politique mettant en avant les qualités d'un projet dont on ignore le moindre détail. Après les formations politiques, quelques personnalités publiques, c'était, il y a quelques semaines, au tour des repentis d'exprimer leur soutien. Madani Mezrag chef de l'ex-Armée islamique du salut(AIS) dissoute en 1997, et Ahmed Benaïcha ont été de la partie. Abassi Madani qui est, dit-on, gravement malade, a lancé un appel «posthume» aux Algériens, les sommant de soutenir la politique réconciliatrice de Bouteflika dont l'amnistie générale.