Dès son arrivée à la tête de l'Etat hébreu, Ariel Sharon a commencé une vaste entreprise propre à délégitimer l'Autorité autonome palestinienne et son président Yasser Arafat. Aussi, multiplia-t-il les provocations à l'encontre des populations palestiniennes. Provocations dont les prémices avaient été la profanation délibérée des lieux saints musulmans sur l'Esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est le 28 septembre de l'an 2000. En une seule année le chef du gouvernement de la coalition droite-travailliste Ariel Sharon aura quasiment réussi à démanteler le processus de paix. Processus qui ne tient aujourd'hui que grâce à la détermination des Palestiniens à le faire aboutir et à celle des quelques Israéliens les plus lucides et les plus engagés à préserver ce qui pourrait l'être encore des accords israélo-palestiniens. Etape par étape Sharon a fait monter la tension exacerbant même ses alliés politiques les plus convaincus. Refusant tout dialogue avec les dirigeants palestiniens, le Premier ministre israélien est, en fait, le seul responsable de la montée des périls dans les territoires palestiniens occupés et aussi de la situation à l'intérieur même d'Israël qui ne connut jamais autant de pertes en vies humaines que sous la direction de cet être fruste et obtus qu'est le leader du Likoud. Mais voulant coûte que coûte la tête de Yasser Arafat, Sharon ne recule devant aucun extrémisme, aucune provocation. Quitte à mettre la région à feu et à sang. Mais encore faut-il relever que l'irrédentisme de Sharon est singulièrement encouragé par la frilosité des grandes puissances qui laissent assassiner un peuple désarmé, sans défense et, aussi, en ne condamnant pas comme il se devait les meurtres ciblés des dirigeants et responsables palestiniens. C'est la première fois que l'on note dans le monde une telle théorie consistant en l'assassinat de dirigeants de chefs de parti et de militants pour étouffer une cause, la cause palestinienne, qui a rallié à elle l'ensemble de la communauté internationale. Comme c'est aussi en vain que Sharon tente d'accréditer l'amalgame entre terrorisme et résistance nationale. Mais, la situation n'a cessé de se détériorer avec notamment la montée des périls induits par les assassinats de dirigeants, palestiniens et, en été dernier, du ministre israélien du Tourisme. Prétexte que l'armée israélienne a saisi au vol pour se lancer dans des actions de représailles sans précédent allant jusqu'à réoccuper les villes autonomes palestiniennes. Tout ceci sous l'oeil presque indifférent de la communauté internationale, qui n' a rien entrepris pour faire cesser la violence israélienne contre un peuple qui a le tort de lutter pour sa liberté. Maintenant, c'est le président Arafat qui est ciblé, dont l'autorité est mise en doute par ceux-là mêmes qui, durant des mois, ont laissé l'armée israélienne commettre de s dans les territoires occupés détruisant, notamment, les infrastructures et sièges de l'Autorité autonome à Ghaza et à Ramallah. Personne ne condamna ce crime contre la paix commis par l'armée israélienne. Mettre aujourd'hui sur la sellette le président de l'Autorité palestinienne c'est surtout faire le jeu de tous ceux opposés à une paix juste pour l'ensemble des peuples du Proche-Orient. Sharon aura ainsi réussi le coup de force de détourner les critiques de son action criminelle au Proche-Orient en braquant les feux de l'actualité sur Abou Ammar qui, à l'évidence, constitue l'obstacle qui empêche le chef du gouvernement israélien d'imposer ses conditions et sa logique de la paix au Proche-Orient. C'est l'une, si ce n'est pas la raison essentielle qui fait que toutes les attaques de Sharon étaient, ces derniers mois, concentrées sur le leader palestinien et l'Autorité palestiniennes, symboles de l'Etat palestinien en devenir.