L'exode forcé a atteint 50% de la population musulmane Dans une déclaration sans ambiguïté, le chef de l'armée birmane a affirmé que les ́ ́Rohingyas ne font pas partie de l'histoire du pays ́ ́. Et la diplomatie birmane, dirigée par Aung San Suu Kyi, a maintenu lundi soir son soutien à l'armée dont les exactions se poursuivent. L'ONU, qui a dénoncé un ́ ́nettoyage ethnique ́ ́, va réunir aujourd'hui son Conseil de sécurité afin de discuter de la crise des Rohingyas dont plus de 310.000 se sont réfugiés au Bangladesh depuis fin août pour fuir les violences en Birmanie. A la frontière, les organisations internationales peinent à prendre en charge un tel afflux de réfugiés: malades, blessés pour certains, affaiblis et affamés, ils arrivent complètement démunis dans une zone où les camps sont déjà surpeuplés. ́ ́Avant cette dernière crise, les ONG travaillaient déjà sur le terrain, mais l'afflux a submergé les services en place ́ ́, a expliqué Robert Watkins, le coordonnateur des Nations unies au Bangladesh, ajoutant que la ́ ́vague de réfugiés ne semblaient pas faiblir ́ ́. A la demande du Royaume-Uni et de la Suède, le Conseil de sécurité de l'ONU a donc décidé de se réunir pour évoquer ce dossier malgré la résistance de la Chine, principal partenaire économique de la Birmanie. Hier, Pékin a réitéré son ́ ́soutien ́ ́ à la Birmanie et aux ́ ́efforts ́ ́ des autorités birmanes pour ́ ́préserver la stabilité ́ ́ dans l'ouest du pays. ́ ́Nous pensons que la communauté internationale devrait soutenir les efforts de la Birmanie pour préserver la stabilité de son développement national ́ ́, a dit le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Zeid Ra'ad Al Hussein, avait estimé lundi que ́ ́la situation semble être un exemple classique de nettoyage ethnique ́ ́. ́ ́Nous avons reçu de multiples rapports et des images satellites montrant des forces de sécurité et des milices locales brûlant des villages rohingyas, et des informations cohérentes faisant état d'exécutions extrajudiciaires, y compris de tirs sur des civils en fuite ́ ́, avait-il déclaré. Cette nouvelle flambée de violences, dans une région souvent en proie aux troubles, a commencé fin août avec des attaques de rebelles rohingyas contre la police birmane, qui ont déclenché une répression de l'armée. Bilan, plus de 400 morts, la plupart rohingyas, selon l'armée, l'ONU évoquant plus de 1.000. Les rebelles ont déclaré dimanche un cessez-le-feu unilatéral d'un mois, mais le gouvernement birman a répondu qu'il ne négociait pas avec des ́ ́terroristes ́ ́. La Première ministre bangladaise, Sheikh Hasina, en visite dans les camps hier, a affirmé dans la nuit devant les députés que c'était à la Birmanie de ́ ́résoudre ́ ́ cette crise. ́ ́Les Rohingyas sont des citoyens birmans. Ils se voient retirer leur citoyenneté par phase et sont forcés de quitter le pays ́ ́, a-t-elle déclaré. Traités comme des étrangers en Birmanie, un pays à plus de 90% bouddhiste, les Rohingyas sont apatrides même si certains vivent dans le pays depuis des générations. Ils sont victimes de multiples discriminations - travail forcé, extorsion, restrictions à la liberté de mouvement, règles de mariage injustes et confiscation des terres. ́ ́J'appelle le gouvernement à mettre un terme à son opération militaire cruelle ́ ́ et aux ́ ́discriminations généralisées ́ ́ dont souffrent les Rohingyas, et enquêter sur ́ ́toutes les violations ́ ́, a dit M. Zeid. Mais dans une déclaration sans ambiguïté, le chef de l'armée birmane a affirmé que les ́ ́«Rohingyas» ne font pas partie de l'histoire du pays ́ ́. Et la diplomatie birmane, dirigée par Aung San Suu Kyi, a maintenu lundi soir son soutien à l'armée: elle a assuré que ́ ́les forces de sécurité ont reçu pour instructions ́ ́ d' ́ ́éviter des dommages collatéraux et que des civils innocents soient blessés lors de leur mission légitime de restauration de l'ordre ́ ́. La prix Nobel de la paix est très critiquée sur la scène internationale pour sa retenue et sa froideur sur ce sujet. D'autres prix Nobel de la paix, Malala Yousafzai et l'archevêque sud-africain Desmond Tutu puis le dalaï lama, leader spirituel des Tibétains, admiré par Aung San Suu Kyi, l'ont appelée à intervenir dans cette crise. La tâche d'Aung San Suu Kyi est compliquée par la montée des bouddhistes extrémistes ces dernières années et par la grande autonomie de l'armée birmane, qui reste toute puissante dans cette zone de conflit. Dimanche soir, la police a dû intervenir dans le centre du pays pour disperser une foule de 400 personnes jetant des pierres sur une boucherie musulmane, premières violences intercommunautaires suscitées par les attaques de la rébellion musulmane rohingya fin août. En 2012, de violents affrontements avaient éclaté dans le pays entre bouddhistes et musulmans faisant près de 200 morts, principalement des musulmans. Les violences anti-musulmans étaient alors souvent parties de foules bouddhistes en colère.