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Un plan d'urgence pour la Kabylie?
ENORMES DEGÂTS CAUSES PAR LES DERNIERS INCENDIES À LA REGION
Publié dans L'Expression le 17 - 07 - 2017


La Protection civile en action
Une cellule de crise vient d'être mise sur pied hier par l'Assemblée populaire de la wilaya de Tizi Ouzou.
La décision intervient parallèlement à l'annonce d'une session extraordinaire de l'APW prévue mercredi prochain pour débattre de l'ampleur prise par le nombre impressionnant des feux de forêts de la semaine dernière.
Le communiqué rendu public par l'assemblée explique cette implication forte par les conclusions tirées de la visite de son président, le docteur Mohammed Msella et quelques membres dans les localités les plus touchées par les feux dans la région de Draâ El Mizan. Sur place, ajoute le communiqué de l'APW, les populations se sentent abandonnées à leur sort et surtout aux rumeurs les plus folles. L'APW de Tizi Ouzou pointe du doigt le manque de coordination entre les intervenants. Une faiblesse dans la coordination qui rend plus difficile et moins efficace le travail des éléments de la Protection civile.
Cette session extraordinaire intervient en effet à un moment où toutes les énergies et toutes les idées doivent converger vers des mesures d'urgence destinées à éviter à la région la catastrophe. Le risque est grand dans les prochains jours et les prochaines semaines avec des pics de chaleurs inévitables. L'été ne fait que commencer et l'ampleur prise par les incendies de la semaine dernière n'est qu'un aperçu et un avant-goût de ce qui attend les populations si des mesures urgentes et efficaces au niveau local d'abord, ne sont pas prises.
Des statistiques qui confirment la rumeur. Parmi les conséquences du manque de coordination que l'APW pointe du doigt, figure le manque de statistiques. Aujourd'hui, faute de statistiques actualisées et fiables, la population ne trouve recours que dans la rumeur. Des rumeurs qui, malheureusement informent plus en avance que les organismes officiels chargés des statistiques. Le danger, en fait, ne réside pas dans l'absence de l'information en elle-même, mais c'est plutôt dans le fait que la population, à ce rythme, finit toujours par donner plus de crédibilité à la nouvelle propagée par la rumeur. Et, la rumeur est dangereuse dans la mesure où elle peut être utilisée à des fins occultes.
Tebboune à Tizi Ouzou?
De ce fait, les autorités se doivent de réagir au plus vite et de manière efficace, pour soulager la détresse des populations qui se sentent frustrées et abandonnées.
De la volaille en dizaines de milliers, voire des animaux d'élevage ovin et surtout bovin, voire domestiques, des arbres fruitiers, des milliers de ruches, des maisons et des biens de citoyens ont été détruits par les flammes.
On croit savoir que le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune s'est sérieusement penché sur la situation et aurait demandé un bilan chiffré des dégâts qui s'annoncent déjà énormes. Selon nos sources, le Premier ministre envisagerait de se rendre en Kabylie après avoir reçu toutes les données concernant cette catastrophe. Parlant des bilans et des chiffres justement, il convient de relever une terrible défaillance de la part de toutes les structures de la wilaya de Tizi ouzou. Jusqu'à hier, il n'y avait à la disposition de la presse que les bilans pratiquement quotidiens de la Protection civile, seul intervenant à donner de l'importance au volet communication. Mais la Protection civile ne peut pas compter les blessés parmi les morts. Car lorsque les éléments évacuent une victime qui étouffe ou brûlée en urgence à l'hôpital, la cellule de communication ne peut la compter que parmi les blessés ou les personnes incommodées. Aucun intervenant ne prend le relai par les statistiques car la victime peut succomber et doit être comptée parmi les décès. Et c'est justement la vraie information qui est récupérée et propagée par la rumeur en gagnant plus de crédibilité. Jusqu'à hier dans l'après-midi aucune statistique n'était disponible pour informer des pertes subies par les agriculteurs, les éleveurs et autres activités économiques. Pourtant, sur la place publique, les témoignages des agriculteurs eux-mêmes confirment les pertes de cheptel et d'arbres fruitiers. Un sérieux problème que les élus se verront sans nul doute contraints de débattre ce mercredi et trouver obligatoirement des solutions urgentes.
L'Autre n'est pas toujours responsable de nos malheurs Alors qu'un autre pic de chaleur est annoncé à partir d'aujourd'hui lundi, la place publique regorge de thèses aussi invraisemblables que paranoïaques, sur l'origine des départs de feu. Mais, elles deviennent de plus en plus nombreuses, les personnes qui prennent conscience qu'il est désormais nécessaire de sortir de la paranoïa ambulante. Des incendies d'origine criminelle existent, nombreux, mais il en existe d'autres qui prennent car les champs ne sont pas débroussaillés. L'écrasante majorité des gens, de nos jours, ne procèdent jamais au débroussaillement. Les terres sont en jachère et recouvertes de broussaille. Si une forêt est décimée par le feu, ce n'est pas toujours la faute à l'Autre «qui ne nous aime pas».
Un sursaut salvateur
Les gens sont en train de prendre conscience de l'inutilité de ce genre de thèses farfelues. Beaucoup, à travers les communes, appellent à regarder vers soi-même. Beaucoup de réflexes qui étaient, autrefois, faits par nos aïeux ne sont plus de mise aujourd'hui.
Chaque début de saison, les gens procédaient aux travaux routiniers mais combien nécessaires justement pour éviter ces catastrophes. En début d'été ou en fin de printemps, les villageois procédaient au débroussaillement des champs. Les élus locaux sont interpellés. Ils peuvent agir en urgence. L'été ne fait que commencer. Il n'est pas trop tard pour une intervention salutaire. La session extraordinaire peut être un tournant décisif pour un basculement des choses. Concertées, des actions d'urgence peuvent en effet être lancées à travers les communes.
Avant les pics de chaleur prochains, les travaux de réouverture des pistes agricoles et les routes ouvertes dans les forêts pouvant faciliter l'intervention des moyens de la Protection civile peuvent être lancés en urgences. Ces voies abandonnées sont indispensables dans la prévention et l'extinction à temps des incendies qui peuvent dévaster les forêts qui restent. Par ailleurs, de nos jours, rares sont les communes où les travaux où les services de la voirie se chargent de la collecte des amas de bouteilles en verre qui recouvrent nos routes et les champs environnants. Vu la situation qui prévaut, une opération d'urgence peut être lancée par les élus au niveau local en collaboration avec les citoyens.
Enfin, il est évident que jusqu'à hier, c'est tout le monde qui a la parole à propos des incendies, mais seul les éléments de la Protection civile sont sur le terrain. Dans certains cas les éléments de l'ANP et des services de sécurité se joignent tout comme les citoyens qui tentent d'éteindre certains incendies encore maîtrisables. Les élus, dont le rôle est quotidien durant toute l'année, sont invisibles sur le terrain. La session extraordinaire peut s'avérer comme un sursaut salvateur pour peu que la coordination et la collaboration priment sur d'autres considérations. L'espoir est encore permis.


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