L'Agence internationale de l'Energie accuse les pays producteurs (opep-non-Opep) de ne pas respecter les quotas de leur baisse de production, mais épargne les Américains responsables de la surabondance du marché. L'AIE qui roule pour les pays consommateurs ne voit apparemment pas d'un bon oeil la décision des pays producteurs Opep et non-Opep maintenir la baisse de leur production de 1,8 million de barils par jour jusqu'en mars 2018 et peut-être même au-delà si les prix tardaient à se redresser. Quoi de plus normal pour elle. Le niveau actuel des cours de l'or noir arrange les affaires des pays consommateurs dont les intérêts sont défendus par leur bras énergétique armé: l'Agence internationale de l'Energie. En toile de fond de ses critiques qui ont ciblé l'Opep, il y a bel et bien cette guerre des prix dont on tait volontairement le nom. Une démarche qui n'aurait pas été frappée de suspicion si les véritables responsables de la surabondance du marché étaient pointés du doigt. L'Agence internationale de l'Energie qui a revu légèrement à la hausse sa prévision de croissance de la demande mondiale estime que le marché du pétrole est en train de se rééquilibrer. Une conjoncture favorable qui peut être fragilisée par les pays producteurs (opep-non-Opep) qu'elle accuse de ne pas respecter les quotas de leur baisse de production, mais épargne les Américains responsables de la surabondance du marché. «Il y aurait plus de confiance dans la pérennité du rééquilibrage (du marché) si certains producteurs participant aux accords de production ne montraient pas... des signes d'affaiblissement de leur résolution», souligne-t-elle dans un rapport publié le 11 août. Une annonce vite relevée par les experts. «La production de l'Opep dépasse la demande annuelle moyenne, selon les données de l'AIE, ce qui semble indiquer que le marché va avoir du mal à se rééquilibrer rapidement», ont indiqué les analystes du second groupe bancaire allemand, Commerzbank. Ce qui a dû probablement freiner les ardeurs d'un baril qui était sur la montante. «La réaction du marché est toutefois limitée car ces nouvelles informations ne représentent pas vraiment un choc», avait fait remarquer Bart Melek de TD Securities. Les cours du pétrole ont malgré tout clôturé la semaine qui s'est achevée vendredi en légère hausse. Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en septembre, référence américaine du brut, a terminé à 48,82 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), prenant 23 cents par rapport à la clôture de jeudi. Sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre a fini à 52,10 dollars, en hausse de 20 cents par rapport à la veille. Les cours de l'or noir avaient commencé leur dégringolade. Le baril n'avait dû son salut qu'à la baisse de près de 1,8 million de barils par jour décidée le 10 décembre 2016 par l'Opep et ses alliés. Une initiative qui a été rendue possible par l'accord historique d'Alger qui s'est conclu le 28 septembre 2016 en marge du 15ème Forum international de l'Energie dans la capitale algérienne. Un accord défendu bec et ongles par les 13 pays membres de l'organisation et leurs «11 alliés». Les 24 ont d'ailleurs fait le ménage en leur sein en rappelant à l'ordre ses mauvais élèves qui sont depuis rentrés dans le rang alors que son dernier bilan fait état d'une diminution de son offre de plus de 350 millions de barils. Soit au-delà de ce qui était attendu. La résurrection du baril n'est donc pas due à un effet miraculeux. Elle est le fruit des efforts conjugués des pays producteurs Opep et hors Opep pour redresser les cours de l'or noir. Personne n'ignore pourtant que le marché s'est «détraqué» suite au déferlement de la vague de pétrole de schiste américain. Les premiers signes sont apparus vers la mi-juin 2014. Les cours de l'or noir avaient commencé leur dégringolade. L'AIE serait-elle alors en service commandé? Ce n'est pas exclu. Faute de preuves, elle a pour elle le bénéfice du doute. Ce qui est par contre certain, c'est que ce ne sont pas ses prévisions qui ont contribué au rebond des prix du pétrole. Ce qu'elle ne souhaite probablement pas. Un baril à 100 dollars n'arrangerait pas les pays dont elle défend les intérêts. La «guerre» des prix se poursuit.