Le ministère de l'Industrie a l'intention de porter un coup fatal à des filières qui commencent à s'internationaliser. Le ministère de l'Industrie et des Mines dit avoir l'intention de mettre de l'ordre dans les filières industrielles qui usent du SKD/CKD dans leur process de production. Le document qui résume l'étude réalisée par le département de Bedda est un véritable réquisitoire contre une démarche approuvée par l'Etat, il y a plus de 17 ans. En effet, «plusieurs dysfonctionnements depuis sa mise en oeuvre en 2000» sont mis en exergue par le document rendu public hier. L'ampleur de la «catastrophe» amène le premier responsable de l'industrie nationale à affirmer l'urgence «de revoir en profondeur la politique des avantages fiscaux accordés dans le cadre du dispositif SKD/CKD, qui a non seulement, diminué les recettes budgétaires de l'Etat mais aussi les réserves de changes, sans atteindre les objectifs prévus». Pour le ministre donc, la soixantaine d'opérateurs économiques versés dans le SKD/CKD prennent bien plus qu'ils ne donnent à la collectivité nationale. Dans son réquisitoire, le ministère estime très faible le nombre d'emplois créés. Ils ne sont que 20.000 travailleurs chargés d'assembler des composants importés. Cela fait une moyenne de 333 emplois pour chaque unité d'assemblage. Le ministre trouve ce chiffre en deçà des attentes. L'autre grief retenu contre le dispositif tient au taux d'intégration estimé à 20%, hors industrie automobile. Cela, en sus du taux de couverture du marché national qui n'est, selon l'étude ministérielle que de 35 à 40%. «Je tiens à préciser d'abord que l'intégration n'est pas une fin en soi. Elle n'a de sens que si elle contribue à l'amélioration de la compétitivité des entreprises», note Bedda qui pointe du doigt les résultats décevants de 17 années de pratique du SKD/CKD. Surtout pour ce qu'il a coûté au Trésor public, dont le manque à gagner «était évalué à plus de 40 milliards de DA pour l'année 2016 et à plus de 27 milliards de DA pour l'année 2015», note le communiqué du ministère de l'Industrie et des Mines. Cela pour les arguments de Mahdjoub Bedda. Il se trouve, cependant, que le raisonnement du nouveau ministre comporte quelques contradictions. Même s'il aligne les chiffres négatifs en matière de factures d'importation ou de droits de douanes non recouvrés en raison des avantages accordés aux opérateurs, le ministre avance «l'argument massue» des exportations qu'il dit dérisoires. Il a en fait bien raison, puisque 60 entreprises ne peuvent pas faire des miracles. Quant aux exportations à proprement parler, les chiffres déroulés par le ministre montrent une progression significative d'année en année. En effet, tout en considérant que «les exportations sont restées quasi nulles», celles-ci ont été de «45019 dollars en 2014, 69239 dollars en 2015 et 314185 dollars en 2016. Pour les cinq premiers mois de 2017, ce montant est estimé à 146922 dollars», lit-on dans le communiqué. La courbe est ostensiblement haussière. C'est-à-dire que le ministère de l'Industrie a l'intention de porter un coup fatal à des filières qui commencent à sinternationaliser. En leur coupant les avantages fiscaux et douaniers, le ministère ne fait ni plus ni moins que tuer dans l'oeuf une dynamique naissante. Ainsi, ce qui vaut pour l'automobile, vaut aussi pour l'électroménager et l'électronique.