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Un flux de vacanciers peu profitable
SAISON ESTIVALE À BEJAIA
Publié dans L'Expression le 10 - 08 - 2017

Pour avoir sa place de choix, il faut réserver au minimum deux mois avant
La circulation automobile est-elle un indice d'une bonne saison estivale? La réponse des opérateurs est implacable.
Il y a beaucoup de monde sur les routes de Béjaïa. Les stations balnéaires étouffent sous le poids des automobilistes. Il est vrai que toutes les immatriculations du pays sont là, mais à quelle fin? Les opérateurs économiques sont catégoriques. Leurs établissements affichent rarement complet et ce, en dépit de la baisse des prix décidée pour tenter de sauver leur saison.
Les «bons touristes», ceux qui ont de l'argent à dépenser partent ailleurs. Reste la catégorie populaire, qui encombre les stations balnéaires sans pour autant profiter à ceux qui créent des richesses et de l'emploi et engendrent une fiscalité importante pour la wilaya. Triste réalité pour une région dont la réputation remonte à la nuit des temps. Triste saison pour Béjaïa et son économie. Tichy, nous sommes mercredi 9 août. Il n'y a pas si longtemps, les hôtels de cette ville, dont la renommée dépasse les frontières du pays, affichent complet en cette période. Pour avoir sa place de choix, il faut réserver au minimum deux mois avant. Aujourd'hui, les places sont disponibles à gogo. Si l'espace existe dans les hôtels, c'est loin d'être le cas sur les routes et les plages. Il y a certes des estivants. Le nombre de voitures, avec leur arrivée, ne fait qu'augmenter. Mais dans quel intérêt? Un hôtel, tout aussi réputé que celui de la ville atteint rarement le pic de 75% et dire qu'il y a quelques années, les places n'étaient pas données. En dépit de la baisse des prix des locations et des nombreuses commodités mises à la disposition des touristes, le chiffre d'affaires ne cesse de reculer. Une partie de l'hôtel est flambant neuf avec l'ouverture d'un sauna, d'une piscine.
Les vrais touristes sont ailleurs. Ils profitent aux économies des autres pays. Normal, dit-on en coeur, l'absence d'une véritable politique touristique, qui s'illustre avec le peu de considération dans nos aéroports et ports, la mauvaise répartition des espaces pour ne pas dire l'anarchie qui y règne, ajoutées aux interminables polémiques autour du bikini et le voile pénalisent un peu trop le vrai tourisme, celui destiné au repos et à la villégiature. Alors on préfère aller vers d'autres cieux, où l'on ne ferme pas les routes, où l'on ne s'en prend pas aux femmes et on ne squatte pas les espaces publics. En face du carrefour principal de la ville, un autre établissement atteint des pics de 100% grâce à la publicité faite autour des offres promotionnelles proposées. Il est unique dans ce cas eu égard au climat qui règne dans d'autres établissements en allant vers la ville d'Aokas. Il nous aura fallu plus d'une heure pour traverser la ville. Des camions par-ci des véhicules légers par-là. Pare-choc contre pare-choc, on finit par atteindre l'autre bout de la ville. Ça se libère enfin mais pas pour longtemps car arrivés à Bakarou un autre goulot d'étranglement se forme et c'est encore au ralenti que nous avançons.
Aokas, un nuage de fumée vous accueille. La décharge au bord de la mer brûle tout le temps et c'est juste avant que se trouve un complexe touristique. Ce joyeux possède toujours des places et attend ses clients. Bien que les prix affichés restent inchangés par rapport à l'an passé, les clients sont toujours attendus et les responsables de l'hôtel ne désespèrent pas de voir le grand flux arriver.
De retour à Béjaïa, on est frappé d'emblée par la circulation automobile. Le premier encombrement se forme à l'entrée de la ville. Au pont Skala, il vous faut une heure pour atteindre la ville et plonger de nouveau dans des goulots d'étranglement au moindre carrefour. Les feux tricolores n'ont pas apporté le changement souhaité. Aux carrefours Daouadji, Aâmriou, la route des Aurès, la cité Sghir, Iheddaden, c'est toujours l'enfer. Entre Iheddaden et la RN 24, le boulevard est coupé par quatre ou cinq autres voies perpendiculaires, avant d'atteindre la trémie de Aâmriou et la RN 24. C'est une affaire d'au moins une heure de temps pour parcourir entre cinq et six kilomè-
tres. Pour traverser le carrefour de Aâmriou vers la côte ouest, il faut avoir des nerfs d'acier et ce ne sont pas les policiers sur place qui peuvent améliorer la situation. Sur la côte ouest, Boulimat, Saket et Tighremt, le système d'hébergement en vogue est la location de cabanons. Les spéculateurs se sont fait avoir cette année. Après avoir loué toutes les propriétés privées, ils ont peiné à faire le plein. A 20 jours de la rentrée, ils décident de baisser les prix pour juste rentrer dans leurs frais. En tout état de cause, la saison estivale actuelle reste différente de ses précédentes. Autant par le flux que par la fréquentation. Si les opérateurs font l'effort de s'adapter aux mutations et surtout coller aux pratiques qui attirent les Algériens dans d'autres pays, il reste que les pouvoirs publics, notamment les APC ne jugent pas utile de changer les moeurs. On ne fait que recommencer les politiques qui ont prouvé leurs limites tant au niveau des plans de circulation, de la collecte des ordures, de la gestion des espaces publics, bref rien de nouveau à même de donner envie de passer son séjour à Béjaïa


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