Crise - L'opposition vénézuélienne a appelé hier à une grève générale de 24 heures ce jeudi, au lendemain du vote massif de 7,2 millions de personnes lors d'une consultation symbolique contre le projet du président Nicolas Maduro de refonder la Constitution. «Nous appelons tout le pays ce jeudi à une grève générale massive et sans violence de 24 heures afin d'exercer une pression (sur le gouvernement) et de se préparer à l'escalade définitive de la semaine prochaine», a déclaré l'opposant Freddy Guevara, vice-président du Parlement. En effet, l'opposition vénézuélienne est sortie regonflée de ce vote, qui a été endeuillé par la mort d'une femme, tuée par des hommes armés à moto devant un bureau de vote à Caracas. Forte donc de ce succès, la coalition à l'origine du scrutin, la Table de l'Unité démocratique (MUD), compte désormais freiner le projet de Constituante lancé par le président, et provoquer des élections anticipées avant la fin du mandat de M. Maduro en décembre 2018. La Constituante, dont les 545 membres doivent être élus le 30 juillet, vise officiellement à apporter paix et stabilité économique au pays. Mais l'opposition pense qu'elle servira à contourner l'Assemblée nationale, où elle détient la majorité depuis 2016 après 17 ans de domination chaviste - du nom d'Hugo Chavez, président de 1999 à sa mort en 2013, dont Nicolas Maduro est l'héritier- et à instaurer une «dictature». Le Parlement est donc le seul organe du pouvoir vénézuélien contrôlé par les antichavistes. Et dans le cadre de l'«offensive» de l'opposition contre le chef de l'Etat, les élus comptent nommer vendredi de nouveaux magistrats à la Cour suprême (TSJ), accusée de servir le pouvoir. Les membres de la coalition vont également signer, demain, un accord en vue de la formation d'un futur «gouvernement d'union nationale». En outre, Freddy Guevara a redit que l'opposition était prête à dialoguer, à condition toutefois que le gouvernement renonce à l'élection des 545 membres de la Constituante, prévue le 30 juillet. Après plus de trois mois de manifestations violentes qui ont fait 96 morts dans ce pays en crise, la MUD espère provoquer des élections anticipées avant la fin du mandat de M. Maduro en décembre 2018. Pour le scrutin du 30 juillet, le gouvernement devra éviter une faible participation le 30 juillet car la Constituante aurait alors une «légitimité» amoindrie. Selon Datanalisis, 70% des Vénézuéliens rejettent le projet. La consultation symbolique de dimanche, considérée par el gouvernement «illégale», a reçu le soutien des Nations unies, des Etats-Unis et de plusieurs gouvernements d'Amérique latine et d'Europe.