Comment ce mineur s'est-il procuré l'argent de la harga et à quoi rêve-t-il? Douze prétendants à l'émigration clandestine, dont un mineur, ont été interceptés par les éléments des gardes-côtes de Annaba, apprend-on de source maritime. Les précisions fournies par cette dernière, font état du repérage de l'embarcation à 11 miles dans les eaux territoriales, au cap de Garde en l'occurrence. Agés entre 12 et 32 ans les prétendants à l'émigration clandestine ont largué les amarres à 1 heure du matin, depuis la plage de oued Samhoune, dans la commune de Séraidi, avant d'être repérés, par une patrouille de routine, à 3 heures du matin. Entassés dans une embarcation artisanale longue de sep mètres, dotée d'un moteur de 40 chevaux, les aventuriers comptaient parmi eux un enfant de 12 ans originaire de la wilaya de Biskra. Pour les autres clandestins ils sont issus de Béjaïa, d'Alger, d'El Tarf et de Annaba. La traversée a été écourtée par l'intervention des vigiles de la mer, qui, après avoir fait face à une relative résistance des harraga, sont parvenus à dissuader les aventuriers à se résigner à l'échec de leur tentative. Reconduits à la station maritime, les auteurs de cette traversée de la mort ont subi les mesures d'usage, contrôle médical et enquête administrative, avant d'être présentés devant le magistrat instructeur, près le tribunal de Annaba. Si le rêve de rejoindre le Vieux Continent via l'île de la Sardaigne dans le sud de l'Italie, ne cesse de bercer des centaines, voire des milliers de jeunes désoeuvrés, quelles sont les motivations qui poussent les mineurs à tenter de quitter la souche familiale? Mieux encore, comment ces jeunes mineurs arrivent-ils à se procurer l'argent pour se payer une place dans les embarcations de la mort? Comme c'est le cas de ce mineur de Biskra, qui, au vu de son âge, encore plus, son statut d'enfant immature, la question est choquante. Selon les précisions apportées par notre source, l'enfant a fugué du domicile parental pour se rendre à Annaba, depuis laquelle il aspire à se rendre dans le monde d'outre-mer. L'enfant se comportant comme un vrai adulte est entré en contact avec un passeur à qui il a payé 80.000 DA, le ticket de sa place sur l'embarcation de la mort. Selon l'enquête administrative, l'enfant après avoir quitté les bancs de l'école, à l'issue de son échec scolaire, a intégré la vie active où il s'adonnait à de petits boulots, ce qui lui a permis de mettre de l'argent de côté, en perspective d'une tentative de harga. Bercé d'un rêve sans horizon clair et une destination pas sûr d'être atteinte, l'enfant, une fois le danger bravé avec succès, comptait sur les seniors l'accompagnant pour se faire des repères dans un monde totalement étrange et différent du sien. Un monde où il devrait soit intégrer précocement le monde de la criminalité, où il aurait été une recrue des réseaux mafieux de tous bords, ou bien s'exposer aux dangers de la prostitution infantile et des trafiquants d'organes.