Au Venezuela, les jours se suivent et se ressemblent depuis quatre mois où oppostion et pouvoir s'affrontent sans merci Une semaine décisive s'ouvrait hier dans la crise au Venezuela, où l'opposition multiplie les initiatives pour tenter de bloquer l'élection prévue le 30 juillet de l'Assemblée constituante voulue par le président Nicolas Maduro. L'opposition a appelé dimanche au boycott de l'élection de l'Assemblée constituante et a réitéré son appel à une grève de 48 heures demain et jeudi et à un grand défilé à Caracas vendredi, deux jours avant l'élection des 545 membres de cette assemblée censée réécrire la Constitution. L'opposition appelle en outre la population à manifester dès ce lundi devant les centres électoraux. «La lutte doit se poursuivre, le peuple vénézuélien doit déclencher la grève générale, venir à Caracas et préparer le boycott civique», a lancé Freddy Guevara, vice-président du parlement, où l'opposition est majoritaire. M. Guevara s'adressait à la presse au nom de la Table de l'unité démocratique (MUD), la coalition de l'opposition. C'est «un boycott civique, sans armes, sans violences, mais avec détermination. Que personne n'imagine que nous allons nous laisser asservir sans combattre», a-t-il déclaré. «Ce n'est pas le moment de se rendre ou de paniquer, nous sommes à des heures décisives pour l'avenir de notre pays». «Qu'il soit clair pour Maduro et pour l'armée - soutien clé du gouvernement - que nous n'allons pas céder, que nous n'allons pas permettre que l'on impose une fraude constituante au peuple», a ajouté M. Guevara. L'opposition considère que les modalités prévues pour l'élection des membres de l'assemblée ne sont pas équitables et favorisent le camp chaviste (du nom d'Hugo Chavez, président de 1999 à son décès en 2013, dont Nicolas Maduro est l'héritier). Et quelque 70% des Vénézuéliens sont opposés à l'assemblée constituante, selon l'institut de sondage Datanalisis. Les principales centrales syndicales ont apporté leur soutien à la mobilisation lancée par l'opposition. «Cela va au delà des revendications syndicales», a déclaré dimanche la dirigeante syndicale Marcela Maspero. «C'est une grève historique qui tente d'arrêter la tyrannie». Simultanément, la pression internationale sur Caracas augmente. Washington menace le président Maduro de sanctions, et plusieurs gouvernements d'Amérique latine et d'Europe l'ont appelé à renoncer à son assemblée constituante. Mais le président vénézuélien, dont le mandat s'achève en janvier 2019, a réaffirmé sa détermination, sommant l'opposition de «respecter le droit du peuple à voter librement» et «sans violence». «Le peuple n'accepte pas les menaces, le peuple se prépare à donner une raclée à cette droite menaçante, violente, fasciste» et à «l'impérialisme», a déclaré M. Maduro lors de son émission hebdomadaire sur la chaîne de télévision publique VTV. Dans un registre plus léger, M. Maduro a présenté sur VTV un remix de la chanson «Despacito», un tube mondial, pour promouvoir l'élection de l'assemblée constituante. Le président a une nouvelle fois accusé les Etats-Unis d'être derrière la crise vénézuélienne. «Depuis l'extérieur, la droite impériale croit qu'elle peut donner des ordres au Venezuela, mais ici le seul qui donne des ordres, c'est le peuple», a-t-il dit. L'opposition organise depuis près de quatre mois des manifestations presque quotidiennes contre M. Maduro, dont elle réclame le départ du pouvoir. Depuis le début de cette vague de manifestations, 103 personnes ont été tuées et des milliers blessées, et des centaines d'arrestations ont eu lieu. Une grève générale de 24 heures convoquée par l'opposition a eu lieu jeudi et vendredi derniers. La MUD a assuré qu'elle avait été suivie à 85%, alors que M. Maduro et d'autres responsables gouvernementaux ont affirmé qu'elle avait été un échec. L'opposition a lancé vendredi une autre initiative contre le pouvoir en élisant une Cour suprême parallèle. L'opposition, qui contrôle le Parlement depuis les élections législatives de décembre 2015, ne reconnaît pas la légitimité de l'actuel Tribunal suprême de justice (TSJ, Cour suprême).