En reprenant Tal Afar lors d'une bataille éclair après Mossoul, les forces irakiennes ont marqué des points trois ans après leur débâcle face aux jihadistes. Mais elles font face à de nouveaux défis, estiment responsables et experts. En 2014, policiers et soldats abandonnaient leurs postes avant même l'arrivée des hommes du groupe Etat islamique (EI), qui s'emparaient, sans grand combat, de près d'un tiers de l'Irak. Trois ans plus tard, le Premier ministre de l'époque, Nouri al-Maliki, a été remplacé et son successeur, Haider al-Abadi, répète régulièrement que l'Etat irakien est de retour, plus fort et mieux organisé. Mais le pays n'est pas encore totalement libéré, il reste des zones toujours aux mains du groupe «Etat islamique». Dans ce contexte, les forces gouvernementales et paramilitaires irakiennes lanceront prochainement la bataille pour reprendre Hawija, au nord de Baghdad, au groupe Etat islamique (EI), ont indiqué des responsables, au lendemain de la reconquête de Tal Afar, l'un des derniers bastions jihadistes du pays. Après avoir été chassés de Tal Afar, dans le nord de l'Irak, les membres de l'EI ne tiennent plus que Hawija et sa région, à 300 kilomètres au nord de Baghdad, et trois villes du désert occidental frontalier de la Syrie. Les autorités irakiennes s'étaient jusqu'ici refusées à donner l'ordre dans lequel ces batailles seraient livrées. «Après que la mission à Tal Afar s'est conclue par un succès total, les troupes se dirigent vers Hawija», dans la province de Kirkouk, riche en pétrole et que se disputent le gouvernement fédéral à Baghdad et le Kurdistan irakien, a indiqué le Commandement conjoint des opérations (JOC) dans un communiqué. Ahmed al-Assadi, porte-parole des unités paramilitaires du Hachd al-Chaabi, dominé par les milices chiites, a précisé que «l'opération de libération de Hawija débutera sûrement quelques jours après Aïd al-Adha», que les chiites irakiens célébraient hier et pendant quatre jours. En prévision de ces combats, «des millions de tracts ont été largués sur Hawija pour annoncer à ses habitants qu'ils en auraient bientôt fini avec les gangs terroristes de l'EI», a indiqué le JOC tandis que des appels «à se rendre et à remettre les armes» ont été adressés aux jihadistes. En outre, les habitants ont été appelés à «s'éloigner des points de rassemblements des jihadistes car ils pourraient devenir une cible des avions» irakiens et de la coalition internationale anti-EI emmenée par les Etats-Unis. La zone que les forces anti-EI veulent reprendre s'étend sur «9.000 kilomètres carrés». La question de la participation des peshmergas, les combattants kurdes qui avaient notamment pris part aux combats pour la reconquête de Mossoul, doit encore être tranchée, a-t-il ajouté. Cette question est particulièrement sensible du fait de la dispute autour de la province de Kirkouk, qui vient de décider de participer au référendum kurde sur l'indépendance, fermement rejeté par Baghdad. Jusqu'à présent, cette province est dans le territoire fédéral et pas dans la région autonome du Kurdistan. Au cours de la bataille de Hawija, les forces irakiennes entendent également chasser l'EI de la partie orientale de Shargat, une ville plus à l'ouest, sur le fleuve Tigre.