Cette révolte virtuelle a commencé, rappelons-le, par une page facebook appelant à éradiquer de façon définitive le bikini La campagne «pro-bikini» a donné lieu à plus d'une dizaine d'articles dans la presse française. L'histoire de la «révolte des bikinis» en Algérie déchaîne les passions de la presse française. La prétendue baignade républicaine qui est depuis quelque temps largement relayée sur les réseaux sociaux, a en effet donné de la matière à de nombreux médias français. Cette révolte virtuelle a commencé, rappelons-le, par une page facebook appelant à éradiquer de façon définitive le bikini sur les plages de la wilaya de Annaba. Suite à ça un autre groupe riposte en lançant de son côté un appel à une «baignade républicaine», c'est-à-dire que toutes les filles et les femmes sont invitées à se baigner en bikini. Il n'en fallait pas plus à nos amis gaulois pour surmédiatiser cette histoire qui a été l'un des centres d'intérêt de pas moins de 11 journaux et une info au JT de France 3. Cependant c'est Le Provincial, un journal régional paraissant à Annaba qui donne le ton dans son article publié le 10 juillet dernier faisant savoir que «sur les réseaux sociaux, des milliers de jeunes ont choisi de lancer une campagne contre le bikini». Indiquant en outre que celui-ci devra être remplacé par le «burkini» sans lequel les femmes risquaient de se faire agresser verbalement et même physiquement, au nom de la religion. Le journal ajoute qu'à Annaba «un groupe constitué de 2 876 femmes, s'organise chaque semaine sur les réseaux sociaux pour protester de manière pacifique en se baignant en maillot de bain sur les plages de la ville». A peine trois jours après cette publication, le journal français Marianne s'empare de l'information publiant un article soulignant que «en Algérie ces femmes militent pour pouvoir enfin se baigner sans être harcelées sexuellement», le récit de la journaliste s'est bien sûr inspiré de l'article paru dans Le provincial. «Alors qu'elle est sur une plage payante à Skikda, à environ 80 km à l'ouest de Annaba, une équipe de handball féminine arrive. Les joueuses sont en maillot de bain». C'est alors que sur la plage, un homme s'énerve en les voyant et dit à sa femme, en burkini: «Viens, on rentre!». Elle tente de le convaincre de rester, mais il s'emporte et renverse les affaires posées sur la table à côté de lui. Lorsque son épouse lui demande de les ramasser, il lui répond: «Non. Le personnel ne me respecte pas en laissant entrer des filles nues sur la plage, donc je ne le respecte pas non plus», est-il écrit. Après lecture, on ne peut pas exactement dire qu'il y a eu harcèlement sexuel, chose que Marianne a choisi de mettre en évidence. Le 18 juillet 2017, c'est au tour de L'Observateur d'en remettre une couche avec «Algérie: la contre-attaque des bikinis a commencé», en reprenant Le Provincial qui a cité les témoignages de «Sara» qui est le pseudo d'une féministe à Annaba, qui est en fait la créatrice du «groupe secret», qui, selon les journalistes et facebook compterait apparemment 1500 membres en une semaine avant d'atteindre 3260 deux semaines plus tard. Et donc, selon L'Observateur, l'objectif visé en plus d'une organisation d'une baignade républicaine, est de «changer la société profondément et en douceur». Le journal poursuit encore que l'initiative de Sara est partie d'une mauvaise expérience vécue à la plage. «Fin juin, au lendemain de l'Aïd - fête célébrant la fin du Ramadhan, elle se rend à la plage en famille. C'est la seule femme présente. Elle n'ose pas se dévêtir afin d'éviter toute agression verbale ou physique. De retour à son domicile, elle crée un groupe secret sur facebook où des membres de sa famille sont invités à se rassembler en maillot, à la plage», est-il écrit. Après le témoignage de Sara, c'est celui de Souad, âgée de 53 ans que rapporte le même média, écrivant que c'est depuis la France que Souad rejoint le fameux groupe secret. Souad explique qu'elle en avait «marre de nager entre des voiles et des foulards». Mais attention, Souad n'est pas un monstre. «Un jour, alors qu'elle fait du pédalo avec son fils au large d'une plage de Annaba», elle a sauvé une femme en train de se noyer qui s'accrochait «à leur bateau». «Elle portait 100 kilos de fringues sur elle», se rappelle Souad, interloquée, rapporte la journaliste de L'Observateur par la voix de Souad. Les mêmes témoignages ont été rapportés par d'autres médias tels que Madame Le Figaro, Marie Claire, LCI, RFI, BFM TV, Le Parisien», Elle, VSD, France TV Info. Sur Le Point d'Afrique, dans son analyse des secrets de la campagne pro-bikini, le journaliste estime que cette campagne n'est pas simplement un buzz. Bien au contraire, l'opération «baignades républicaines s'est étendue sur plusieurs stations balnéaires de la côte». Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette «révolte virtuelle» a vite pris des proportions démesurées chez les journalistes français qui en ont fait leurs choux gras.