Les cours du pétrole ont terminé en nette baisse vendredi, les craintes d'un échec de l'accord de réduction de l'offre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) étant ravivées par une production en augmentation. Le baril de light sweet crude (WTI) a perdu 1,25 dollar à 43,41 dollars sur le contrat pour livraison en décembre au New York Mercantile Exchange (NyMex). A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord, a reculé de 1,09 dollar à 44,75 dollars pour le contrat en livraison en janvier sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Il y a eu beaucoup d'informations poussant à une baisse récemment et nous n'avons toujours pas reçu de signal de l'Opep indiquant qu'ils parvenaient à un accord sur les quotas, a commenté James Williams de WTRG. Les membres du cartel se sont mis formellement d'accord en septembre à Alger pour réduire leur production mais ils doivent encore procéder à la difficile répartition des quotas pays par pays pour tenter de finaliser cette décision lors de leur réunion le 30 novembre à Vienne. Pour l'instant aucun pays de l'Opep, mis à part l'Arabie saoudite et ses voisins et alliés du Golfe, n'a exprimé sa volonté d'y procéder. Au contraire, de nombreux pays veulent augmenter leur production, ont rappelé les experts de Commerzbank dans une note. Production en hausse Ce contexte déprime les cours qui ont totalement effacé les gains réalisés dans la perspective de cet accord. La question est de savoir si l'Iran et l'Irak vont accepter une limitation ou une réduction de leur production à la réunion à venir de l'Opep, s'ils ne le font pas je ne pense pas que les Saoudiens le feront eux-mêmes, a ajouté James Williams. Epine supplémentaire dans des négociations déjà ardues, la production cumulée des 14 membres du cartel a atteint le niveau record de 33,64 millions de barils par jour le mois dernier, a indiqué l'Opep dans son rapport mensuel. Cette hausse a principalement été tirée par le Nigeria, le Libye et l'Irak, trois pays en proie à des conflits mais dont la production progresse régulièrement depuis trois mois. Le niveau où ils sont rend la tâche de retomber à 32,5 millions de barils presque impossible et le marché s'en rend compte, a estimé John Kilduff de Again Capital. Pour lui, il est même envisageable que les saoudiens se fâchent suffisamment pour augmenter eux-mêmes leur production afin de punir tous les producteurs qui ont des coûts de production élevés. Une telle initiative ferait voler en éclat les chances d'un accord jugé indispensable par l'Agence Internationale de l'Energie (AIE) pour rééquilibrer en 2017 un marché souffrant d'une surabondance de l'offre. A cause du dollar Les cours du pétrole étaient orientés à la baisse en Asie vendredi matin, sous l'effet de l'appréciation du dollar. Vers 03H15 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en décembre, reculait de 23 cents à 44,43 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en janvier, cédait 15 cents à 45,69 dollars. Le billet vert est remonté jeudi, le marché des changes se calmant un peu après le tumulte lié à l'élection de Donald Trump à la présidence américaine. Toute appréciation du dollar a pour conséquence de rendre le pétrole, libellé en billet vert, plus cher pour les investisseurs munis d'autres devises, ce qui réduit mécaniquement la demande et pèse sur les cours. La monnaie américaine a également été soutenue par le fait que les marchés s'attendent toujours largement à ce que la Réserve fédérale relève ses taux d'intérêt. "Les espoirs d'une hausse des taux demeurent élevés en dépit des brèves craintes au lendemain de l'élection américaine", a déclaré Jingyi Pan, analyste chez IG Markets. L'Opep confirme une production record L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a confirmé vendredi avoir pompé plus de brut que jamais en octobre, alors même que le cartel souhaite une limitation de production afin de soutenir les cours. Les 14 pays du cartel ont extrait 33,64 millions de barils par jour (mbj) le mois dernier, soit une hausse de 236 000 barils quotidiens sur un mois, relève l'organisation dans son rapport mensuel publié à Vienne. Cette hausse a principalement été tirée par le Nigeria, le Libye et l'Irak, trois pays en proie à des conflits mais dont la production progresse régulièrement depuis trois mois. Tous produits pétroliers confondus, la production mondiale a bondi de 970 000 barils par jour sur un mois et de 880 000 sur un an, à 96,32 mbj, les pays hors-Opep ayant eux aussi nettement accru leur production en octobre, relève l'Opep. Pour le quatrième trimestre, l'Opep table sur une demande mondiale moyenne de 95,31 mbj, toujours nettement inférieure aux niveaux de production constatés. Dans son rapport publié jeudi, l'Agence internationale de l'énergie (AIE), avait fait état d'une évolution comparable de la production, avec un hausse mondiale de 800.000 barils par jour en octobre à 97,8 mbj. Elle avait chiffré la production de l'Opep à 33,83 mbj. Les membres du cartel se sont mis formellement d'accord en septembre à Alger pour réduire leur production mais ils doivent encore procéder à la difficile répartition des quotas pays par pays pour tenter de finaliser cette décision lors de leur réunion le 30 novembre à Vienne. Plusieurs pays, comme l'Irak, l'Iran, la Libye et le Nigeria souhaitent être exemptés d'une telle réduction. L'Opep souhaite ramener sa production entre 32,5 et 33 mbj et parvenir à un accord avec d'autres grands producteurs, à commencer par la Russie, qui s'y est dit favorable, pour relancer des cours déprimés par une surabondance d'offre depuis l'été 2014. Contrairement à l'AIE, qui a pronostiqué jeudi une forte accélération de la hausse de la production des pays non-Opep en 2017, à cause notamment de la Russie, le cartel a indiqué entrevoir un léger tassement de cette hausse. La production non-Opep, en repli de 780.000 barils par jour cette année, à 56,2 mbj, atteindrait ainsi 56,43 mbj l'an prochain, contre 56,54 mbj prévus jusqu'à présent. L'Opep table sur une demande mondiale de 95,55 mbj en 2017, après 94,4 mbj cette année. Les prix du pétrole reculaient vendredi en cours d'échanges européens et évoluaient plus bas qu'avant l'élection présidentielle américaine avec la crainte d'un déséquilibre du marché, l'accord de l'Opep sur la production semblant stagner.