Les deux pays ont un calendrier commun très chargé en vue de finaliser le traité d'amitié d'ici à la fin de cette année. Son Excellence, l'ambassadeur de France à Alger a reçu en son siège des patrons de presse afin d'aborder, de manière franche et sereine à la fois, avec eux, les principaux sujets qui intéressent les deux pays. M.De Laverdière a, de la sorte, estimé que le bilan des échanges économiques entre les deux pays est «satisfaisant» même si des «avancées tant qualitatives que quantitatives demeurent souhaitables de part et d'autre de la rive méditerranéenne». Il rappellera à ce sujet que «près de 10.000 emplois ont été créés grâce aux investissements français effectués en Algérie». Ce n'est pas tout, puisque les échanges culturels et scientifiques entre les deux pays sont encore plus importants. Pas moins de 25.000 étudiants algériens, pour ne citer que cet exemple, poursuivent leurs études en Hexagone. Le représentant des autorités françaises dans notre pays est également revenu assez longuement sur le projet de réalisation du consulat général à Oran. Pour ce qui est de la progression des relations entre les deux pays, désormais en phase d'atteindre le «niveau d'excellence» tel que souhaité aussi bien par Chirac que par Bouteflika, M.De Laverdière a tenu à rappeler les nombreuses visites ministérielles qui ont eu lieu entre les deux pays depuis celle du chef Etat français et le conseil interministériel qui en avait résulté. La «pause» actuelle tient simplement du fait du changement gouvernemental intervenu à la suite du référendum du 29 mai passé. Les nouveaux ministres, en effet, ont besoin de s'imprégner des dossiers en cours avant de pouvoir relancer la machine. C'est pourquoi, du reste, il faut s'attendre à ce que le calendrier commun aux deux pays, en matière de visites et de rencontres, soit extrêmement dense au cours des tous prochains mois. L'objectif est d'arriver à finaliser les termes du traité d'amitié entre Alger et Paris dont la signature est attendue d'ici à la fin de l'année prochaine.C'est sans doute cet objectif, qui ne laisse indifférent personne, qui se trouve à l'origine des nombreuses voix venues relancer la polémique autour du passé colonial de la France. Sur ce sujet, le diplomate français s'est voulu tout aussi circonspect que précis: «il n'y a pas lieu de s'alarmer. Tout va bien entre les deux pays. Il s'agit juste d'un problème de scories.» Ici, la référence est faite à la fameuse loi adoptée par le Parlement français. L'ambassadeur, démentant en bloc toutes les «assertions» circulant autour de ce texte, précise que celui-ci «ne glorifie nullement le colonialisme mais se contente juste de rendre hommage aux enfants de la France qui se sont sacrifiés». La meilleure preuve, du reste, c'est que l'ambassadeur de France, comme il a tenu à le rappeler lui-même, a effectué une visite à Sétif avec l'accord du président Chirac à l'occasion des événements du 8-mai 45 pour admettre et s'excuser des crimes français commis à cette date dans notre pays. Plusieurs associations françaises cependant, dont la Ligue des droits de l'Homme, ont mis en garde hier contre une réhabilitation insidieuse de l'OAS (Organisation de l'armée secrète, opposée à l'indépendance de l'Algérie) et plus globalement du colonialisme français en Algérie. La prochaine inauguration d'une stèle à la mémoire d'anciens membres de l'OAS et une récente loi concernant les Français rapatriés d'Algérie témoignent de cette entreprise de réhabilitation, ont affirmé des responsables de la LDH, du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) et de la Fédération syndicale unitaire (FSU/enseignants) au cours d'une conférence de presse. Cela n'empêche pas le Parlement algérien de son côté, comme nous l'a confirmé le président de l'APN, de projeter de réunir les deux chambres au Palais des nations avant la clôture de la session d'automne, le 2 juillet prochain, en vue d'adopter une motion condamnant cette nouvelle loi française. Sur un tout autre plan, Le visa biométrique sera appliqué à partir du 19 juin 2005 aux personnes devant se rendre dans les pays de l'espace Schengen. C'est ce qu'a annoncé ce mercredi à partir d'Annaba, M. Francis Eud, consul général de France à Annaba, lors d'une conférence de presse. Le visa biométrique, signale-t-on, revient à inclure, dans la vignette du visa, les empreintes digitales et la photographie du passeport. Ce dispositif permet, selon ses initiateurs, de reconnaître électroniquement les voyageurs demandeurs de visa à leur entrée dans l'espace Schengen. M.Francis Eud a précisé que cette mesure «s'inscrit dans une politique dont l'objectif est d'assurer une sécurité renforcée dans les déplacements internationaux et de faciliter les procédures de contrôle aux frontières». Il a ajouté que «l'option pour le visa biométrique entre dans le cadre d'une expérimentation européenne, conduite dans plusieurs pays et confiée notamment à la France et à la Belgique, en vue de sa généralisation éventuelle par les pays de l'espace Schengen».