Le gros contingent de chômeurs est composé de personnes n'ayant pas de diplômes Les retards mis dans le lancement de nombreux projets d'investissements ont contribué à ralentir la dynamique de création d'emplois. Le taux de chômage en Algérie a bondi de 1,3 point en l'espace de 7 mois. Il était de 12,3% en avril dernier, contre 10,5% en septembre de l'année dernière. Une progression que l'Office national des statistiques met d'abord sur le compte de l'arrivée sur le marché de l'emploi de quelque 160.000 personnes dans un contexte d'offre d'emploi assez serré en raison de la réduction des investissements publics. C'est dire que la dynamique économique de ces sept derniers mois a été incapable d'absorber l'ensemble des nouveaux demandeurs de postes de travail, dont une partie est venue allonger la longue liste des chômeurs. A regarder de plus près, il s'avère que le secteur du bâtiment et de la fonction publique ont été les principaux secteurs responsables de la hausse du chômage. L'ONS rapporte, en effet, que «la baisse du volume de l'emploi entre septembre 2016 et avril 2017 a touché le secteur du BTP avec un solde négatif de 91.000 personnes, ainsi que le commerce, les services et l'administration publique», dont le solde négatif a été de 84.000. A contrario l'industrie et l'agriculture ont remarquablement réagi face à la crise avec des soldes positifs de l'ordre de 36.000 pour la première et 63.000 pour la seconde. Ces chiffres démontrent que le secteur productif a poursuivi sa croissance, mais celle-ci n'aura pas été assez robuste pour absorber les déficits enregistrés dans les sphères traditionnellement gros pourvoyeurs d'emplois. Cette dynamique, portée par le privé national apporte la preuve d'un processus lent, mais sûr du renversement à terme de la tendance de l'employabilité entre le public et le privé. Mais cette perspective n'est pas pour demain, à voir le document de l'ONS qui affiche une situation encore trop dépendante des investissements publics. Il faut dire que les retards mis dans le lancement de nombreux projets d'investissements ont contribué à ralentir la dynamique de création d'emplois, notamment dans l'agriculture où les fameux projets de partenariat public-privé qui avait mis des années pour mûrir auraient été d'un apport conséquent s'ils étaient entrés en activité dans le laps de temps entre septembre 2016 et avril 2017. De même, les projets d'unités d'assemblage dans l'industrie automobile, d'un potentiel de plus d'un millier d'emplois, ont traîné en longueur et n'ont pas été concrétisés, pénalisant ainsi le marché de l'emploi. Ces quelques exemples, ajoutés à la lourdeur de la machine bureaucratique ont fait perdre beaucoup d'opportunités de recrutement à l'économie du pays. Il faut dire que le prochain chiffre du chômage risque d'être encore plus mauvais, en raison de la non-concrétisation de tous ces projets. Concernant les faits, on retiendra de l'étude de l'ONS que le nombre d'Algériens qui ont un emploi est estimé à «10,769 millions de personnes en avril 2017 contre 10,845 millions de personnes en septembre 2016, enregistrant un solde négatif de 76.000 personnes par rapport à septembre 2016». La population en chômage, quant à elle, «a atteint 1,508 million de personnes, soit un taux de chômage de 12,3% au niveau national, en hausse de 1,8 point par rapport à septembre 2016». On apprendra également que la catégorie des jeunes de 16-24 ans est la plus touchée par le chômage, avec un taux d'inactivité de 29,7%. Les diplômés, eux, restent quasiment au même niveau, avec 17,6%. Les diplômés de la formation professionnelle ont plus de difficulté à trouvé du travail, puisque le taux de chômage est passé pour cette catégorie de personnes de 7,7% en septembre 2016 à 10,1% en avril 2017. Le gros contingent de chômeurs est composé de personnes n'ayant pas de diplômes. Ils représentent plus de 52% de la population globale des chômeurs. Le reste est partagé entre les diplômés de la formation professionnelle constituant 24,1% des sans-emploi et les diplômés de l'enseignement supérieur représentant 23,7% des chômeurs. L'aspect le plus inquiétant de cette étude se rapporte aux chômeurs de longue durée qui représentent plus de 60% de la population inactive en Algérie. Cela revient à dire qu'il est très difficile pour plus de six Algériens sur 10 de trouver du travail après quelques mois de recherche. Un marqueur sociologique pour finir concerne le taux d'occupation des femmes qui ne représentaient en avril dernier que 20,6% de la gent. Elles sont plus de 2 millions et demi à travailler.