Le mois dernier, des violences ont éclaté dans la région pauvre et reculée de l'Etat Rakhine, dans l'ouest de la Birmanie, contraignant à l'exode de nombreux Rohingyas, minorité musulmane et apatride dans un pays très majoritairement bouddhiste. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a fait part hier de sa «profonde préoccupation» au sujet de la situation de la minorité musulmane de Birmanie lors d'un entretien téléphonique avec la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi. «Le monde entier, à commencer par les pays musulmans, est profondément préoccupé par la multiplication des violations des droits de l'Homme contre les musulmans de Rakhine», a déclaré M. Erdogan à Mme Suu Kyi, selon des sources à la présidence turque. Le mois dernier, des violences ont éclaté dans la région pauvre et reculée de l'Etat Rakhine, dans l'ouest de la Birmanie, coûtant la vie à des centaines de victimes abattues ou torturées à mort par les troupes birmanes et contraignant à l'exode des dizaines de milliers de Rohingyas, minorité musulmane et apatride dans un pays très majoritairement bouddhiste. Cette nouvelle flambée de violence a éclaté le 25 août après l'attaque de plusieurs postes de police par les rebelles de l'Arakan Rohingya Salvation Army (Arsa), qui dit vouloir défendre les droits bafoués des Rohingyas. En réaction à ces attaques, l'armée birmane a lancé une vaste opération dans l'Etat Rakhine, tuant 400 «terroristes» selon elle et poussant des dizaines de milliers de civils sur les routes, au risque d'une crise humanitaire. Sur la scène internationale, l'ex-dissidente birmane Aung San Suu Kyi, aujourd'hui de facto à la tête du gouvernement birman, a été vivement critiquée, notamment par la prix Nobel de la paix pakistanaise Malala Yousafzai. M. Erdogan, qui avait qualifié la semaine dernière de «génocide» les violences actuelles, a déclaré à Mme Suu Kyi qu'il «condamnait aussi bien le terrorisme que les opérations (militaires) contre des civils innocents», selon des sources à la présidence turque. Le président turc s'intéresse de près au sort des communautés musulmanes à travers le monde. Par ailleurs, l'agence de presse progouvernementale turque Anadolu a rapporté hier que le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu se rendrait aujourd'hui même au Bangladesh où plus de 125 000 Rohingyas se sont réfugiés, selon l'ONU, depuis le début de la crise il y a une dizaine de jours. En une seule journée, 37 000 sont arrivés au Bengladesh. L'initiative d'Erdogan est d'autant plus remarquable que la communauté islamique à travers le monde, qui célébrait l'Aid al Adha voici quatre jours à peine, demeure à ce jour silencieuse sur cette question comme elle l'est d'ailleurs sur celle du peuple palestinien dans les territoires occupés par l'Etat sioniste.