Le pouvoir marocain a radicalisé sa position vis-à-vis du conflit qui l'oppose au Front Polisario Le discours prononcé par le souverain marocain le 20 août à l'occasion du 64ème anniversaire de «la révolution du roi» intervient dans la foulée de la nomination d'un nouvel envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental. Le roi annonce la couleur: Horst Köhler n'aura pas la partie facile. Le successeur de Christopher Ross est averti. La question de l'organisation d'un référendum d'autodétermination comme issue à la fin du conflit du Sahara occidental est à jeter aux orties. Ce n'est pas en tout cas une première. Le monarque alaouite ne s'est pas privé de le rappeler à chaque occasion. Comme il n'as pas réussi à voiler l'arrière- pensée qui était à l'origine de sa demande d'adhésion à l'Union africaine. Le Maroc, qui vient de faire son entrée à cette organisation continentale, ne «reconnaîtra jamais» la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), avait déclaré à la presse l'actuel ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. «Non seulement le Maroc ne reconnaît pas -et ne reconnaîtra jamais- cette entité fantoche, mais il redoublera d'efforts pour que la petite minorité de pays, notamment africains, qui la reconnaissent encore, fasse évoluer sa position dans le sens de la légalité internationale et des réalités géopolitiques», avait clamé à qui veut l'entendre Nacer Bourita, dans un entretien publié le 5 février par le site d'info en ligne Le Desk. «Le retour du Maroc au sein de sa famille institutionnelle continentale ne changera rien dans nos positions immuables concernant la marocanité du Sahara», avait-il ajouté. Plus de six mois plus tard son roi se projette dans l'avenir pour annoncer que l'affaire est désormais pliée. «Pour 2017, c'est l'année de la clarté par excellence et du retour aux principes et aux termes référentiels retenus pour le règlement de ce conflit artificiel suscité autour de la marocanité du Sahara», a annoncé à ses sujets Mohammed VI dans un discours prononcé le 20 août à l'occasion du 64ème anniversaire de la «révolution du roi» qui intervient dans la foulée de la nomination d'un nouvel envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental. C'est la première fois que le monarque alaouite se prononce sur la question depuis que cet ex-président allemand a été officiellement désigné pour succéder à l'Américain Christopher Ross qui ne doute pas que sa proposition fera l'unanimité comme elle ne constitue pas la seule issue pour régler la question de l'annexion du Sahara occidental par le Maroc. «La proposition marocaine d'autonomie bénéficie d'un appui international soutenu, illustré par le nombre croissant de pays ayant retiré leur reconnaissance à cette entité fantomatique, ainsi que par la régularisation du cadre juridique régissant le partenariat économique entre le Maroc et bon nombre de grandes puissances», a ajouté l'héritier de Hassan II. Le pouvoir marocain a radicalisé sa position vis-à-vis du conflit qui l'oppose au Front Polisario et ne montre aucun signe qui puisse indiquer qu'il a l'intention de céder ne serait-ce qu'un pouce des territoires qu'il a annexés en 1975. Son adhésion à l'UA ressemble à une épine dans le pied. Son acte constitutif, qu'il a ratifié, doit pourtant l'y contraindre. Le Conseil de sécurité de l'UA a déjà demandé au Maroc, au mois de mars 2017, de se conformer au respect de son Acte constitutif, ainsi qu' à prendre «immédiatement» les mesures nécessaires à la réouverture de son Bureau de Laâyoune, au Sahara occidental occupé... Un appel direct au royaume pour qu'il se plie à respecter ce document fondateur au bas duquel il a apposé sa signature et qui impose à tous les Etats membres de l'Union africaine de ne pas violer les frontières héritées de la colonisation. Ce qui ne figure pas dans l'agenda du Palais royal alors que la reprise des négociation entre Sahraouis et Marocains est dans une voie de garage depuis que la composante de la Minurso a été décapitée, suite à la décision du souverain marocain d'expulser la majorité de ses membres après que l'ex-SG de l'ONU, Ban Ki-moon, ait qualifié la présence marocaine d'«occupation» lors de la visite qu'il avait effectuée au mois de mars 2016 dans les camps de réfugiés sahraouis. C'est dans ce contexte que doit s'exécuter la mission du représentant personnel du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, Antonio Gutteres, pour le Sahara occidental. Mohammed VI a fait son show. Horst Köler appréciera.