Aït Saâda, dans la commune de Tadmaït, fait sans aucun doute partie de ces villages du bout de l'oubli. Pour y accéder, il faut commencer par se rendre à Draâ Ben Khedda puis prendre la route qui monte par Ighil Azougagh et continuer à gravir la pente. La route qui y mène est assez détériorée par les dernières intempéries, mais le paysage est d'une telle splendeur que l'on est payé pour la fatigue ressentie. Le village, niché sur un mamelon, est des plus beaux avec, et c'est une révélation, de superbes villas et autres maisons ressemblant plus à ces constructions vues en France par les émigrés de la région qui sont nombreux à avoir tenté l'aventure. Il est vrai qu'Aït Saâda n'offre aucun débouché pour ses enfants. L'agriculture est une vue de l'esprit, le commerce demandant des fonds et l'industrie n'existant presque plus avec l'unité de textile de Draâ Ben Khedda qui bat de l'aile. Le village compte en effet de nombreux émigrés et ce sont eux qui donnent quelques couleurs à la vie villageoise. D'abord, leurs familles et leurs enfants comptent sur les devises rapportées et ensuite en érigeant par exemple leurs maisons, ces émigrés font travailler les jeunes du village. A Aït Saâda, les gens se contentent de peu mais ces jours derniers, ils sont relativement très montés contre l'ADE et il y a de quoi! L'eau n'a pas coulé dans les robinets depuis près de six mois. Fort heureusement, l'entreprise de l'eau, qui semble avoir senti la colère des gens monter, vient de procéder à l'alimentation du village par camion-citerne. Aït Saâda compte deux cafés qui accueillent les jeunes du village et quelques vieux pour des parties de dominos endiablées. C'est que dans ce village, il n'y a rien d'autre à faire que cela ou alors descendre sur Draâ Ben Khedda, soit pour faire des emplettes, soit pour les jeunes, essayer d'ouvrir une fenêtre sur le monde grâce à Internet. Aït Saâda est un village comme tous les autres accrochés sur les mamelons du massif central kabyle, un village où rien n'existe à part les hommes qui eux essaient avec philosophie de combattre une nature peut-être belle mais ô combien difficile. Faire un tour dans ces villages est un véritable pèlerinage au coeur palpitant du pays!