Rencontre entre Fayez Al-Sarraj et Khalifa Haftar Le Premier ministre libyen et l'homme fort de la Cyrénaïque se sont engagés à faire taire les armes et ramener la paix dans leur pays menacé par le chaos et plus morcelé que jamais. Les cartes se sont tellement brouillées depuis l'élimination de l'ex-homme fort de l'ex-Jamahiriya, Mouaâmar El Gueddafi, qu'il est devenu pratiquement impossible de voir l'esquisse d'une solution politique au conflit libyen. L'initiative du président français Emmanuel Macron, qui a réussi à mettre autour de la même table deux de ses principaux protagonistes, signe-t-elle pour autant le début du dénouement de cette crise nichée au coeur du Maghreb? Pas si sûr même si l'espoir qu'elle a suscité est avéré. Le Parlement libyen a salué, par la voix de son conseiller de presse, la rencontre entre Al-Sarraj et Haftar et l'accord auquel ils sont parvenus quant à un cessez-le-feu et à l'organisation d'élections en mars 2018, soulignant que «la mise en oeuvre de l'accord doit passer par le Parlement et une commission de dialogue». La Commission nationale libyenne des droits de l'homme a, pour sa part, salué la teneur de la déclaration conjointe publiée à l'issue de la rencontre qualifiant ses résultats de «très positifs et importants dans le processus de règlement de la crise politique et pour la réussite de l'accord politique libyen», signé en décembre 2015, nous dit-on. Des déclarations de circonstance? Certainement pas. Sauf que les ingrédients d'une issue à la crise, qui n'ont pas encore ouvert les portes du dialogue. La réconciliation entre les parties belligérantes, du moins celles sur lesquelles sont braqués les feux de la rampe, donne la nette impression d'être encore du domaine de l'espérance. Et personne ne trouvera à en redire. Les deux hommes qui ont affiché le 25 juillet à la Celle- Saint-Cloud en France leur volonté à oeuvrer conjointement pour sortir leur pays du chaos, en appelant à un cessez-le-feu et à l'organisation rapide d'élections au printemps prochain sont, justement, taxés de frères ennemis. Leurs positions sont aussi éloignées que l'est le ciel de la terre. Fayez al-Sarraj chef du gouvernement d'entente nationale (GNA) reconnu par la communauté internationale, peine à asseoir son autorité en dehors de Tripoli alors que son rival, le maréchal Haftar, homme fort de l'est du pays, n'a aucune emprise sur les groupes armés qui pullulent à travers le territoire libyen. Depuis la chute de l'ex-guide de la révolution libyenne tué le 20 octobre 2011, la Libye a sombré dans le chaos. Des groupes rivaux ainsi que des myriades de milices imposent leur loi à travers un territoire morcelé qui, de surcroît, est devenu une base arrière pour les troupes de Daesh vaincues en Irak ou en Syrie et qui ont trouvé dans les pays voisins, la Tunisie en particulier, un terrain de prédilection pour les mettre à feu et à sang. Ce qui renseigne sur la complexité du conflit libyen. L'accord «arraché» par Emmanuel Macron n'en dessine pas en tous les cas l'issue. Pour que le puzzle puisse être reconstitué complètement, la participation de tous les acteurs du conflit est incontournable pour sortir la Libye de la confrontation armée et marcher vers la paix. Une position défendue par l'Algérie qui a redoublé d'efforts pour que ce pays voisin retrouve sa stabilité. Le chef de la diplomatie l'a réitéré à travers l'entretien téléphonique qu'il a eu avec le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian dans la foulée de la déclaration du Premier ministre libyen Fayez el-Sarraj et du maréchal Haftar. «L'Algérie poursuivra ses efforts pour accompagner les parties libyennes dans leur quête de retour à la paix et à la stabilité, dans ce pays frère et voisin, à travers le dialogue inclusif et la réconciliation nationale» a assuré Abdelkader Messahel. Une nouvelle invitation au dialogue sans exclusive. Peu importe le chemin qui y mène pourvu que la Libye puisse retrouver la sérénité.