La dense couverture forestière de la wilaya de Tizi Ouzou a été fortement endommagée durant ces trois derniers jours caniculaires. Autant en emporte le...feu. La population n'a pas été épargnée car les services de la Protection civile font état de trois victimes et un grand nombre de brûlés dont la vie n'est pas en danger mais portant les séquelles. Les dégâts sont énormes. Les incendies le sont également. Les bilans sont calamiteux, et ce en l'espace de 72 heures seulement. Plus de 70 départs de feux ont été déclarés à travers quasiment toutes les communes de la wilaya. Du littoral à Azeffoun, Akerrou, Yakouren, Tigzirt, Iflissen et Mizrana, les feux se sont propagés vers le sud de la wilaya en dévastant tout sur leur passage à Aït Yahia Moussa, Mkira et Draâ El Mizan et Tizi Ghennif. Les flammes sont même montées jusqu'aux cimes du Djurdjura pour détruire une grande partie du couvert végétal et surtout les arbres fruitiers. Hier, alors que la température est redevenue plus clémente, les populations étaient encore coincées entre plusieurs incendies non encore maîtrisés par la Protection civile. L'inquiétude commence sérieusement à gagner les visages qui regardent, impuissants, l'avancée des flammes qui avalent tout sur à leur passage. Les gens ont surtout peur pour leurs maisons qui ne sont hélas plus en sécurité devant l'ampleur des incendies qui se déclarent. Une cellule de suivi en place à la wilaya Afin de suivre de près et avec efficacité l'évolution de la situation et de rester en présence constante aux cotés des populations, les services de la wilaya de Tizi Ouzou ont mis sur pied une cellule de suivi. Elle est composée de tous les intervenants, à savoir la wilaya, les services concernés, l'ADE, l'hydraulique, la Protection civile, les antennes des daïras et les communes. Ce dispositif est opérationnel de jour comme de nuit, en collaboration avec les services de la Protection civile qui émet des bulletins sur les opérations d'intervention de ses éléments qui travaillent conjointement avec ceux de l'Armée nationale populaire lorsque la situation le nécessite. D'ailleurs, le dernier bilan que nous avons reçu de la cellule de communication de la Protection civile fait état de plusieurs d'incendies éteints, y compris les plus importants. Par ailleurs, le dispositif d'exception, annonce-t-on, est encore maintenu pour parer éventuellement à tout départ de feu ces dernières heures. Les bilans ne parlent pas encore des dégâts causés à l'agriculture locale En fait, les premiers bilans parlent de dégâts humains, sur le couvert végétal mais encore des conséquences pour les agriculteurs. Mais malgré l'absence, pour l'instant de ces chiffres, la rue en parle. Les dégâts sont considérables. Le secteur de l'agriculture, chaque année, sort amoindri à cause de ce phénomène. Connue pour sa vocation en arboriculture, la wilaya voit chaque année son patrimoine partir en fumée à cause des incendies. Beaucoup estiment aujourd'hui qu'à ce rythme, c'est tout le développement économique basé sur l'agriculture qui en prendra un sérieux coup. En fait, on n'en parle pas souvent, mais le danger est grand. Les abeilles de race locale sont plus que jamais menacées de disparition. Le rucher local, l'un des plus importants en Algérie, a sérieusement été touché par les incendies. Les forêts sont le domicile des abeilles et au vu de l'état dans lequel se trouve ce dernier, il devient aisé de déduire l'importance des dégâts. Gare à la rumeur car la population fait ses propres bilans. D'aucuns estiment aujourd'hui que la vigilance ne doit pas concerner uniquement les incendies. La communication à tous les niveaux est vivement recommandée. Hier, à travers les villages, les rumeurs circulaient dans tous les sens. Les informations les plus invraisemblables étaient colportées. Malheureusement, les réseaux sociaux, au lieu de jouer leur rôle d'information populaire, se joignent à l'intox. A chacun ses bilans mais sans citer de source. Les discussions concernent surtout les dégâts humains et matériels. Le plus dangereux c'est toutefois lorsque la rumeur, une fois vérifiée, se retrouve plus proche de la réalité. Les informations sur la mort des deux victimes ont d'abord été colportées par la rumeur avant d'être fournies par les médias lourds. Ces derniers jours, les dégâts concernant l'agriculture sont étalés sur la place publique. L'on parle de cet éleveur qui a perdu tout son cheptel dans un incendie. L'on évoque ces dizaines de poulaillers pris entre les feux. L'on parle de ces ruches calcinées. Des milliers d'arbres fruitiers sont partis en fumée alors que des agriculteurs ont perdu leur récolte de blé. Les dégâts sont réels, la preuve en est qu'après l'épuisement de la rumeur qui les porte, l'information officielle confirme ou s'en rapproche. Au moins un dernier bilan rassurant Jeudi dernier, à la mi-journée, un dernier bilan fait état de la maîtrise des plus dangereux incendies par ses éléments mobilisés à un plus haut degré. Elle a eu à intervenir sur 41 départs de feux déclarés dont 10 importants qui ont tous été éteints. Les localités touchées sont Tizi N'tleta, Abi Youcef, Maâtkas, Ifigha, Timizart, Oouaguenoun, Aït Yahia, Mechtras et Draâ El Mizan. Le dispositif de la Protection civile est maintenu sur place à travers les localités touchées par les feux importants pour surveillance. La mobilisation des moyens de lutte contre les incendies de forêts de tous les secteurs sont maintenus. Les bilans, ajoute le communiqué, ne sont pas encore établis mais ils interviendront incessamment. L'armée intervient dans plusieurs régions Des unités de l'Armée nationale populaire ont été mobilisées, les 12 et 13 juillet, dans plusieurs localités confrontées aux feux de forêts, a annoncé, hier, le ministère de la Défense nationale dans un communiqué. «Suite aux incendies qui se sont déclarés dans différentes forêts à travers le pays, causés par la vague de chaleur ayant sévi ces derniers jours, des détachements de l'Armée nationale populaire ont été dépêchés, les 12 et 13 juillet 2017, pour prêter main forte aux services de la Protection civile et à la direction des forêts (...) ainsi que pour évacuer les habitants des zones touchées par les flammes et leur prodiguer les premiers soins», précise le MDN. Les militaires ont été mobilisés au niveau des wilayas de Tizi Ouzou, Blida, Médéa, Tlemcen, Relizane et Jijel, selon la même source. Le MDN ne fournit pas plus de précisions sur le bilan de ces opérations.