400 000 Rohingyas chassés de leurs villages en un mois En trois semaines, le sud du Bangladesh, voisin immédiat de la Birmanie, s'est métamorphosé en un camp de réfugiés gigantesque, sans doute l'un des plus grands camps de réfugiés du monde, selon les ONG humanitaires, avec toutes les conséquences en matière de dégradation des conditions de survie. La Première ministre du Bangladesh est depuis hier à New York où elle compte s'adresser à l'Assemblée générale de l'ONU pour y appeler à la solidarité internationale, afin de faire face aux conséquences de la fuite des Rohingyas massacrés par l'armée birmane. Ils sont en effet plus de 400 000 depuis hier, dont près de la moitié est arrivés au Bengladesh au cours des quatre derniers jours. Preuve de la cruauté, voire de la barbarie avec laquelle les autorités de Birmanie conduisent un véritable nettoyage ethnique, encouragées par un contexte international jugé favorable. Et de fait, le terrorisme de Daesh et d'al Qaïda aidant, c'est tout l'islam et a posteriori tous les musulmans qui sont plus ou moins ouvertement honnis dans des pays de plus en plus nombreux, de sorte que la Birmanie a visiblement «profité» de la conjoncture pour tenter de «régler le problème Rohingya» de la manière la plus expéditive qui soit. Une manière réellement nazie! Un tel massacre, brûler des villages entiers, jeter de force des femmes d'abord violées et des enfants dans les brasiers, tirer des balles à bout portant dans la tête des hommes hagards face à une haine aussi abjecte, un tel massacre est certes dénoncé par l'ONU et montré du doigt par le secrétaire d'Etat Rex Tillerson, mais on a connu des réactions autrement plus virulentes, allant jusqu'à réclamer tambour battant le TPI pour «crimes contre l'humanité» pour des faits de moindre importance mais dont la géolocalisation concerne la Syrie! Or là, on n'entend, ni on n'a entendu, les cris de vierges effarouchées que poussent certains pays européens chaque fois que la Syrie du président Bachar al Assad parvient à balayer les multiples foyers terroristes, allumés on devine par qui et pour quels intérêts. En trois semaines, le sud du Bangladesh, voisin immédiat de la Birmanie, s'est métamorphosé en un camp de réfugiés gigantesque, sans doute l'un des plus grands camps de réfugiés du monde, selon les ONG humanitaires, avec toutes les conséquences en matière de dégradation des conditions de survie. A New York, Sheikh Hassina ne va pas seulement solliciter une aide humanitaire accrue pour faire face à ce terrible exode, elle compte interpeller la communauté internationale et le Conseil de sécurité de l'Onu pour qu'ils exercent une pression sur la Birmanie, à même de permettre le retour des Rohingyas dans leurs terres. L'arrogance de l'armée birmane n'a d'égale pour l'instant que le silence méprisant de Aung San Suu Kyi qui est restée de marbre devant les nombreux appels des autres prix Nobel et des organisations internationales ébranlées par de telles horreurs. Ce silence est tout sauf neutre, car il signe de façon flagrante une totale complicité entre une soidisant adepte de la paix et de la démocratie et des criminels qui n'ont rien à envier aux exaltés de la Gestapo. Le Bengladesh compte parmi les pays les plus pauvres du monde. Il n'avait surtout pas besoin d'un tel fardeau et c'est tout à son honneur que d'avoir gardé ouverte la frontière à ces centaines de milliers de rescapés fuyant la «solution finale» birmane, sachant les conséquences immédiates sur le plan économique et politique de cette solidarité. Et qu'on ne vienne surtout pas brandir l'argutie de l'infiltration que les groupes terroristes comme Daesh et Al Qaïda auraient déjà opérée pour embraser la zone asiatique faute d'avoir réussi à détruire complètement la zone irako-syrienne. Daesh et Al Qaïda, on le sait, ont d'autres missions et d'autres ambitions pour se préoccuper d'un pays à 90% bouddhiste comme la Birmanie. Dans le sillage des exactions, on évoque quelque 30 000 bouddhistes et indouistes qui auraient eux aussi «fui les violences». Et fort heureusement pour eux, l'Etat birman a pris les mesures d'aide et de protection. Mais dans les camps bangladais où s'entassent les Rohingyas, la misère dépasse l'entendement. Selon le Haut Commissariat aux réfugiés, la nourriture suffit à peine pour sauver les enfants et les femmes. Les autres dépendent de la générosité, fortement mise à contribution, des Bangladais. Cela n'émeut guère Mme Aung San Suu kyi pas plus d'ailleurs que les membres du jury du prix Nobel qui ont cru déceler en elle les vertus de leur chère démocratie. Car à ses yeux, les Rohingyas ne sont rien, ils sont même moins que rien puisqu'ils sont apatrides dans leur propre pays malgré des générations entières. Après avoir été sans droit, des décennies durant, qu'ils soient donc aujourd'hui sans toit! Ainsi s'octroient les prix Nobel de la paix et de la paie.