L'évaluation objective des résultats de l'action gouvernementale en matière d'emploi et en matière d'investissements n'a pas été présentée au cours de la rencontre. Sur les trois importants dossiers que devait examiner la 19e tripartite (gouvernement-UGTA-patronat), qui s'est tenue le 5 juin, figurait l'évaluation du pacte économique et social dans les volets investissements et emploi. Face au black-out qui a caractérisé cette tripartite, il n'était pas aisé aux millions de citoyens de s'informer sur le déroulé de cette tripartite. Avec un communiqué final qui s'est limité aux généralités et notions globales de l'économie de marché, il aurait fallu aller chercher des échos de l'intérieur de la rencontre. Les échos que nous avons eus de l'intérieur sont unanimes à dire qu'il n'y a pas eu d'évaluation du pacte économique et social de croissance. Ce pacte, signé en février 2014 entre le gouvernement et ses partenaires socioéconomiques pour une période de cinq ans, vise notamment à accélérer les réformes économiques, promouvoir la concertation et le dialogue social, le développement industriel, l'amélioration du climat des affaires et le développement humain. Il avait même établi des engagements de chacune des parties pour réaliser solidairement ces objectifs : le syndicat des travailleurs s'accorde à préserver un climat social stable, les organisations patronales s'engagent à favoriser la préservation et la création d'emplois et de l'investissement productif, et les pouvoirs publics, de leur côté, à assainir le climat des affaires pour favoriser l'expansion des entreprises. Le pacte social, transformé en pacte de croissance sous l'effet des nouveaux défis économiques auxquels fait face le pays, est présenté comme le socle sur lequel le gouvernement compte s'appuyer pour mettre en œuvre son nouveau modèle économique. Il faut dire que la conclusion d'un pacte social ou de croissance s'impose en temps de crise pour relancer l'économie. Selon le professeur Abderrahmane Mebtoul, le pacte est un élément pour faire aboutir le nouveau modèle économique, ajoutant que l'Algérie n'a pas le choix. Soit il y a une mobilisation générale autour des défis à prendre, soit l'Algérie sera obligée d'aller vers le FMI. Si lors de la 18e tripartite, tenue en octobre 2015 à Biskra, les participants avaient acté leur satisfaction quant aux "avancées significatives" dans la mise en œuvre de ce pacte, le communiqué final de cette 19e tripartite n'en fait pas référence et se contente de banales généralités sur l'économie de marché. Mais pour pouvoir se faire une idée sur les résultats de ce pacte, il suffit d'écouter les représentants des organisations patronales qui continuent, comme à chaque fois, d'insister sur le fait que seul l'investissement est à même de répondre aux préoccupations, en matière d'emploi, de croissance, d'équilibre financier et de stabilité sociale. Leurs discours n'ont guère évolué quant aux aspects liés au financement de l'investissement, à la question de l'offre de foncier industriel et à la réforme de l'administration. Concernant la création de l'emploi, force est de constater que le taux a augmenté, passant de 10 à 11%, selon les chiffres de l'Exécutif. En somme, à défaut d'une évaluation concrète et sereine du pacte économique et social de croissance, la tripartite s'est clôturée par la signature d'un autre pacte. Celui de stabilité et de développement de l'entreprise privée. Ce pacte, visant à partager les responsabilités entre l'employeur et l'employé pour un meilleur rendement des entreprises, a été signé par l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) et l'ensemble des organisations patronales. Gageons juste que pour ce dernier, un suivi et une évaluation seront de mise. S. S.