La rencontre d'aujourd'hui est destinée à effacer «un mauvais souvenir» Cette «prise de contact» intervient dans un contexte particulier où il va falloir recentrer la stratégie du gouvernement. Les partenaires du Pacte économique et social de croissance se rencontreront aujourd'hui au siège du gouvernement pour une prise de contact, mais également pour préparer la prochaine réunion tripartite fixée au 23 septembre prochain à Ghardaïa. Les neuf patrons et le secrétaire général de l'Ugta ont déjà fait le déplacement au Palais du gouvernement, il y a moins d'un mois. Le contexte, à l'époque, était, le moins qu'on puisse dire, électrique. Le Premier ministre sortant qui avait convoqué à la hâte la rencontre, après une série de décisions désarçonnantes à l'endroit des opérateurs économiques, était dans une logique de confrontation entre les trois composantes du pacte économique et social de croissance. De fait, la «prise de contact» Tebboune-partronat-Ugta était froide et s'est tenue dans une ambiance lourde. La rencontre d'aujourd'hui est destinée justement à effacer «un mauvais souvenir», pourrait-on dire. De mémoire de patron et de syndicaliste, la réunion du 30 juillet dernier aura été la plus «froide» en 26 ans d'existence de la tripartite. Aussi, les «retrouvailles» avec Ouyahia sont-elles une occasion de revenir aux «choses sérieuses» après une parenthèse de quelques mois. C'est que l'actuel Premier ministre connaît parfaitement le mécanisme de la tripartite et est à même d'aller directement dans le vif du sujet, pour avoir présidé de multiples rencontres de cet acabit. Il reste que cette «prise de contact» intervient dans un contexte particulier où il va falloir recentrer la stratégie du gouvernement sur les fondamentaux de l'action de l'Etat, au moment où la situation financière du pays oblige à des arbitrages assez serrés. Cela dit, l'un des proches parmi les proches de Ahmed Ouyahia, Chihab Seddik, affirme dans un entretien à TSA qu'«il n'y aura pas de décisions sévères. Mais la rigueur est recommandée. Il est nécessaire de la réintroduire dans tous les actes de gestion et même dans notre comportement». De fait, la prochaine tripartite, dont le lieu et la date devraient être confirmés à l'issue de cette rencontre, ne sera pas celle de la «distribution» des richesses, mais plutôt de l'innovation pour donner à la dynamique économique actuelle une véritable feuille de route. Aussi, la prochaine loi de finances qui sera esquissée à l'issue de cette rencontre portera le sceau de la rigueur, mais «ne sera pas comme certains essaient de la présenter. Elle sera ordinaire», insiste Chihab Seddik. Et de relever que «les taxes et les impôts ne seront pas au niveau que certaines parties essaient de le faire croire au peuple. Nous avons beaucoup de niches financières à exploiter dont le recouvrement fiscal qui est à son plus bas niveau». Ces déclarations répondent aux questions que l'on peut se poser sur ce qu'il en sera en 2018. En fait, insiste le porte-parole du RND, «l'équilibre budgétaire ne se fera pas sur le dos du peuple. On n'ira pas chercher l'argent dans les poches du peuple. Ce dernier va seulement participer à l'effort». Il faut dire que le coup que joueront les trois partenaires sera le dernier. Il s'agit de transformer l'essai et d'inscrire sérieusement l'Algérie sur la voie de l'émergence. Un échec précipiterait le pays dans les abysses du sous-développement. La marge financière qui a permis au pays de vivre un sursis de trois ans, depuis la chute des prix du pétrole, n'aura plus d'effet à moyenne échéance. Dans l'intervalle, le gouvernement et ses partenaires devront résoudre l'équation industrielle, touristique, agricole et technologique. Le chef de l'Etat qui, dans son message du 20 août dernier, a lourdement insisté sur la cohésion et l'unité des rangs, a aussi pointé du doigt le chemin à prendre pour gagner la bataille du développement. Deux expressions résument le propos du chef de l'Etat: Etat de droit et Réconciliation nationale. «Le développement, la souveraineté et l'indépendance ainsi que toutes les valeurs de notre peuple, impliquent de renforcer l'Etat de droit qui exige à son tour de promouvoir le consensus national et de resserrer les rangs face aux défis du monde contemporain», a insisté le président de la République dans son message aux Algériens. Traduit en actes gouvernementaux, l'affirmation du président instruit l'Exécutif à réaliser les aspirations des citoyens à une justice sociale effective et à une équité dans les actes de l'administration. C'est, semble dire le chef de l'Etat, une condition sine qua non pour l'adhésion des Algériens à la politique de leur gouvernement. Cette condition satisfaite, il sera plus aisé de donner tout son sens à la Réconciliation nationale que le président de la République élève, à juste titre, au rang de guide pour la nation. Grâce à cette réconciliation, les Algériens vivent une paix civile et une dynamique socio-économique qui place leur pays au premier rang africain en matière d'indice de développement humain et au 7e rang mondial en termes de sécurité. C'est également cette Réconciliation nationale qui donnera au peuple la force de traverser les turbulences économiques qui s'abattront forcément sur le pays, comme c'est le cas aux quatre coins du monde.Le gouvernement et ses partenaires s'attelleront à limiter les effets de la crise. Les Algériens feront l'effort, à condition que l'Exécutif parvienne à regagner leur confiance. Pour le chef de l'Etat, les membres de la tripartite «doivent donner l'exemple (...) par la solidarité, la mobilisation et l'unification des rangs». Et de noter que «tous les Algériens et Algériennes, quels que soient leurs postes et fonctions» doivent «mettre à profit tous les atouts et toutes les capacités pour relever» le défi de l'émergence.