«Nous sommes fiers d'avoir une opposition qui enrichit le débat et la scène politique nationale. L'hôte du Parlement a tiré à boulets rouges sur ceux qu'il qualifie «de professionnels de l'opposition». Il a fait une réaction musclée. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a fortement tancé l'opposition. Lors de sa réponse aux préoccupations des députés jeudi dernier au terme du vote du plan d'action du gouvernement, l'hôte du Parlement a tiré à boulets rouges sur ceux qu'il qualifie «professionnels de l'opposition». Très irrité par les critiques et les attaques violentes de certains élus représentant cette tendance politique, le Premier ministre a pris soigneusement le temps de répliquer. «Nous sommes fiers d'avoir une opposition qui enrichit le débat et la scène politique nationale. Nous disons à cette opposition civilisée que nous allons tenir compte de ses remarques, ses craintes et ses propositions», a-t-il déclaré avant de lancer ses tirs. «Nous avons également écouté les professionnels de l'opposition qui ont usé d'un langage des plus durs, qualifiant le système de 'maffieux'' et l'Etat de 'voyou''. Et donc, dans le cadre de la démocratie, 'je vais m'exprimer également''», a affirmé Ouyahia devant une forte assistance. Faisant allusion au RCD, le Premier ministre a rappelé que «le peuple algérien n'a pas oublié l'absence de ces gens-là dans la bataille pour la démocratie. Ils ont été sollicités par le passé pour participer à un dialogue et ils ont dit qu'ils ne participeraient pas et qu'ils ne s'assiéraient pas avec certains, et ils sont aujourd'hui devenus les alliés'' de ces gens-là». Ce n'est pas tout. Très méthodique dans son attaque, le Premier ministre a affirmé que «les militants pour l'amazighité n'ont pas oublié votre absence lorsque le président de la République avait soumis à l'APN une proposition pour consacrer tamazight comme langue nationale. Ces militants pour l'amazighité n'ont pas oublié que vous étiez absents quand tamazight a été consacrée langue officielle». Des rappels qui pèsent lourd pour l'opinion publique. Ahmed Ouyahia ne s'est pas arrêté là pour mettre en exergue les démissions collectives des militants de ce parti. «Le peuple vous regarde et il nous suffit de voir comment vos militants vous quittent et quittent votre radicalisme inutile», a-t-il asséné avec un sourire en coin. Ouyahia qui a qualifié la situation économique d'«enfer» pour interpeller l'opposition sur la gravité de la crise a provoqué des réactions des élus du RCD qui ont accusé le gouvernement d'être responsable de cette situation. Imperturbable, Ouyahia interrompe son discours pour quelques minutes histoire de relancer les tirs. «Vous êtes les premiers quand il s'agit de dépenses. L'époque de l'hypocrisie politique est finie, le peuple ne vous écoute pas», a-t-il dit en poursuivant son discours. Le MSP n'a pas été épargné. Dans son réquisitoire, le Premier ministre a également répondu à l'aile radicale du Mouvement de la société pour la paix. «Aujourd'hui, une partie de cette famille politique ne sait plus ce qu'elle veut. Elle ne sait pas si elle veut une révolution ou le dialogue. Elle se soucie du sort du peuple à la veille d'une échéance électorale et elle prive l'Etat de ses moyens pour subvenir aux besoins de ce même peuple. A ces gens-là aussi, je dirai que le peuple vous regarde», a martelé Ahmed Ouyahia tout en rappelant l'engagement et le parcours du chef charismatique du parti, feu Mahfoud Nahnah. Selon lui, le parti a perdu ses repères après la disparition de son chef charismatique, nationaliste qui a placé l'Algérie au-dessus de ses intérêts personnels. «Un grand chef politique qui a dit que l'Algérie appartient à tout le monde et elle doit être construite par tout le monde», a-t-il souligné à titre de témoignage sur Mahfoud Nahnah. L'hôte des députés a également réservé ses tirs à l'ancien ministre du Commerce, Noureddine Boukhrouh qui fait partie; selon lui, des «professionnels de l'opposition». «Certains autres professionnels de l'opposition, qui sont en dehors de cette auguste assemblée, attendaient impatiemment que l'Etat s'effondre. Parmi eux, une personne qui apparaît en Algérie comme une éclipse solaire, sait que le peuple qu'il a traité de «ghachi (populace)» ne l'écoute pas. Il cherche donc que l'Etat le punisse et fasse de lui un zaïm. L'Etat n'entend pas parler de lui», a assuré le Premier ministre, une déclaration vivement applaudie par les partis de la majorité. Interrogé sur sa réplique à l'opposition, lors d'un point de presse tenu après l'adoption du plan d'action, Ouyahia a expliqué qu'il est de son droit de répondre. «Nous avons été traités de mafia! Nous avons été traités de voyous! La moindre des choses est de répondre. La démocratie, c'est le droit à la parole pour chacun. Nous avons été invités par d'autres à partir», a-t-il précisé en guise de mettre un terme à la polémique. Justifiant son attitude, le Premier ministre s'explique ainsi: «Je n'ai pas l'habitude, quand je prends une gifle sur ma joue droite, de tendre la joue gauche.» Lors de sa réponse, Ahmed Ouyahia a vivement salué les partis de la majorité pour leur soutien au plan d'action du gouvernement et à la démarche du gouvernement. Enfin, le plan d'action est passé comme une lettre à la poste lors de la séance de vote. Hormis ceux de l'opposition qui ont opté pour le rejet et l'abstention, les autres ont tous applaudi le plan d'action.