Bruits de bottes dans la péninsule coréenne. Qui c'est le plus fort? Comme deux garnements en mal de «redjla» le président états-unien, Donald Trump et son homologue nord-coréen, Kim Jong-Un, se lancent à la figure des menaces, jurant sang et carnage. Alors que le premier promet le «feu et la colère», le second se dit prêt à «effacer» Guam de la carte du monde. De fait, c'est la première fois dans les annales politiques et diplomatiques que l'on assiste à de tels assauts de haine de la part de deux personnalités qui occupent le haut du pavé dans leurs pays respectifs, oublieux de la nécessité de raison garder. Cela fait peur au monde qui s'inquiète de possibles dérapages incontrôlés de deux hommes qui mettent ainsi la sécurité de la planète en danger. Réagissant aux foucades de Trump et de Kim, la chancelière allemande, Angela Merkel, mettait en garde, vendredi, indiquant: «Je ne vois pas de solution militaire à ce conflit.» De son côté, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, ne cachait pas son appréhension, se disant «très inquiet» des risques de conflit «très élevés» entre les Etats-Unis et la Corée du Nord. Les propos bellicistes des deux hommes, ont de fait animé le week-end, laissant pantois observateurs et analystes. En vacances dans sa propriété du New Jersey, le milliardaire états-unien, en capitaliste sûr de lui et de ses droits, mène, depuis son golf de Bedminster, sa guerre de mots contre Kim Jong-Un. On aurait compris que Trump invite son irascible homologue nord-coréen à venir vider la querelle autour d'un parcours de golf histoire de voir qui réalisera la meilleure approche (coup court qui permet d'envoyer la balle sur le green) et réussir un «bijou» (le coup parfait). A moins que Kim Jong-Un, mauvais golfeur, ne veut pas accumuler les «air shot (coups ratés) et refuse d'affronter Donald Trump sur son terrain de prédilection. Certes, nous n'en sommes pas là, et les deux hommes semblent plutôt préférer faire joujou avec leurs bombinettes, atomiques de préférence. Donald Trump en remettait une couche, vendredi, déclarant depuis son golf de Bedminster: «Si la Corée du Nord fait quoi que ce soit - ne serait-ce qu'en songeant à attaquer des gens que nous aimons, ou nos alliés, ou nous-mêmes - ils devront vraiment s'inquiéter.» Toutefois, ce sont finalement les déclarations des militaires états-uniens qui inquiètent réellement et donnent une consistance à cette étrange querelle. Ainsi, le porte-parole du Pentagone, le colonel Rob Manning, assurait à une agence de presse: «Nous maintenons un état de préparation optimum pour faire face à la menace nord-coréenne conjointement avec nos alliés et partenaires dans la région.» Or, avec les militaires ce n'est plus de jeux ni de l'humour noir, qui prennent les choses au pied de la lettre et sont prêts à en découdre et à déclencher l'apocalypse, juste parce que deux mégalomanes ne se satisfont plus de s'envoyer les mots à la face, préférant se les dire par bombes atomiques interposées. La haine, la rancune, peuvent pousser à appuyer sur le bouton rouge. C'est vite fait et c'est définitif. En fait, les règles de la guerre et de la diplomatie sont bafouées par deux hommes coléreux et paranoïaques, plus soucieux de montrer leurs puissances que d'utiliser cette puissance pour instaurer la paix et la sécurité. Le président états-unien qui bouleversa les convenances politiques depuis sa prise de pouvoir [gérant le pays et la politique des Etats-Unis, par Twitter à partir de ses résidences (il a reçu au printemps le président chinois, Xi Jinping en Floride), et même de son golf de Bedminster] n'arrive pas à entrer dans son rôle de président, se comportant toujours en businessman, près de ses sous, chiche de ses efforts pour la sécurité de tous [il quitta avec fracas les accords de Paris sur le climat] et rancunier. Ressentiment que de fait il partage avec Kim Jong-Un, qui semble avoir des revanches à prendre sur le sort et particulièrement les Etats-Unis et son frère ennemi sud-coréen. Cela donne les surenchères et échanges d'amabilités depuis une semaine entre Trump et Kim auxquelles le monde assiste ébahi. Mais ce sont là des politiques de courtes vues, qui ne font que mener à l'impasse et à l'inconnu. Autant Kim Jong-Un est parfaitement capable de mettre à exécution son insensé projet ciblant la base militaire de Guam dans le Pacifique, autant Trump peut se montrer tout aussi doué en larguant des bombes sur Pyongyang. Les deux hommes semblent vivre dans un monde virtuel où tout est permis y compris l'anéantissement de notre monde. Aussi, la Chine a beau appeler à la retenue, ni Kim ni Trump ne l'écoutent. Ce dernier rejetant insolemment, la demande de Pékin de «négocier» une solution, proposée à plusieurs reprises en vain, un double moratoire pour désamorcer la crise. Pour les lubies de deux paranos, c'est le monde qui se trouve au bord de l'abîme.