Des unités de la police fédérale irakienne qui participe à l'assaut contre le dernier bastion de Daesh à Tal Afar Les forces irakiennes sont entrées hier à Tal Afar et repris deux quartiers de la ville, l'un des derniers bastions du groupe Etat islamique (EI) dans le nord du pays, a annoncé le Hachd al-Chaabi, ces unités paramilitaires engagées aux côtés des troupes gouvernementales. Des unités de l'armée, de la police et du Hachd al-Chaabi ont repris «le contrôle complet» du quartier d'al-Kifah dans le nord-ouest de Tal Afar, ainsi que le quartier al-Nour, dans le Sud-Est, a indiqué le Hachd dans un communiqué. L'annonce du Hachd intervient quelques heures après l'arrivée à Baghdad du secrétaire à la Défense américain, Jim Mattis, pour une visite destinée à réaffirmer le soutien des Etats-Unis à l'Irak dans sa lutte contre l'EI. «La priorité pour le moment est de vaincre l'EI en Irak et de restaurer la souveraineté et l'intégrité territoriale» du pays, a affirmé M. Mattis. Il devait rencontrer dans le Premier ministre Haider al-Abadi et d'autres responsables irakiens à Baghdad, et plus tard Massoud Barzani, président de la région autonome du Kurdistan irakien à Erbil. Les forces gouvernementales appuyées par la coalition internationale anti-EI et des unités paramilitaires ont largement repoussé les jihadistes des positions qu'ils occupaient depuis 2014. Elles leur ont infligé début juillet un rude coup en reprenant Mossoul (nord), la deuxième ville du pays où le chef de l'EI, Abou Bakr al-Baghdadi, avait fait son unique apparition publique il y a plus de trois ans. Et depuis dimanche, elles se sont lancées à l'assaut de Tal Afar, cité historique de 200.000 habitants aux mains de l'EI, située à 70 kilomètres à l'ouest de Mossoul. Hier, les forces irakiennes regroupées aux portes de Tal Afar affrontaient les jihadistes retranchés dans la ville - estimés à un millier selon des responsables locaux -, qui répliquaient par des tirs d'artillerie. «L'assaut a été lancé sur la ville même», a indiqué Ahmed al-Assadi, porte-parole du Hachd al-Chaabi, ces unités paramilitaires dominées par les milices chiites. Il a fait état de combats «violents» alors que les différentes unités de l'armée, de la police et du Hachd se sont déployées sur plusieurs fronts, enserrant l'intégralité de la ville. La reprise de Tal Afar, a-t-il dit, «ne sera pas longue, elle prendra des semaines». Les combats pour la reprise de Mossoul avaient duré neuf mois. L'envoyé du président américain Donald Trump auprès de la coalition internationale en Irak, Brett McGurk, a qualifié la bataille de Tal Afar de «très dure», avant l'arrivée de M. Mattis à Baghdad. «Les jours de l'EI sont comptés, c'est certain», a estimé M. Mattis, mais le groupe ultraradical qui a revendiqué la semaine dernière des attentats meurtriers en Espagne et en Russie «n'a pas encore disparu et cela n'arrivera pas de sitôt». En 2014, la prise de Mossoul par l'EI face à des forces gouvernementales en pleine débâcle avait fait redouter à certains l'écroulement complet de l'Etat irakien. La «libération» de la ville a restauré la confiance, a assuré M. Mattis, même si les forces irakiennes ont enregistré «plus de 1 200 morts et de 6 000 blessés». Cette victoire, a-t-il dit, n'aurait pas eu lieu «sans la main ferme du Premier ministre Abadi qui a reconstitué cette armée, délabrée en 2014». Elle a également été rendue possible grâce aux entraînements fournis par les Etats-Unis et leur appui militaire. La poursuite de ce soutien par Washington qui avait finalisé en 2011, durant la présidence de Barack Obama, le retrait de ses troupes restées en Irak après l'invasion du pays alors sous la houlette de Saddam Hussein, devra encore être déterminée. Le chef du Pentagone cherche à maintenir des forces pour entraîner les troupes irakiennes afin d'empêcher l'EI de ressurgir, explique Nicholas Heras, expert du Center for a New American Security à Washington. Mais, prévient-il, il rencontrera la résistance des milices chiites et de l'Iran. M. Mattis a indiqué qu'il discuterait avec ses interlocuteurs irakiens des moyens de tirer profit des trois années de front commun contre les jihadistes pour empêcher les fractures politiques dans le pays et limiter l'influence du grand voisin iranien. L'un des premiers défis auquel fait face le gouvernement fédéral est le référendum kurde sur l'indépendance prévu le 25 septembre. Washington s'y oppose fermement car, a expliqué M. McGurk, sa tenue «en ce moment pourrait potentiellement être catastrophique pour la campagne anti-EI». «Tous les membres de notre coalition pensent que ce n'est pas le bon moment pour organiser ce référendum». «Tous les signaux indiquent» que la rencontre entre MM. Mattis et Barzani sera donc «placée sous le signe de la fermeté affectueuse», estime M. Heras.