Le président du Conseil présidentiel libyen sera reçu par le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune et le ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel. L'accord de la Celle-Saint-Cloud (France) est-il mort- né? Les déclarations de l'homme fort de l'Est libyen, un de ses signataires, tendent à le faire croire. Fayza Al Sarraj «doit parler dans le cadre de ses compétences et loin des fanfaronnades inutiles. Il ne possède que le verbe», a asséné le maréchal Haftar dans un entretien diffusé par France 24 au lendemain d'un «deal» conclu avec le chef du gouvernement libyen. La venue de ce dernier aujourd'hui à Alger constituerait dans ce cas à effacer ce «faux pas», ce faux espoir à la paix. L'Algérie qui est en première ligne dans la recherche d'une solution politique à la crise libyenne est toute désignée pour le faire renaître. Pas question qu'elle se fasse court-circuiter. La visite du Premier ministre libyen va donc certainement lever le voile sur l'initiative française. Elle intervient, en effet, dans le sillage de la rencontre qui a eu lieu en Ile-de-France entre Fayez al Sarraj chef du gouvernement d'entente nationale (GNA) reconnu par la communauté internationale et le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'est du pays à la tête d'une armée nationale libyenne autoproclamée. Une rencontre qui a débouché sur l'engagement des deux hommes à faire taire les armes et ramener la paix dans leur pays menacé par le chaos et plus morcelé que jamais. Une initiative pilotée par le président français Emmanuel Macron qui est soupçonné de vouloir faire cavalier seul dans la recherche d'une solution à la crise libyenne. Préoccupés, les Italiens qui figurent parmi les pays en première ligne, ont souligné «l'importance que toute future initiative sur la Libye soit reconduite dans le cadre des Nations unies» par la voix de leur ministre italien des Affaires étrangères, Angelino Alfano. Les Algériens aussi soucieux se sont abstenus de ce type de réaction. Il n'est par contre pas exclu que les «explications» que donnera le dirigeant libyen sur la démarche de la France, qui porte une responsabilité historique dans l'état où se trouve aujourd'hui la Libye, aux responsables algériens, s'inscrive dans cette veine. Le président du Conseil présidentiel libyen sera reçu par le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune et le ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel. L'escale d'Alger comme première destination après l'accord Al Sarraj-Haftar, déjà fissuré, indique que le poids de la diplomatie algérienne dans la recherche d'une solution politique à la crise libyenne, loin de toute intervention étrangère et dans le cadre d'un dialogue inclusif demeure intact. Sans tambour ni trompette l'Algérie a redoublé d'efforts pour ramener la paix en Libye. L'Algérie, qui a toujours prôné une solution politique au conflit qui la secoue, ne désespère pas de voir ce grand pays voisin, à sa frontière est, renaître de ses cendres. Ce fut le but de la tournée effectuée du 19 au 21 avril dernier par l'ex-ministre des Affaires maghrébines à l'est et à l'ouest de la Libye. A Baïda, Benghazi, Zintan, Misrata et Tripoli plus précisément. Il avait atterri à Ghat, au sud de l'ex-Jamahiriya, première escale d'une tournée dans la région du Fezzan. Sa mission: rapprocher les vues et les positions des parties libyennes en conflit. En plus des entretiens qu'il a eus avec les responsables de la ville de Ghat, il a rencontré les parlementaires et les notables de la région du Fezzan au sud libyen. La délégation conduite par Messahel avait été accueillie à sa descente d'avion par les autorités de cette ville voisine de la ville algérienne de Djanet et des représentants des tribus de la région. Cette nouvelle visite «s'inscrit dans le prolongement des efforts de l'Algérie visant à rapprocher les positions des parties libyennes en vue d'une solution politique à la crise à travers le dialogue inclusif inter-libyen en Libye et la Réconciliation nationale», avait indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères. La position de l'Algérie n'a pas bougé d'un iota depuis. Fayez Al Serraj aura l'opportunité de s'en rendre compte à nouveau aujourd'hui.