Sumiteru Taniguchi, survivant de la bombe atomique de Nagasaki, connu pour avoir prôné sans relâche le désarmement nucléaire, est décédé hier à l'âge de 88 ans, selon des médias. Un temps présenté comme un possible lauréat du prix Nobel de la Paix, il s'est éteint à l'hôpital des suites d'un cancer, selon Nihon Hidankyo, un organisme qui représente les survivants irradiés de Nagasaki et Hiroshima. Alors tout jeune facteur à Nagasaki, il a vu sa vie basculer le 9 août 1945 à 11h02, quand un bombardier américain B-29 largua l'arme atomique sur cette ville du sud du Japon. Trois jours après la première attaque nucléaire de l'histoire à Hiroshima, l'explosion détruisit 80% des bâtiments de Nagasaki, dont sa célèbre cathédrale d'Urakami, et provoqua la mort de quelque 74 000 personnes, sur le coup et ultérieurement sous l'effet des radiations. «J'ai senti le sol trembler pendant un moment et j'ai cru que j'allais disparaître. Mais je me suis convaincu que je ne pourrais pas mourir comme ça. Quand cela s'est calmé, je me suis rendu compte que la peau de mon bras gauche, de mon épaule et des doigts pendait comme une serpillière», raconte-t-il dans une vidéo tournée en juillet 2015 à l'hôpital de la Croix-Rouge à Nagasaki. «Comme je ne sentais aucune douleur, j'ai touché mon dos et j'ai vu que ma chemise avait disparu. Il y avait quelque chose de noir et visqueux sur toute ma main. Mon vélo était complètement tordu», raconte-t-il dans cet enregistrement le montrant torse nu, assis sur un lit d'hôpital. En 2015, lors de la cérémonie de commémoration de la bombe de Nagasaki, M. Taniguchi avait marqué les esprits par une virulente critique de la politique du Premier ministre Shinzo Abe à propos du renforcement des prérogatives de l'armée japonaise à l'étranger. «Les lois de défense que le gouvernement essaye de faire passer risquent de mettre en péril nos longues années d'efforts en faveur de l'abolition de l'arme nucléaire et de briser les espoirs des hibakusha (survivants irradiés)», avait-il dit d'une voix frêle au nom de tous les siens. «Je ne peux pas tolérer ces lois», avait-il ajouté, en présence de M. Abe. «J'ai l'intention de continuer de faire part de mon expérience jusqu'à ma mort mais je crains que les gens, les jeunes générations en particulier, commencent à s'en désintéresser», avait-il dit en 2003.