La situation demeure critique dans les territoires palestiniens occupés où l'aviation israélienne a repris, vendredi et hier matin, ses raids sur les objectifs symbolisant l'Autorité palestinienne. Sourd à tous les appels de la communauté internationale, exhortant au savoir raison garder, le chef du gouvernement israélien, Ariel Sharon, poursuit, imperturbable, - fort du soutien implicite de l'administration américaine - son action de destruction de l'Autorité autonome palestinienne en prenant pour cibles ses différents sièges comme celui du QG de la police de Ghaza et celui de la police de Rafah. Ceux-ci ont été bombardés, respectivement, vendredi et hier matin, causant des dommages aux édifices et blessant à Ghaza une vingtaine de personnes. L'armée israélienne argue, pour justifier son action à Ghaza, du fait que le quartier général de la police palestinienne abriterait... une fabrique d'obus! Absurde? Mais lorsque l'on pousse la paranoïa à l'extrême, la logique et la stratégie y perdent leur sens. La réalité est que, dès son accès au pouvoir, Ariel Sharon a fait du démantèlement de l'Autorité autonome palestinienne sa priorité. De fait, il axa tous ses efforts, ces derniers mois, en direction de l'affaiblissement de l'Autorité palestinienne et de son président Yasser Arafat. Mais à travers l'Autorité palestinienne, c'est en vérité tout le processus de paix liant, depuis 1993, l'Etat hébreu aux Palestiniens, que le Premier ministre israélien cherche à briser. En fait, Sharon n'a jamais caché son objectif de rendre non opérationnel le processus de paix, comme il vient encore de le confier au Premier ministre turc. Selon Bulent Ecevit, Ariel Sharon lui avait «ouvertement exprimé son intention de se débarrasser du président palestinien». Et faire disparaître Yasser Arafat, c'est immobiliser, outre l'Autorité palestinienne, tout le processus de paix et tous les efforts jusqu'ici consentis pour trouver une solution définitive au contentieux proche-oriental. Ce que, à l'évidence, Sharon rejette totalement, préférant, à une paix négociée avec les Palestiniens, imposer ses seules normes au peuple palestinien. La recrudescence de la violence, depuis plus d'une année, est la résultante directe des manoeuvres du chef du gouvernement israélien en vue de diaboliser les Palestiniens et, partant, faire éviter à l'Etat hébreu d'honorer ses engagements envers le processus de paix. Aussi, le retour au calme dans les territoires est-il lié au retour à la table de négociation comme vient encore de le réitérer le président de l'Autorité palestinienne, exhortant la communauté internationale à sauver le processus de paix. C'est sans doute dans ce contexte que l'Union européenne, qui a mis en garde, mardi, contre une déstabilisation de l'Autorité palestinienne, a invité le chef de la diplomatie israélienne Shimon Peres, et le ministre palestinien de la Coopération internationale Nabil Chaath, à venir s'exprimer, demain, à Bruxelles devant les ministres des Affaires étrangères de l'UE. Il est probable, estiment les observateurs, que les deux hommes mettront à profit leur présence dans la capitale belge pour avoir un entretien bilatéral. Shimon Peres, n'approuve pas les initiatives de Sharon qui vont à l'encontre des efforts poursuivis pour arriver à un accord entre les deux parties, rappelle-t-on. Au vu des proportions que prend le conflit du Proche-Orient, le dossier ne peut plus être laissé à la seule appréciation d'Israël et des Américains opposés à l'autorisation, par le Conseil de sécurité de l'ONU, du déploiement d'une force internationale d'interposition entre les deux belligérants. Déploiement qui est maintenant le seul moyen de séparer les deux parties et d'arrêter l'effusion de sang dans les territoires palestiniens occupés dans lesquels l'armée israélienne poursuit ses exactions contre une population désarmée et détruisant toutes les infrastructures de l'Autorité autonome palestinienne. Une Autorité que Sharon, pour justifier ses crimes contre le peuple palestinien, accuse d'être «une entité soutenant le terrorisme». En fait depuis les attentats anti-américains, le chef du gouvernement israélien a tenté, sans succès, de faire assimiler Yasser Arafat au terroriste présumé Oussama Ben Laden. Aujourd'hui un fait patent se dégage: si jamais elle l'avait été, la solution du contentieux du Proche-Orient n'est plus du seul ressort de l'Etat hébreu, et l'implication directe de la communauté internationale et des Nations unies est impérative autant pour protéger les Palestiniens du génocide, que pour sauver le processus de paix que Sharon cherche à détruire.